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Comment aider la population à adopter une alimentation saine et équilibrée ? Depuis 1997, le Conseil Supérieur de la Santé (CSS) publie des recommandations nutritionnelles. Les dernières datent de 2016 mais elles sont plutôt utilisées par les professionnels de la santé. Il fallait donc les transposer dans des directives pratiques et claires, utilisables dans la vie quotidienne : c'est ainsi que sont nées les Food Based Dietary Guidelines (FBDG) destinées à la population adulte en bonne santé. L'objectif étant de stimuler les consommateurs à adopter une alimentation plus saine, gage d'une prévention des maladies non transmissibles.Ces directives découlent du nouveau rapport scientifique1 de 88 pages préparé par une trentaine d'experts belges qui se sont basés sur une méthodologie européenne adaptée à notre pays et sur l'Enquête de Consommation Alimentaire (ECA) belge datant de 2014.Dans un premier temps, ce groupe a réalisé un inventaire des principaux problèmes de santé, en lien avec l'alimentation, rencontrés en Belgique. Ensuite, une liste des aliments impliqués a été établie par ordre d'importance, en commençant par les aliments dont les carences ou les excès ont le plus grand impact sur la santé. Sur cette base, des recommandations pratiques ont été rédigées pour les différents aliments et profils alimentaires. Perméable à l'air du temps, le CSS complète son avis de considérations sur la durabilité et les aspects sociaux du lien entre habitudes alimentaires, santé et bien-être.Un outil didactique et téléchargeable par tous, l'Epi alimentaire2 (voir ci-contre), mis au point par Food in Action et la Haute École Léonard de Vinci, résume de façon visuelle les cinq principales recommandations. " Ce sont des priorités absolues, la taille des pétales de l'épi illustre l'importance pondérale des différentes catégories d'aliments : manger moins de viande c'est bon pour la santé, mais manger plus de céréales complètes, c'est 16 fois meilleur ", précise Nicolas Guggenbuhl (HE Vinci), l'un des experts du groupe de travail présidé par le Pr Guy De Backer (UGent).1. Consommer au moins 125 g de produits céréaliers complets par jour et remplacer aussi souvent que possible les produits raffinés par des céréales complètes. Or, 50% de la population dit consommer du pain gris et/ou complet mais 90% mangent des pâtes et du riz blancs : la marge de progression est donc élevée.2. Manger tous les jours 250 g de fruits (frais) et 300 g de légumes (frais ou préparés), produits de saison et locaux. " Il y a ici un aspect durabilité, raison pour laquelle on mentionne moins de fruits exotiques que dans de précédentes recommandations ", ajoute-t-il. Selon l'ECA 2014, la consommation belge s'élève respectivement à 110 et 145g/jour.3. Consommer des légumineuses au moins une fois par semaine. Or, un Belge sur cinq n'en consomme jamais.4. Consommer tous les jours 15 à 25 g de fruits à coque ou de graines. " Ce groupe d'aliments est resté longtemps discret, aujourd'hui, il fait partie du top 5, à condition qu'ils soient non salés non sucrés et que l'on se contente d'une poignée, parce que ces aliments sont assez riches en calories. "5. Limitez la consommation de sel : " Cela concerne relativement peu le sel que l'on ajoute soi-même en cuisine ou, pire, à table, puisque les 3/4 du sel consommé se retrouvent déjà dans les aliments achetés. Indirectement, ce sont donc les aliments ultratransformés qui sont visés, en tous cas ceux riches en sel (et parfois aussi en sucre et en graisses de piètre qualité). Il y a toujours des alternatives au sel ", fait observer le diététicien.Sept règles secondaires complètent l'ensemble :6. Consommer entre 250 et 500 ml de lait ou de produits laitiers par jour. Si l'apport est inférieur à 250ml/j, il faut introduire du Ca, des vit B2 et B12 et des protéines via d'autres aliments (brocolis, fenouil...).7. Manger du poisson, des crustacés ou des fruits de mer, une à deux fois par semaine, dont une fois du poisson gras. Privilégier les produits durables riches en acides gras oméga 3. Or, 7% de la population déclarent ne jamais en manger et 23% jamais de crustacés ou fruits de mer.8. Limiter la consommation de viande rouge à maximum 300 g par semaine (selon l'ECA 2014, elle s'élevait à 110g/j en moyenne) et penser aux alternatives : légumineuses, poisson, volaille, oeufs...9. Manger au maximum 30 g de viande transformée (charcuteries, viandes préparées, etc.) par semaine. La population devrait remplacer les 66g/j qu'elle consomme en moyenne par des conserves de poisson, des légumineuses, légumes, fruits ou fromages frais.10. Éviter les boissons contenant des sucres ajoutés (sodas, nectars de fruits...). L'eau reste le premier choix.11. Veiller à un apport suffisant en calcium (950 mg/jour) via diverses sources naturelles dont le lait et ses dérivés.12. Veiller à un apport suffisant en acides gras polyinsaturés (dont les oméga 3) en privilégiant les huiles de colza, de soja et de noix et en consommant des fruits à coque et des graines. Remplacer les margarines dures et le beurre par des huiles non tropicales, des matières grasses tartinables et des matières grasses de cuisson liquides." Ces recommandations sont aussi une incitation à reprendre les rennes de son alimentation en cuisinant un peu plus soi-même, ce qui permet de mieux doser et d'être conscient de ce que l'on incorpore dans les préparations ", conclut Nicolas Guggenbuhl.