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Chaque hiver, la presse internationale qui vient couvrir en Australie le premier tournoi de tennis de l'année en profite pour partager avec le monde des images d'une mer de feu qui ne manquent jamais de faire la une de l'actualité. Il n'en va pas autrement en ce début de nouvelle décennie, n'était que les chiffres sont cette fois particulièrement alarmants : plus de onze millions d'hectares ont déjà été ravagés par les flammes (soit la superficie de la Bulgarie ou trois fois celle de la Belgique) et plus d'un demi-million d'animaux et une trentaine de personnes y ont laissé la vie." Jusqu'ici, Brisbane et ses environs n'ont heureusement pas trop souffert, même si l'air est régulièrement saturé d'une fumée qui colore en rouge le soleil et la lune ", précise notre compatriote. Il ne fait toutefois aucun doute que les bushfires ont un impact funeste sur la qualité de l'air. " Nous voyons nettement plus de problèmes d'asthme et d'infections respiratoires ces jours-ci. Il est aussi beaucoup moins agréable de faire du sport dehors, à cause de la mauvaise qualité de l'air et de la chaleur. Les cancers de la peau aussi sont (toujours) plus fréquents ici. "Notre interlocuteur relativise néanmoins la situation. " Ma belle-famille exploite une ferme à Narrabri, en Nouvelle-Galles du Sud (à 600 km au sud de Yeronga et à 500 km au nord-ouest de Sydney), et cela fait quatre ans qu'ils n'ont plus rien pu récolter à cause de la sécheresse persistante et de la chaleur. Chez eux, il n'y a pas de feux de forêt, mais il n'y a plus rien qui pousse non plus. " Le feu n'a tout simplement plus rien à consumer...S'il parle de sa belle-famille, pouvons-nous en déduire qu'il s'est installé là-bas pour de bon ? " En effet. Après mes études et mon assistanat à Anvers, je rêvais d'aventure. J'ai posé deux candidatures et dès le lendemain, on m'appelait d'Australie en me demandant quand je pouvais commencer. Pourquoi l'Australie ? J'étais passionné de plongée et j'ai toujours été fan de la série ' Flying doctors'. C'est ainsi que je suis parti travailler comme locum pour l' Australian Medical Association (AMA) en 1999, à une époque où le pays était confronté à une forte pénurie médicale dans les zones isolées et recrutait donc tous azimuts en Europe et en Afrique du Sud. "Le Dr Bresseleers a d'abord travaillé dans plusieurs services des urgences du Queensland avant de devenir lui-même un Flying Doctor. " Nous traitions surtout des personnes victimes d'accidents de la route ou survenus dans des fermes isolées, que nous transportions à Rockhampton ou à Brisbane dans un avion Super King Air pour y être traités. Ensuite, j'ai effectué des remplacements pour des généralistes dans l'arrière-pays ( outback) par le biais du service de locums de l'AMA. C'est au cours d'un de ces remplacements, à Beaudesert (à une heure de route au sud de Brisbane et une heure de la côte ouest, ndlr), que j'ai rencontré ma future épouse. "" En tant que médecin étranger/belge, j'ai pu travailler ici pendant quatre ans en tant que temporary resident ", relate notre compatriote. " Pour y rester de façon permanente, je devais par contre obtenir les qualifications médicales nécessaires. J'avais une compagne, la vie me plaisait ; j'ai donc repris des études et j'ai même obtenu la nationalité australienne. "Il ne pouvait pas pour autant ouvrir un cabinet n'importe où. " Un médecin étranger est obligé de travailler pendant dix ans dans une zone de pénurie ( area of need) avant d'avoir le droit de s'installer en ville. En définitive, nous sommes restés 12 ans à Beaudesert (là où il avait rencontré son épouse, ndlr) où j'avais ouvert un cabinet. Mais cela reste la campagne : nous habitions dans une petite ferme au milieu des vaches, notre eau potable provenait de citernes, il n'y avait pas de collecte des déchets. Et en tant que médecin, on est amené à faire beaucoup plus de choses, tout simplement parce que tout est loin. "En 2012, la famille a fini par déménager dans la banlieue de Brisbane. " J'ai ouvert un nouveau cabinet à Yeronga, où nous sommes huit médecins de famille - un vrai cabinet de groupe, donc. " Dans ce contexte urbain, les soins de santé ne diffèrent guère de ce qu'ils sont en Belgique, ajoute-t-il " Dans les hôpitaux publics, il y a toutefois des listes d'attente interminables pour voir un spécialiste. Les personnes qui ont une assurance privée seront par contre aidées plus rapidement. "" Au cours des années que j'ai passées ici, j'ai observé que les Australiens s'adaptent plus facilement à de nouvelles situations. Ils sont résilients et voient la vie du bon côté. Quand je regarde autour de moi, je vois aussi que les panneaux solaires sont extrêmement populaires, que nous utilisons de meilleurs systèmes d'air conditionné, que nous essayons de consommer moins d'eau - en choisissant des plantes peu gourmandes à ce niveau, par exemple. Nous allons sans doute aussi avoir une nouvelle politique qui tient davantage compte du changement climatique, afin d'éviter à l'avenir de tels feux de forêt ", commente le médecin.Tim Bresseleers précise encore que la situation n'a pas provoqué jusqu'ici de difficultés d'approvisionnement en médicaments.