Existe-t-il des stratégies thérapeutiques efficaces pour lutter contre l'immunosuppression induite par le froid? Si les revues d'Evidence-Based Medicine donnent des pistes, avoir une bonne hygiène de vie reste la meilleure approche.
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Pour renforcer son immunité, quelques stratégies de base ont prouvé leur efficacité. Au premier rang, un mode de vie sain alliant une alimentation équilibrée (fruits et légumes riches en antioxydants, vitamines et minéraux), une activité physique modérée et un sommeil de qualité. Ensuite, la vaccination reste l'un des moyens les plus efficaces pour se protéger des infections respiratoires hivernales (grippe, covid-19, pneumocoque), surtout pour les plus de 65 ans et les groupes à risque. La vaccination contre le virus respiratoire syncytial (VRS), cause la plus fréquente d'infection respiratoire chez les nourrissons, peut également être proposée aux patients de plus de 60 ans présentant au moins un facteur de risque de maladie sévère due au VRS[1]. Enfin, les interventions non médicamenteuses ont également toute leur place dans ce contexte. D'abord, les gestes barrières qui ont prouvé leur efficacité pour réduire la transmission des virus pendant la pandémie: une bonne hygiène des mains et la limitation des contacts étroits dans les lieux fermés, surtout en période d'épidémies. Sans oublier la gestion du stress chronique qui peut affaiblir le système immunitaire. Des techniques de relaxation comme la méditation, le yoga ou la pleine conscience peuvent améliorer la santé immunitaire. Penser que la prise de vitamines et de suppléments renforce automatiquement l'immunité est un mythe très commun. Si certaines vitamines jouent un rôle clé dans la réponse immunitaire, leur prise excessive ne garantit pas une protection accrue contre les infections. "On ne dispose pas de preuves scientifiques concernant un effet bénéfique de la vitamine C dans les refroidissements et d'autres affections", précise le CBIP. Un avis confirmé par ebpracticenet[2] qui indique que, dans une population en bonne santé, le recours systématique à la vitamine C n'est pas recommandé en prévention du rhume, ni pour en réduire la durée et la gravité des symptômes. De même, une revue systématique Cochrane[3] sur l'efficacité d'une supplémentation en vitamine C pour la prévention et le traitement du rhume n'a pas permis d'observer une réduction de son incidence dans la population générale. Néanmoins, les chercheurs concluent que "compte tenu de l'effet constant de la vitamine C sur la durée et la gravité des rhumes dans les études sur la supplémentation régulière, et son faible coût et son innocuité, tout patient souffrant d'un rhume banal peut essayer la vitamine C pour voir si elle lui est bénéfique ou pas."Et la vitamine D? Selon une synthèse réalisée par Minerva[4], "il pourrait être utile d'administrer des suppléments de vitamine D tous les jours ou toutes les semaines aux personnes dont la concentration sérique de 25-hydroxyvitamine D est inférieure à 25 nmol/l." Une constatation qui a amené les auteurs à plaider pour relancer la discussion concernant l'importance du dépistage de l'hypovitaminose D. Ici aussi les données peu concluantes et variant d'une étude à l'autre laissent la place aux recommandations au cas par cas, comme l'indique une récente revue Cochrane[5]: "Les résultats suggèrent que la supplémentation en zinc pourrait avoir peu ou pas d'effet sur la prévention des rhumes, mais pourrait réduire la durée des rhumes en cours, avec une augmentation des événements indésirables non graves."Une revue systématique[6] a été menée pour analyser l'efficacité de l'Echinacea dans la prévention et le traitement du rhume. Les préparations disponibles sur le marché variaient considérablement selon l'espèce d'échinacée sélectionnée et la partie utilisée (herbe, racine ou les deux), la méthode de fabrication, et l'ajout d'autres plantes. "Il n'a pas été démontré que les produits à base d'Echinacea apportent un avantage dans le traitement du rhume. Toutefois, certains de ces produits ont apporté un faible bénéfice: les résultats des essais individuels portant sur la prophylaxie montrent de façon constante des tendances positives (sinon significatives), bien que les effets potentiels soient d'une pertinence clinique discutable", concluent les auteurs. La prudence est cependant recommandée car, dans les essais de prévention, certaines personnes ont présenté des réactions allergiques indésirables. Afin de statuer sur l'intérêt des probiotiques pour se prémunir des infections respiratoires, Ebpracticenet[7] se rapporte notamment à une revue systématique[8] qui a évalué l'effet protecteur des produits laitiers fermentés contenant des probiotiques (Lactobacillus...) sur les infections respiratoires. Par comparaison avec un placebo, les chercheurs ont observé un effet protecteur significatif contre les infections respiratoires, notamment contre le rhume, chez ceux qui consommaient ce type de produits laitiers, qu'il s'agisse d'enfants, d'adultes ou de personnes âgées. De grandes études cliniques de qualité sont encore nécessaires pour préciser l'intérêt des probiotiques dans cette problématique. En démystifiant certaines croyances populaires et en adoptant des stratégies basées sur des données scientifiques, il est possible de renforcer son immunité. In fine, la première approche à privilégier combine un mode de vie sain, la vaccination et une bonne hygiène des mains, assortie des gestes barrières.