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Le GPUE (PGEU, Pharmaceutical Group of the European Union) est l'association qui représente les pharmaciens communautaires de 32 pays en Europe. Elle vise à faire reconnaître les pharmaciens d'officine comme des acteurs clés du secteur de la santé. Elle insiste sur leurs compétences en tant que conseillers pour un usage sûr, efficace et rationnel des médicaments, et sur leur accessibilité: c'est souvent le premier et le dernier point de contact entre un patient et le système de santé.Pour fêter ses 60 ans, le GPUE a organisé, ce 10 septembre au Parlement européen à Bruxelles, une conférence mettant notamment à l'honneur les nouveaux services mis en place en officine.Darragh O'Loughlin de l'Irish Pharmacy Union a détaillé l'expérience menée en Irlande où, depuis 2011, les pharmaciens formés peuvent administrer le vaccin contre la grippe en officine. Selon une enquête de satisfaction menée par la Pharmaceutical Society of Ireland (PSI) en 2015, auprès de 374 patients ayant été vaccinés en pharmacie, 93% étaient très satisfaits du service, 95% ont apprécié les infos données par le pharmacien et 99% ont dit vouloir retourner chez leur pharmacien pour faire ce vaccin.La principale motivation pour se faire vacciner en pharmacie était la facilité et l'efficacité (longues heures d'ouverture, pas besoin de rendez-vous, etc.), avec l'avantage supplémentaire d'en percevoir une meilleure valeur pour des coûts moindres. Les seules améliorations suggérées concernaient un service plus rapide et un plus grand espace de confidentialité pour fournir ce service.À la question de savoir si d'autres vaccins pourraient également être administrés par le pharmacien, les répondants ont principalement évoqué les vaccins de voyage et ceux pour les enfants. "Pour améliorer la couverture vaccinale, il faut inclure les pharmaciens", conclut Darragh O'Loughlin.Au Portugal, en février 2017, l'Association Nationale des Pharmacies (ANF) a conclu un accord cadre avec le gouvernement portugais redéfinissant la place du pharmacien dans la santé publique. Ainsi, le décret de loi n°97/2018 reprend la liste des services pharmaceutiques et de promotion de la santé et du bien-être délivrés en pharmacie de ville: aux soins pharmaceutiques, administration de médicaments et vaccins, premiers soins..., se sont ajoutés les entretiens nutritionnels, les entretiens de compliance et de réconciliation médicamenteuse, les préparations individuelles de médicaments, les TRODs VIH, VHC & VHB, les soins infirmiers de base (blessures, stomies), et les soins de niveau 1 en prévention et traitement du pied diabétique.Le programme d'échange de seringues qui existe dans ce pays depuis 1993 a été revu en 2015. Plus de 60% des pharmacies y participent, soit 1648 officines. Il est internationalement salué pour sa contribution à la réduction du nombre d'infections à VIH, VHC et VHB. En 2016, le gouvernement a reconnu que la contribution des pharmacies s'est traduite par un bénéfice net de 3,01a/seringue échangée, permettant une économie de plus de 2 millions d'euros pour la Santé publique, sur une période de cinq ans. D'où l'instauration d'un système de remboursement d'une valeur de 2,4a/kit de 2 aiguilles échangées. ( Value in Health 2016;19:A347-766)Récemment, un projet pilote de dispensation des médicaments antirétroviraux en pharmacie de ville a été mis sur pied pour les séropositifs pour le VIH, en alternative à une consultation à l'hôpital. "Nous sommes très fiers de ce projet", a expliqué Duarte Santos (ANF). Entre décembre 2016 et août 2019, 214 pharmacies y ont participé, pour 248 patients, et 361 pharmaciens ont été certifiés. Il s'agissait de démontrer l'intérêt à la fois pour les patients et pour le système de santé d'une amélioration de l'accessibilité aux médicaments contre le VIH et du soutien aux patients VIH+ dans les soins de première ligne.Globalement, l'expérience patient était plus favorable en pharmacie qu'à l'hôpital, que ce soit pour l'intimité des lieux, le temps d'attente, les heures d'ouverture et les informations complémentaires reçues concernant la maladie et les médicaments.À la question de savoir comment rémunérer ces services, l'étude PaRIS, menée par l'OCDE (Organisation de Coopération et Développement Économique), explique que "demander aux patients d'évaluer les résultats de leurs soins est peut-être la mesure la plus importante que nous puissions prendre pour améliorer les soins de santé"."La valeur ajoutée doit être générée et perçue à la fois par les citoyens et les payeurs, estime Duarte Santos. Il faut apprendre à entretenir la confiance des patients et à communiquer efficacement avec eux".Federico Guanais de l'OCDE a pour sa part insisté sur l'indispensable collaboration entre professionnels des soins de santé, qui doit être de plus en plus importante. "Le rôle du pharmacien d'officine ne doit plus être centré sur les médicaments mais sur les patients. Souvent le pharmacien est le seul 'visage humain' d'un traitement, il ne pourra être remplacé par un robot. Cette dimension humaine et les compétences en communication sont primordiales, ce sont de véritables opportunités".