Tandis que nous mettions la dernière main à cette édition, le Comité de Concertation se réunissait pour discuter de nouveaux assouplissements. Les débats ont débouché sur un vaste plan plein air, avec notamment la réouverture des terrasses, la suppression du couvre-feu et la levée de l'interdiction pour les voyages non essentiels.
La perspective d'un été "normal" commence-t-elle à se rapprocher? La liberté tant attendue est-elle à nos portes? Et si oui, à quoi ressemblera-t-elle? Allons-nous immédiatement sauter dans un avion pour nous envoler au bout du monde ou nous contenterons-nous de vacances au pays avec tous ces proches dont nous avons si longtemps dû nous passer?
Tout ou presque va toutefois dépendre de la cadence de la campagne de vaccination au cours des semaines et des mois à venir - et les choses avancent, malgré les modifications successives apportées à la stratégie! Le nombre de personnes qui ont déjà reçu leur première dose ne cesse d'augmenter.
En parallèle se pose la question de savoir si ces vaccinés de plus en plus nombreux ne pourraient pas déjà, avant les autres, être autorisés à retrouver certaines libertés - bénéficier de privilèges vaccinaux, si vous voulez. Le pèlerinage à La Mecque en est un bon exemple: au début du ramadan, seuls les musulmans considérés comme immunisés contre le coronavirus (parce qu'ils avaient été vaccinés ou qu'ils avaient eu l'infection) ont eu le droit d'effectuer les traditionnels tours autour de la Kaaba. Si l'on transpose ce principe à notre pays, les grands-parents vaccinés pourraient-ils par exemple à nouveau être autorisés à garder leurs petits-enfants? Voire à aller au théâtre ou au restaurant, ou serait-ce une forme de discrimination vis-à-vis de ceux qui attendent encore leur vaccin? L'exercice de réflexion n'est pas simple, mais personnellement, je le leur souhaite de tout coeur.
En pleine pandémie, il n'est pas évident que la liberté individuelle puisse vraiment être considérée comme le bien suprême
C'est sans doute compter sans les jeunes protestataires que l'on a vus, ces dernières semaines, réclamer leur "liberté" à grands coups de rassemblements de masse et de fêtes sauvages, au point que la police a été contrainte à des interventions musclées. Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit: je ne comprends évidemment que trop bien la situation de ces jeunes, mais pour le coup, la fin ne justifie vraiment pas les moyens. En pleine pandémie, il n'est d'ailleurs absolument pas évident que cette fin - la liberté individuelle d'aller et de venir, quand on veut, où on veut et avec qui on veut - puisse vraiment être considérée comme le bien suprême. Notre liberté a ses limites et s'arrête, comme le dit la maxime, là ou commence celle des autres. Respecter ces limites est un signe de respect pour chacun dans notre société, aujourd'hui plus que jamais.
Bref, efforçons-nous tous ensemble de serrer encore un peu les dents et de respecter les mesures dans l'intérêt des jeunes et des moins jeunes. En tant que pharmaciens, votre tâche d'information et de sensibilisation reste aussi fondamentale qu'au début de la pandémie... mais le bout du tunnel est en vue!