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Situé en bordure d'Eindhoven, au coeur du Brabant hollandais, Nuenen fut durant deux années le refuge de Vincent van Gogh, qui, alors dans sa trentième année, revient piteusement sonner à la porte de ses parents, son père étant pasteur d'une petite communauté protestante dans ce bastion catholique qu'est restée cette province de Hollande du Sud.Sa carrière de prédicateur, notamment à Bruxelles et dans le Borinage, s'étant révélée un fiasco, Vincent s'installe dans une partie de l'habitation de son pasteur de père, y vit quatre mois dans une petite pièce conservée en l'état durant l'hiver 1882-83 avant d'installer son atelier dans le village et ne revenir chez ses parents que pour y manger et dormir. Malgré les disputes incessantes, c'est la mort de son père en 1885 le pousse à quitter Nuenen pour partir à Anvers suivre les cours de l'académie.Pourtant, c'est ici que sa technique s'affirme, qu'il peint Les mangeurs de pommes de terre, affine sa technique du paysage, des visages et des mains de ses paysans rudes qui le prennent pour un fou désoeuvré en le voyant déambuler son chevalet à la main au milieu des champs.C'est aussi à Nuenen que Vincent connut l'amour avec Margot Begemann, une des filles des voisins de son père. Jalouses, ses trois autres soeurs, vieilles célibataires, la harcèlent, la pousse au suicide et tentent de l'empoisonner à la strychnine : Vincent la sauve en la faisant vomir. Mais Margot est obligée de quitter le village afin de se remettre de la sévère dépression qui s'en suit.La maison des parents de Margot devint un petit musée, Nune Ville (Nune est le nom français de la cité) et existe toujours, comme la maison du pasteur et bien sûr des maisons de paysans autour de l'église croquée par van Gogh. A Nuenen, il fera surtout des dessins avant son départ pour Anvers et puis le Sud : reste encore les statues récentes qui évoquent son souvenir et un musée hightech qui, sur deux étages et sans oeuvres originales, reconstitue l'histoire de Vincent, son périple avant de revenir chez ses parents, évoquant ensuite notamment par des reconstitutions filmées son apprentissage pictural au milieu d'une populace qui, pourtant, s'en méfiait.Seules oeuvres authentiques parmi les souvenirs de Margot, l'évocation de la descendance, les tableaux des élèves dont Vincent se chargea durant son séjour dans le bourg : Willem van de Wakker, Anton Kerssemakers, Dimmen Gestel ou Antoon Hermans. Chez chacun, l'on trouve une trace de l'influence du van Gogh d'alors.En quittant le musée et la ville (qui propose un parcours évoquant les oeuvres peintes par l'artiste in situ), le visiteur ne peut qu'être étonné de la façon dont nos voisins du Nord parviennent à donner une telle ampleur à une période artistique ou un héritage qui ne se résume au départ finalement à pas grand-chose. Un peu comme la Heineken qui elle n'a rien d'authentique, mais qu'ils vendent très bien, bien mieux que les bières belges, pourtant plus goûteuses.Autre plongée et remontrée dans la vie et l'oeuvre de van Gogh à Etten-Leur, toujours en Brabant, où le père de van Gogh était pasteur depuis 1865 lorsque Vincent revient de son échec en tant que marchand d'art et prédicateur en Belgique. Il n'y reste que quatre mois, y a la révélation de devenir artiste, et s'inscrit même sur le registre communal en tant que tel en 1881, des dessins en attestent.Hélas, l'ancienne église protestante qui sert de petit musée, est en effet un " temple " du kitsch, avec ses vitraux van Gogh, ses portraits photographiques de locaux " à la manière de " (période Arles), des panneaux explications des reproductions d'oeuvres de jeunesse exécutés sur place. Une révélation d'artiste, certes, mais illustrée par des artefacts...Remontant plus avant dans la courte existence de Vincent, le village de Zundert, aux marches des Pays-Bas et lieu de naissance du peintre. Située à quelques kilomètres de la Belgique, cette petite commune vit venir s'établir la famille van Gogh, dépêchée sur les lieux à la Révolution belge, où la troupe hollandaise avait reflué après les dix jours de combats : le roi Guillaume craignant que le Brabant majoritairement catholique ne choisisse de se rattacher à la Belgique, envoya des pasteurs protestants dans le but de convertir les Brabançons.Zundert, seul endroit où Vincent vécut avec Théo, lieu synonyme d'enfance, est marqué par une statue de Jossip Zadkine dédiée aux deux frères. Il ne reste hélas rien de la maison natale détruite en 1903 car insalubre... et reconstruite à l'identique un an plus tard : enfin si, un musée dernier cri y a pris la place et propose une redécouverte interactive de l'enfance du peintre au travers de son univers familial, de son environnement, notamment la très belle campagne environnante : des extraits de lettres de Vincent à son frère ponctuent les photos, images de l'époque et des lieux.Authentiques cette fois, des oeuvres, dessins et photos, de Marlène Dumas, Zadkine encore, Ronny Delrue ou Fred Bervoets rendent hommage à la figure du génie hollandais. Des expos temporaires viennent compléter ce tableau, ou plutôt cette esquisse, celle de Suze Robertson et Marenne Welten, ainsi qu'une autre en partenariat avec le musée de Bréda à propos du village d'artistes voisin de Dongen où séjourna notamment Jozef Israëls dont Les mangeurs de pomme de terre en 1882 inspirera Van Gogh dans sa description de la même thématique trois ans plus tard.Au-delà des murs du musée, une promenade balisée invite à se mettre dans les pas de l'enfant Vincent.L'épilogue d'un parcours Brabant... pas barbant.