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En effet, elle observera des modifications de comportement : prostration, agitation, changements d'humeur, tendance à s'isoler, des modifications de postures ; suppression d'appui sur un des membres, port de tête et/ou d'oreilles différents, boiteries ; des plaintes, des gémissements, des grognements, des réactions de défense ou d'agressivité lors de la manipulation de la zone douloureuse...Si la douleur est chronique, elle est plus difficile à déceler. En effet, les conséquences apparaissent petit à petit mais on peut quand même noter des modifications inquiétantes : perte de poids, perte d'appétit, désintérêt pour le jeu, troubles du sommeil...Le premier réflexe serait alors de soulager l'animal et céder à la tentation d'ouvrir l'armoire à médicaments de la maison peut s'avérer être une grossière erreur.Nos animaux peuvent-ils prendre les mêmes médicaments que nous ?Traitement de première intention contre la douleur humaine, le paracétamol ou acétaminophène peut provoquer des catastrophes chez l'animal.En effet, cette molécule est toxique pour les chiens et chats car ils ne possèdent pas le même métabolisme que l'homme. De fait, chez l'être humain, cette molécule est éliminée par le foie par un mécanisme de détoxification, la glucuronoconjugaison, processus au cours duquel la molécule est conjuguée à de l'acide glucuronique en vue de son élimination, sous l'influence d'enzymes spécifiques. Or le chat ne possède pas l'enzyme nécessaire et elle est peu présente chez le chien.Par conséquent, le paracétamol s'accumule dans le foie où il détruit les cellules hépatiques et ensuite atteint le sang où il modifie l'hémoglobine en méthémoglobine, ce qui affecte sérieusement le transport d'oxygène.Chez le chat, la moindre absorption est dangereuse et peut entraîner la mort en quelques heures ! Il ne faut donc jamais donner de paracétamol à un chat.Le chien peut supporter de petites doses mais reste très sensible, surtout s'il est de petite taille. Le paracétamol reste fortement déconseillé chez le chien et ne pourra être administré que sous les conseils d'un vétérinaire et surtout pas en cas de problèmes hépatiques.Les symptômes d'intoxication sont les suivants : vomissements et salivation, troubles sanguins (couleur brune du sang, jaunisse, anémie hémolytique), et enfin défaillance majeure du foie, oedèmes, troubles de la coordination, convulsions, hypothermie et mort.Ces situations peuvent également arriver par accident lorsque l'animal a absorbé des comprimés qui étaient à sa portée.En cas d'intoxication au paracétamol, il est donc primordial d'appeler le vétérinaire et d'agir rapidement. Bien qu'il existe des antidotes (N-acétyl-cystéine), ceux-ci ne suffisent pas toujours et il est fréquent de devoir hospitaliser l'animal.Ces molécules sont également responsables d'intoxications fréquentes chez les chiens et chats. Elles possèdent les mêmes mécanismes d'action : elles bloquent des enzymes (les cyclo-oxygénases) qui interviennent dans la fabrication des prostaglandines qui jouent un rôle dans le processus inflammatoire.Pour rappel, les prostaglandines sont des molécules qui interviennent dans une multitude de réactions de l'organisme dont la douleur. Cependant, ces cyclo-oxygénases (COX) permettent la fabrication de prostaglandines (PG) qui interviennent de deux façons différentes. Les COX-1 permettent la libération de PG qui agissent sur la protection de l'estomac et de l'intestin, la circulation du sang dans les reins et sur les plaquettes et enfin, les COX-2 libèrent des PG qui activent l'inflammation.L'aspirine et l'ibuprofène ayant une action anti-inflammatoire non sélective bloquent la fabrication de ces 2 types de PG et donc la protection anti-acide de l'estomac est stoppée, et la circulation du sang dans les reins est diminuée. A cela s'ajoute une action anti-plaquettaire.Les doses qui engendrent ces effets secondaires étant beaucoup plus faibles chez les chats et chiens que chez l'homme, ces médicaments ne doivent pas être donnés aux chiens, et encore moins aux chats qui y sont plus sensibles, sans les conseils du vétérinaires. Parfois, l'aspirine est prescrite pour fluidifier le sang mais cela doit être fait avec la plus grande prudence.Les symptômes d'intoxication sont la conséquence des mécanismes évoqués : perte d'appétit, vomissement et diarrhée, hémorragies digestives, douleurs abdominales, hémorragies plus générales, problèmes respiratoires et si l'intoxication est importante ou persiste, atteintes rénales et hépatiques, atteinte du système nerveux central et décès de l'animal.Ici, il n'y a pas d'antidote, c'est une urgence vitale !Il est important de rappeler aux propriétaires de chiens et chats de ne pas laisser traîner de médicaments et de ne pas pratiquer l'automédication pour leurs animaux car ils ont des métabolismes différents du nôtre.Que faut-il donner à l'animal qui souffre ? La douleur chez l'animal nécessite une consultation chez le vétérinaire. Il existe une panoplie de molécules qui ne sont pas nécessairement utilisées en médecine humaine qui peuvent venir à la rescousse.Ainsi, dans la classe des anti-inflammatoires, le méloxicam (un anti-inflammatoire sélectif COX-2) peut être utilisé chez le chien et chez le chat. Mais il existe également d'autres molécules dans cette catégorie qui seront utilisées avec bonheur.Sinon, on peut citer de manière non exhaustive d'autres molécules actives sur l'inflammation et la douleur qui sont utilisées en médecine vétérinaire : le kétoprofène (également en médecine humaine), le carprofène, l'acide tolfénamique, la flunixine meglumine, et en pré- ou post-opératoire certains analgésiques morphiniques.