Désormais, en Région wallonne aussi, les pharmaciens sont à l'écoute des victimes et les orientent vers les services d'aide adéquats.
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L'initiative "Relais pharmacie" de la Région wallonne, en collaboration avec l'AUP, tombe à point, à l'heure où nous sommes à nouveau en confinement. Dès les premiers mois de la crise sanitaire, en mars-avril, on a en effet observé un triplement des appels sur la ligne "Ecoute violences conjugales", le 0800-30030. Dès lors, à la mi-avril, une campagne de sensibilisation du grand public avait été lancée à l'initiative de la Task Force "Violences conjugales et intrafamiliales" mise sur pied par la Fédération Wallonie-Bruxelles, la Wallonie, la Région Bruxelles-Capitale et la Cocof. Sous le slogan "Rien ne justifie la violence conjugale", elle rappelait l'existence des services d'aide et le numéro de la ligne "écoute violences conjugales", dont les horaires avaient été élargis. La fin du premier confinement n'a bien sûr pas marqué la fin de cette problématique, que du contraire. Sylvie Lausberg, présidente du Conseil des femmes francophones de Belgique (CFFB), expliquait en août dernier à la DH (21/08/20) que le phénomène était même en pleine augmentation, estimant que la Belgique n'est pas assez proactive pour lutter contre la violence envers les femmes: "On a donné plus de moyens à la ligne d'écoute pour les victimes de violences conjugales et c'est très bien. Mais il faut davantage investir dans la détection et la prévention". Dans notre édition du 3 juin dernier, nous vous avons présenté des projets pilotes testés dans différentes pharmacies de la capitale, en Wallonie (Mons) et en Flandre. Certaines communes bruxelloises avaient en effet lancé le projet "Masque 19" en collaboration avec l'UPB et les CPAS. Ensuite, à la mi-juillet, le Gouvernement bruxellois a adopté un Plan de lutte contre les violences faites aux femmes 2020-2024 assorti de 56 actions concrètes allant de l'accueil dans les commissariats, à la formation et la sensibilisation des acteurs de première ligne, en passant par l'information, l'accompagnement et la protection des victimes. Et, parmi ces actions, la 50ème concerne spécifiquement les pharmaciens et la mise en place d'un dispositif d'alerte via les officines. Aux côtés de Bruxelles Prévention & Sécurité, les partenaires de cette action comptent des représentants des pharmaciens, les zones de police, les CPAS, le secteur associatif, equal.brussels et Brusafe. Il s'agit de coordonner le dispositif "Parlez-en à votre pharmacien" à l'échelle régionale bruxelloise pour permettre aux victimes de violences intrafamiliales d'appeler à l'aide ; mais aussi d'émettre des recommandations précises à l'intention des pharmaciens, des services de police et des magistrats en termes d'accueil des victimes, de réception et de suivi des plaintes ; et de prévoir une information et une sensibilisation du public concernant le dispositif mis en place. En ce mois de novembre, c'est au tour de la Région wallonne de s'investir dans cette problématique en impliquant les pharmaciens en tant que "relais" entre les victimes de ce type de violence et les services d'aide compétents. "Avec la Région wallonne, le projet a avancé, il s'est accéléré", se réjouit Nicolas Echement, président de l'AUP. Et il a changé de nom: exit donc "Masque 19", voici "Relais pharmacie". Pourquoi avoir appelé ce projet "Relais pharmacie"? "Parce qu'on ne voulait pas de mot de passe comme 'masque 19', nous voulons que le pharmacien soit un relais, qu'il oriente les victimes, les témoins ou les auteurs qui en expriment le besoin ou en détresse psychologique vers les services spécialisés de prise en charge et d'accompagnement. À partir du moment où on diffuse le mot de passe, tout le monde le connaît, même les auteurs des violences. L'idée ici est d'identifier la demande de la personne et de la prendre à part dans l'espace de confidentialité pour la guider au mieux", indique-t-il. La campagne sera lancée le 25 novembre prochain. Une date qui n'a pas été choisie au hasard: elle correspond à la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes. Cette dernière fait référence au 25 novembre 1960, date de l'assassinat des soeurs Mirabal, militantes politiques dominicaines qui sont devenues le symbole du combat pour éradiquer ce fléau de la violence contre les femmes et les filles. Pour vous préparer à cette nouvelle mission, vous avez peut-être suivi le webinaire organisé le 10 novembre dernier où Jean-Louis Simoens, coordinateur de la ligne Écoute Violences Conjugales (0800-30030, 24/7, gratuit et anonyme), Sarah Debouny, responsable du projet "Prévention des violences dans les relations" (campagne Ruban blanc) à Liège et Fernand Koekelberg, chef de corps à la police, sont intervenus. Un vade-mecum, distribué via les APB News (15/11) ou sur demande à l'AUP, rappelle en 6 points tout ce qu'il faut savoir pour pouvoir agir au mieux: qu'entend-on par "violences conjugales", rôle d'orientation du pharmacien, comment apprécier l'urgence et vers qui diriger, prise en charge des victimes de violences conjugales et sexuelles et des auteurs (ligne d'écoute, adresses des services locaux par région). Ce dispositif "Relais" mis en place en pharmacie souligne une nouvelle fois le rôle que jouent les pharmacies comme lieux de proximité, accessibles et où règne un climat de confiance.