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Al'échelle internationale, l'épuisement professionnel chez les professionnels de la santé prend des formes épidémiques, comme chez d'autres groupes professionnels. Le diagnostic a non seulement un impact sur le prestataire de soins mais aussi sur les soins et la sécurité envers les patients. Presque toutes les études internationales sur le burn-out concernent les médecins et les infirmières. Jusque récemment, les pharmaciens n'étaient pas pris en considération. Cela change aujourd'hui, lentement mais sûrement.Quels sont les chiffres et les statistiques disponibles sur le burn-out chez les pharmaciens ? D'après une étude américaine de 2014, deux tiers des pharmaciens avancent une charge de travail 'élevée' à 'excessivement élevée'. Environ 45% pensent que cette charge a un impact négatif sur leur santé émotionnelle et mentale. Le sous-groupe le plus vulnérable semble être les pharmaciens d'officine.Stressantes données ?Les facteurs pouvant provoquer le burn-out chez les médecins et les infirmières vont aussi affecter les pharmaciens. Un des effets pervers de la numérisation et du partage de données entre les prestataires de soins est le stress que ces derniers rencontrent lors de la mise à jour des dossiers et l'enregistrement massif de données administratives et médicales. Pourtant, cela devrait alléger leur travail. Les médecins ressentent cette tendance comme particulièrement stressante. A l'heure actuelle, les pharmaciens semblent maîtriser leurs dossiers pharmaceutiques mais s'ils doivent prendre en compte davantage de données cliniques dans le cadre de soins pharmaceutiques, le déclenchement de plus de burn-outs suite au partage intensif de données n'est qu'une question de temps. Outre ces facteurs de charge de travail excessive et de stress lié à l'administration numérique, d'autres déclencheurs jouent un rôle dans l'épuisement professionnel des pharmaciens. Tant ceux qui travaillent comme employés que ceux qui exploitent une officine sont plus préoccupés par leurs appointements financiers et l'avenir que d'autres professions (para)médicales. Ils ressentent la pression croissante sur les coûts opérationnels et la baisse constante des prix des médicaments. Par ailleurs, bien que les pharmaciens cliniciens et d'officine se réunissent dans des organisations professionnelles dans la plupart des pays, ils ressentent moins le sentiment de communauté que d'autres prestataires de soins qui travaillent par exemple ensemble dans un hôpital. Un pharmacien d'officine est souvent seul, avancent ceux qui souffrent de burn-out. Nombreux sont aussi mécontents de leur poste de travail. Cette remarque viendrait principalement des pharmaciens cliniciens qui doivent souvent travailler dans des locaux de stockage froids, mais l'agencement non-efficient et/ou non adapté de la pharmacie d'officine suscite aussi du mécontentement chez ceux qui y travaillent.Et les patients ?Les trois quarts de la population américaine s'inquiètent de leur médecin/pharmacien et estiment que les prestataires de soins doivent penser à eux. La moitié déclare ne pas vouloir poser une question difficile à un professionnel pour ne pas augmenter inutilement son stress. Quoi qu'il en soit, il est clair que dans l'intérêt des pharmaciens et des patients, des études supplémentaires s'avèrent utiles pour mieux caractériser le problème du burn-out chez les pharmaciens.