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Aux États-Unis, dans un contexte de prévalence croissante de la douleur chronique et de lutte contre l'épidémie d'opioïdes, une étude montre que l'utilisation des approches de santé complémentaires par les patients a presque doublé en vingt ans. La popularité de ces pratiques a incité des chercheurs du National Center for Complementary and Integrative Health (NCCIH) (1) à étudier la façon dont les patients y ont eu recours au fil du temps, et plus particulièrement pour la gestion de la douleur. Ils se sont basés sur les données de l'enquête nationale sur la santé (National Health Interview Survey) réalisée en 2002, 2012 et 2022, afin d'évaluer la fréquence et les motifs d'utilisation de sept approches complémentaires, à savoir le yoga, la méditation, les massages, la chiropraxie, l'acupuncture, la naturopathie et la relaxation musculaire progressive et/ou guidée par imagerie. En 20 ans, l'utilisation de ces approches complémentaires, quelle qu'en soit la raison, a augmenté de manière significative, passant de 19,2% en 2002 à 36,7% en 2022. Par exemple, le recours à la méditation est passé d'environ 7% à 17%, le yoga de 5% à 15%, les soins chiropratiques de 7% à 11% et la massothérapie de 5% à 11%. Les auteurs observent que la méditation est devenue la pratique la plus répandue et que le yoga a connu l'augmentation la plus spectaculaire (en triplant). " Il est intéressant de noter que le recours à l'acupuncture est passé de 1,0% en 2002 à 2,2% en 2022, parallèlement à une augmentation de la couverture d'assurance qui a élargi l'accès à ce service", précisent Richard Nahin et al, les auteurs de l'étude.(2) Parmi les adeptes de ces approches, le pourcentage de ceux qui déclarent le faire pour gérer la douleur a augmenté de manière significative, passant de 42,3% en 2002 à 49,2% en 2022. Ainsi, parmi les patients qui ont eu recours à la chiropraxie en 2022, 85% l'ont fait dans cet objectif. C'est aussi le cas d'environ 50% de ceux qui ont opté pour la massothérapie ou la naturopathie et d'environ un tiers de ceux qui ont pratiqué le yoga. Ici aussi, c'est le yoga qui a connu la plus forte progression, passant de 11,4% en 2002 à 28,8% en 2022. Quant à la chiropraxie, elle s'avère être la méthode la plus utilisée pour soulager les douleurs. L'augmentation de l'utilisation des approches de santé complémentaires, qui coïncide avec l'augmentation de la prévalence de la douleur à l'échelle nationale américaine, pourrait être due à plusieurs facteurs, notamment les essais cliniques, l'intégration des données probantes dans les recommandations cliniques, ainsi que la couverture d'assurance. " Auparavant, la sécurité et l'efficacité de bon nombre de ces approches ne faisaient pas l'objet d'essais cliniques rigoureux. Au cours des deux dernières décennies, des preuves de plus en plus nombreuses sont venues étayer l'innocuité et l'efficacité de certaines approches pour la gestion de la douleur ", soulignent les chercheurs. Il en est ainsi de l'acupuncture, de la relaxation musculaire progressive et/ou guidée par imagerie, des massages, de la naturopathie et du yoga, ce qui a entraîné une augmentation correspondante de l'adoption de ces méthodes. Autres facteurs: les approches de santé complémentaires sont de plus en plus intégrées dans les lignes directrices relatives aux meilleures pratiques de gestion de la douleur, en partie comme alternative à l'utilisation des opioïdes. Ou encore, l'amélioration de la couverture d'assurance pour certaines approches comme ce fut le cas pour l'acupuncture entre 2002 et 2022. " Les soins chiropratiques, qui présentent le taux d'utilisation le plus élevé au cours de cette période, ont toujours bénéficié d'une couverture d'assurance parmi les plus élevées ", font-ils observer. Enfin, " la popularité croissante des approches complémentaires pourrait également être le signe d'une évolution plus large vers la médecine intégrative, qui met l'accent sur une approche holistique de la guérison et du bien-être par des moyens spirituels, émotionnels, mentaux, environnementaux et physiques. Le yoga, par exemple, peut traiter la détresse émotionnelle et spirituelle d'une manière que les pratiques de soins standards, qui se concentrent souvent sur le soulagement de la douleur physique, ne pourraient le faire ", commentent-ils. " Les cliniciens qui s'occupent de patients souffrant de douleurs chroniques devraient envisager de recommander certaines approches de santé complémentaires dans le cadre d'une prise en charge multimodale de la douleur ", concluent ces chercheurs américains. " Les médecins doivent être conscients de l'utilisation et de l'acceptation croissantes des approches complémentaires par les patients pour leur santé générale et la gestion spécifique de la douleur, a commenté le Dr Thomas Schwenk dans un éditorial du NEJM.(3) Comprendre ces tendances peut aider les cliniciens à discuter et à guider l'utilisation des approches complémentaires par leurs patients, garantissant ainsi des stratégies de soins de santé informées, sûres et intégrées. Ces résultats nous rappellent qu'il est nécessaire d'interroger nos patients sur l'utilisation de ces approches afin d'obtenir une image complète de la manière dont ils gèrent leur douleur. Nous devrions également être prêts à répondre aux questions concernant l'efficacité de ces approches pour la gestion de la douleur. " En Belgique aussi, on observe un regain d'intérêt pour ces approches. De plus en plus d'hôpitaux s'ouvrent aux pratiques non conventionnelles comme l'acupuncture, le yoga, la méditation de pleine conscience... qui sont intégrées dans des prises en charge pluridisciplinaires. Et, si elles ne sont pas reconnues par l'Inami, certaines bénéficient également d'un remboursement partiel octroyé via l'assurance complémentaire des mutuelles.