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En Belgique, les officines pharmaceutiques sont soumises à une loi d'établissement - pas question, donc, de créer la vôtre sans autre forme de procès! Contrairement à un boulanger ou boucher, qui peut en principe lancer son activité où il le souhaite moyennant le respect de quelques conditions, un pharmacien qui se lance devra par conséquent trouver un collègue désireux de passer la main. La loi d'établissement stipule qu'il ne peut y avoir qu'une pharmacie pour x habitants. Le nombre maximal d'officines dans une commune donnée peut être calculé par la formule suivante: selon que l'entité compte plus de 30.000 habitants, de 7.500 à 30.000 habitants ou moins de 7.500 habitants, il faudra diviser la population par 3.000, 2.500 ou 2.000 respectivement pour obtenir le nombre maximal d'officines qui peuvent s'installer sur son territoire. Dans une commune de 10.000 habitants, il pourra donc y avoir au maximum quatre pharmacies (10.000/2.500). La loi d'établissement a aussi des conséquences pour les éventuels déménagements. "Le maintien futur de cette législation dépendra de la volonté des politiciens", commente Veerle Declercq, la directrice d'Aquis, un bureau spécialisé dans l'accompagnement de la transmission d'entreprises. "Cela dit, tant qu'elle existe, elle a une influence positive sur le prix de vente." L'exploitation d'une officine est aussi soumise à une autorisation qui peut être la propriété de la société, mais aussi du pharmacien lui-même. En outre, elle ne pourra être exploitée qu'à condition de disposer effectivement sur place d'un pharmacien titulaire. Dans le cadre du mouvement de consolidation que l'on observe actuellement dans le secteur, une société de pharmaciens devra donc toujours désigner un pharmacien titulaire pour pouvoir exploiter une officine. L'offre en officines à reprendre se retrouve généralement sur les sites internet des agences spécialisées dans la transmission d'entreprises ou sur les plateformes de transmission en ligne. Le prix de la reprise et de l'accompagnement dépendra d'un dossier à l'autre et, évidemment, d'une pharmacie à l'autre, puisque des facteurs comme la taille, l'emplacement et le chiffre d'affaires ont tous un rôle à jouer. Le site plateformedetransmission.be de l'UNIZO propose régulièrement des officines à reprendre, mais vendeurs et acheteurs peuvent aussi y trouver une foule d'informations générales, de conseils et d'astuces pour une transmission réussie et de témoignages d'utilisateurs. "Pour la transmission d'entreprises commerciales dont la valeur attendue ne dépasse pas 500.000 euros, les entrepreneurs peuvent bénéficier d'un trajet d'accompagnement", explique Guido Seghers, directeur de plateformedetransmission.be. "Vous trouverez toutes les informations à ce sujet sur notre site. Pour les pharmacies, le prix de reprise sera souvent plus élevé et la transmission sera généralement encadrée par un bureau spécialisé." Dans la pratique, la plupart des pharmaciens n'ont aucun mal à trouver un repreneur: dans certaines villes et communes, il existe même des listes d'attente de candidats acheteurs! Même si la reprise d'une officine est une opération complexe, elle suscite généralement un grand intérêt... et c'est évidemment tout bénéfice pour la recherche du candidat idéal." Lorsqu'un vendeur et un candidat acheteur sont tous les deux partants, la procédure est lancée. "Nous commençons alors par une estimation de la valeur de l'entreprise en vue de fixer un prix", explique Veerle Declercq. "Ensuite, nous rédigeons un mémorandum d'information, dont l'acheteur intéressé peut prendre connaissance après avoir signé un engagement de confidentialité." Le mémorandum d'information comporte une description complète de l'officine. Comment se présente-t-elle? L'immeuble est-il inclus dans la vente? Est-il la propriété d'une société ou est-il loué à un tiers? Qui est titulaire de l'autorisation d'exploitation? Le document reprend également une analyse des chiffres (e.a. chiffre d'affaires annuel). Les pharmacies vendent de plus souvent des produits non médicaux soumis à la TVA, comme par exemple des produits de beauté. C'est le genre d'information qui peut évidemment intéresser un candidat repreneur, puisque cet aspect contribuera à déterminer ses marges futures. La situation de l'officine aussi est un facteur crucial. "Nous dressons un tableau de la population des environs, en tenant également compte des éventuelles possibilités futures", explique Veerle Declercq. "La commune pourrait par exemple plancher sur de nouveaux lotissements à proximité, où viendront s'installer de nouveaux clients potentiels." Là encore, ces données sont capitales pour les acheteurs intéressés. La reprise de la société peut se faire de deux manières: en rachetant ses parts ou en reprenant son fonds de commerce. Le prix de la cession dépendra en partie de ses modalités. Une fois la reprise réglée, l'acheteur à plus ou moins carte blanche pour développer son projet: tout ce qui relève de l'aménagement ne dépend que de lui et même le nom peut en principe être changé en concertation avec le vendeur, même si ce n'est pas forcément recommandé. Nombre d'officines portent en effet un nom déjà bien connu des clients, par exemple celui de leur fondateur ou de leur quartier. Pourquoi se priver de cette notoriété?