Comment les pharmaciens hospitaliers contribuent-ils à la gestion des traitements anticancéreux ? Tel était l'objet de la seconde partie du webinar de la FIP qui s'est tenu début mars.
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Josep Guiu, pharmacien hospitalier (Barcelone), a souligné le rôle du pharmacien hospitalier en oncologie : " En tant que maillons dans l'équipe de soins, ils occupent une position idéale pour fournir une éducation ciblée aux patients et des outils pour améliorer la compliance thérapeutique à des schémas de traitement compliqués. Ils interviennent également souvent dans les processus de développement des médicaments et des recherches cliniques ". Ceci suppose une spécialisation spécifique. Le Board of Pharmacy Specialties (BPS) donne des formations et certifie des pharmaciens en oncologie qui peuvent recommander, concevoir, implémenter, surveiller et modifier les schémas pharmacothérapeutiques pour optimiser les traitements. En contexte oncologique, certaines interventions sont spécifiques au médicament : prévention et surveillance des effets indésirables, soutien à l'administration, la prémédication et l'hydratation, ajout et arrêt de médicaments, adaptation de la dose, surveillance de la médication, de la pharmacocinétique et du laboratoire, switch des formulations intraveineuses vers les formes orales, réconciliation médicamenteuse et allergie, éducation des patients et veille de la compliance. D'autres pratiques concernent les soins de soutien : suivi de la chimiothérapie, gestion de la douleur et des traitements chroniques, support hématologique (anémie EPO/non EPO, facteur stimulant les colonies de granulocytes, anticoagulants), des effets secondaires gastro-intestinaux, cutanés (extra- vasation, syndrome main-pied, rash maculopapuleux...), des infections et antibiotiques (immunisation), de la nutrition parentérale et des soins palliatifs, et des agents chimioprotecteurs (développement, dosage). L'European Society of Oncology Pharmacy (ESOP) donne des standards élevés pour la pratique et la recherche en pharmacie oncologique : achats des produits, préparation et délivrance des médicaments, information et conseils, solutions informatiques, assurance qualité et recommandations, formation continue et recherche. Autre question cruciale : celle de la gestion des produits dangereux. " Il faut repenser les installations hospitalières, le circuit de confinement, de préparation et d'administration des médicaments et l'élimination des déchets, les équipes multidisciplinaires avec des infirmières et techniciens en prévention des risques professionnels, et la mise en oeuvre de dispositifs en systèmes fermés ", précise-t-il. Par ailleurs, depuis quelques années, un nouveau rôle s'offre aux pharmaciens hospitaliers pour gérer les thérapies cellulaires (CAR-T...) et géniques (adénovirus). Ces thérapies avancées exigent de nouvelles compétences et nécessitent des formations spécifiques. Quelles sont les pistes d'amélioration ? " Il faut garantir l'accès aux médicaments et aux innovations ; rendre les anticancéreux abordables ; résoudre les pénuries de médicaments et le problème des médicaments sub-standards et falsifiés ; assurer la qualité des médicaments dans le monde et une couverture maladie universelle, la durabilité des systèmes de santé en oncologie, l'utilisation responsable des médicaments, des stratégies de prévention collaboratives et des soins de santé intégrés ", conclut Josep Guiu.