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Qu'est-ce qui fait qu'une Française passionnée de snowboard se retrouve à faire ses études de pharmacie en Belgique? "Je viens du Nord de la France, d'un petit village à 10 km d'Arras, où il n'y a ni montagne, ni neige! Je m'entraînais donc déjà depuis un moment en Belgique sur des pistes indoor, avec de la neige artificielle. J'y passais énormément de temps, ce qui m'a amenée à y habiter et à y faire mes 5 années de pharmacie à l'ULB. Ensuite, j'ai pris la nationalité belge parce que je m'y sens bien et que je pense rester ici", explique Anne-Sophie Lechon qui a élu domicile à Braine-le-Château. Contrairement au snowboard, la pharmacie est une histoire familiale pour cette jeune diplômée puisque sa mère tient une officine en France: "J'ai toujours vécu dans une pharmacie, ça me plaisait et, en démarrant pharma, je savais que je ferais plutôt de l'officine". Aujourd'hui, elle travaille avec sa maman et fait donc des allers-retours entre les deux pays: un pied dans une officine française et un pied dans un centre de vaccination belge (à Braine-l'Alleud), histoire de garder un contact avec le milieu pharmaceutique de ce côté-ci de la frontière où il n'est pas exclu qu'elle travaille plein temps un jour. Cette organisation professionnelle un peu particulière lui permet de s'adonner à sa passion du snowboard découvert sur les pistes à l'âge de 13 ans. Ce qui amuse beaucoup Anne-Sophie Lechon c'est le freestyle, sauter et faire des figures à la recherche de sensations fortes. A cette époque, sa maman l'emmène régulièrement s'entraîner dans la salle indoor de Comines. Là, à force de tourner inlassablement sur les modules, elle atteint un assez bon niveau, au point d'obtenir son premier sponsor dès l'âge de 15-16 ans et de faire des compétitions. "Pendant les études de pharma, j'ai dû ralentir le rythme, je ne pouvais plus y aller deux fois par semaine plus le week-end. Je m'étais faite à l'idée que mon niveau aurait baissé. Or, la bonne surprise c'est que j'ai pu reprendre comme avant et que le niveau général n'avait pas augmenté au point que je ne puisse plus suivre. Depuis que je travaille, je m'entraîne une fois par semaine et le week-end". Pendant ses études, footing, vélo et exercices de gainage lui ont permis de garder une condition musculaire et cardiaque minimale dans l'objectif de reprendre le snowboard de compétition. Dans le snowboard freestyle, il y a plusieurs disciplines: en slopestyle, il faut réaliser des figures et des sauts sur une piste d'obstacles et dans le big air, on s'élance sur un tremplin pour réaliser autant de vrilles et saltos que possible. "Comme j'avais pris du niveau en Belgique, j'ai été repérée par la France du fait que j'avais aussi la nationalité française. J'ai fait une saison avec eux, j'ai été vice championne de France. Ensuite, j'ai commencé la pharma et j'ai arrêté les sauts. J'ai conservé la partie module, faire des figures sur des rails, ce qu'on appelle le jib. Pour l'instant, il n'y a pas de circuit officiel en Belgique. Par contre, il y a des grosses compétitions sur invitation. Cela fait près de dix ans que mon sponsor actuel me soutient, je reçois 2 planches/an, des vêtements, des fixations et il me permet de participer aux compétitions importantes. Je pense être dans le top 10 européen chez les filles. Le jib n'est pas encore aux JO, ça avance mais je ne pense pas que j'aurai encore l'âge pour y participer!" Pour la snowboardeuse, il y a 7-8 compétitions par an dont 3 importantes: "Je devais en faire une en Ukraine, j'avais mes invitations mais je me suis presque cassé la fibula au mois de décembre. J'avais aussi été invitée pour le 4 novembre aux Etats-Unis mais les frontières n'ont rouvert que le 8! Enfin, il devait y avoir une compétition internationale aux Pays-Bas le 8 janvier, mais ils ont été reconfinés et elle a été postposée... , se désole-t-elle. Mais, j'ai toujours en tête d'en gagner une cette année!" Si pour le jib, il ne faut pas de grandes pistes, Anne-Sophie Lechon part toutefois deux fois par an en montagne: "Les sensations sont les mêmes à l'intérieur ou en extérieur, parfois c'est mieux en salle parce qu'on ne subit pas les conditions météorologiques. Mais, il n'y a pas photo avec le cadre de la montagne!" Qui dit snowboard et compétition, dit casse. "Quand j'étais plus jeune, je me suis fait les poignets au moins 3 fois: c'est le lot du débutant. Après, j'ai eu une entorse de cheville, je n'ai plus de ligament latéral du pouce... Globalement, j'ai eu de la chance, mais ces deux dernières années, comme je me suis autorisée à reprendre des risques, il y a eu plus de casse: une double fracture de l'humérus, un décollement du périoste, de la fibula et des microfractures du plateau tibial. Ça ne m'arrête pas parce que je retrouve mes sensations à chaque fois!" Assez introvertie, Anne-Sophie Lechon estime que le snowboard lui a énormément apporté étant plus jeune: "C'est une discipline assez masculine, alors réussir en tant que fille cela m'a donné confiance en moi, même si je ne suis toujours pas la personne qui en a le plus! J'ai aussi appris à gérer le stress, les enjeux (ceci dit, je n'étais quand même pas à l'aise pour mon examen de galénique! ). Jusqu'il y a deux ans, je n'avais pas vraiment de technique pour supporter la pression. Maintenant, avant de tenter une nouvelle figure, je me recentre avec des exercices de respiration, de visualisation... C'est devenu indispensable". Aux JO de Pékin qui se déroulent jusqu'au 20 février, la Belgique a envoyé une seule snowboardeuse, Evy Poppe, pour participer à la compétition slopstyle et big air. Des moments qu'Anne-Sophie Lechon n'a pas manqués, d'autant qu'une récente chute (en promenant son chien et non en snow!) l'oblige à 6 mois d'arrêt. Une tuile de plus pour elle qui espérait que 2022 verrait la reprise des compétitions...