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Une population de 148 personnes souffrant de surpoids ou d'obésité a été répartie en deux groupes. Le premier (n = 73) a suivi un régime végan faible en graisses, l'autre (n = 75) poursuivant son régime alimentaire habituel. Les patients, tous dans leur cinquantaine, avec un IMC moyen de 33kg/m2. Conformément à la règle, les groupes des végans n'ont consommé aucun produit animal, mais bien des légumes, des fruits, des noix et des céréales complètes. Aucun des deux groupes n'a par contre été restreint au niveau des calories ingérées.Après 16 semaines, le poids des végans avait significativement diminué par rapport aux mangeurs "classiques". Cette perte, de 5,8kg (p<0,001) très exactement, s'explique surtout par une chute du volume graisseux de 3,9kg (p<0,001). L'étude, émanant du Physicians Committee for Responsible Medicine (PCRM) américain, qui promeut la consommation de nourriture végétale, a été présentée au dernier congrès de la European Society for the Study of Diabetes (EASD).Il est quand même assez étonnant que, dans cette affaire, la prise de calories n'ait pas été strictement contrôlée. Les végans ne se limitent-ils pas spontanément, se sachant sujets d'une expérience? Mangeaient-ils cette nourriture inhabituelle (et peut-être moins alléchante) avec le même appétit?Selon la chercheuse du PCRM Hana Kahleova, la question n'est, depuis longtemps, plus de savoir si le régime végan fait maigrir, mais bien pourquoi il en est ainsi, sans devoir prendre en compte les calories consommées. Elle se réfère ainsi aux résultats de précédentes études, qui montrent qu'à même quantité de calories, la perte de poids est deux fois plus grande avec la nourriture végétale que non végétale.L'équipe a aussi mis en lumière un changement dans la flore intestinale chez les végans par rapport aux mangeurs classiques, du fait de la présence accrue de la bactérie Faecalibacterium prausnitzii. Celle-ci produit des acides gras à chaînes courtes, auxquels on prête des vertus diverses, plus précisément pour le coeur et les vaisseaux sanguins, mais aussi au niveau de la sensibilité à l'insuline et du système immunitaire. Une sensibilité à l'insuline en augmentation a en effet été mesurée chez les végans de l'étude. " Faecalibacterium prausnitzii se retrouve dans une moindre mesure dans la flore intestinale des patients diabétiques. La bactérie joue ici un rôle dans l'inflammation et la résistance à l'insuline", constate le Dr Kahleova.Des études antérieures ont déjà permis de découvrir que certaines bactéries intestinales avaient un effet sur les facteurs métaboliques, comme la sensibilité à l'insuline et l'appétit. Des études à plus grande échelle sont prévues à l'avenir. Le PCRM prépare ainsi une étude comparative avec d'autres types d'alimentation.Le Dr Emma Elvin de Diabetes UK souhaiterait toutefois voir davantage de recherches fleurir sur le sujet, et en appelle à la plus grande prudence. "La nourriture végan repose sur des aliments sains", rappelle-t-elle, "mais cela ne signifie en aucun cas que n'importe quel régime végan est sain." Nous savons déjà qu'une alimentation strictement végétale peut provoquer une carence en vitamine B12. Un détail d'importance, en particulier pour les patients qui prennent de la metformine (qui peut faire baisser le taux de B12 dans le corps) et les personnes âgées. Les compléments semblent ici tout indiqués.