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" La première chose, c'est que les pharmaciens sont restés en première ligne, alors que les autres prestataires se débinaient. Nous sommes restés ouverts alors qu'en tant que citoyen et qu'en tant que pharmacien, on avait l'impression qu'il n'y avait personne à la barre. Si les prestataires de soins n'avaient pas été là et n'avaient pas pris des initiatives, on se demanderait encore où trouver des masques... Là, je rejoins tout à fait mes confrères, dans la gestion des masques, des gels, etc., ça a vraiment été du grand n'importe quoi ! ", estime Nicolas Echement, président de l'Association des Unions de Pharmaciens (AUP). " On a besoin de nous quand il n'y a plus de gel hydroalcoolique, etc. et, à partir du moment où d'autres prestataires - pour des raisons purement économiques - ont aussi la possibilité d'en offrir, tout se libéralise. Cet épisode-là était très violent et pas correct ". Nicolas Echement confirme également le sentiment des pharmaciens d'avoir été complètement oubliés par les autorités. " Mais nous ne sommes pas les seuls parce que quand on en parle à la PPLW qui regroupe les prestataires de première ligne en Wallonie, on se rend compte que cela a été aussi une catastrophe pour les infirmiers alors qu'ils étaient en contact direct avec les patients potentiellement infectés. Heureusement que nous avons des moyens et des structures qui ont pris les choses en main parce que si on avait dû attendre un soutien de l'État, on l'attendrait encore. Par exemple, les recommandations pour les pharmaciens de Sciensano sont apparues après celles pour les podologues ! C'était hallucinant, d'autant plus qu'elles ont été écrites par l'APB qui les a publiées sur son site. Pour des gestionnaires de crise, il est aberrant de ne pas avoir fait appel au terrain, ils ont cru pouvoir gérer cela seuls dans leur coin ". " On parle toujours des médecins, mais il y a tous les autres prestataires autour qui sont aussi essentiels à la sauvegarde de la santé publique et qui ont été complètement oubliés. Je me suis retrouvé dans la première réunion avec la ministre Christie Morreale, parce qu'un médecin s'était demandé si on n'inviterait pas un pharmacien... ", constate-t-il. Le président de l'AUP se dit malgré tout confiant dans l'avenir : " Aussi bien au niveau de l'APB, que de l'AUP, des pharmaciens ou de la PPLW, on va réfléchir et tirer les leçons de cette crise pour faire en sorte d'être prêt si une nouvelle épidémie survenait, avoir un vrai plan de gestion de crise, à l'inverse de ce qui s'est passé ici ". " Si on veut mettre en place quelque chose sur le terrain, il faut faire appel au terrain et discuter avec lui, continue-t-il. Ici, on distribue des masques de la Défense mais, franchement c'est un peu risible. Cela fait deux mois et demi qu'on est en crise et tout à coup quelqu'un se dit qu'il serait peut-être intéressant de distribuer des masques via les officines parce qu'elles couvrent tout le territoire. Heureusement qu'on n'a pas attendu Philippe Goffin pour distribuer des masques en officine et que certaines communes ont pris l'initiative d'utiliser ce canal pour rentrer le plus facilement possible en contact avec la population ! " " Des initiatives locales de distribution de masques via les pharmacies ont eu lieu un peu partout dans le pays. Et, avant que les masques ne soient disponibles en grandes surfaces, on avait déjà fait des propositions au Fédéral pour les distribuer à la population. De même pour les professionnels, on avait discuté avec la PPLW et on avait envoyé un courrier à la ministre Morreale, qui est resté lettre morte... ", se désole Nicolas Echement."*Enquête Hello Customer pour Labophar