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Direction la Cité ardente pour commencer. Mi-avril, le CHU de Liège lance l'opération " Coudre contre le Covid " car, à la dernière réception de blouses, aucune garantie n'a pu être donnée quant à la date de la livraison suivante. "Notre fournisseur a signalé qu'il ne pourrait livrer avant fin août. Ce problème se pose parce que le marché est raflé par les Américains. Alors, sachant qu'en pleine crise Covid, ce sont 1.000 blouses jetables par jour qui sont nécessaires, nous avons lancé un appel à des couturières bénévoles", précise le CHU de Liège.Le succès est au rendez-vous. L'appel a donné lieu à un énorme élan de solidarité puisque un peu plus de 3.300 personnes y ont répondu. En à peine 15 jours, 17.000 blouses de protection ont été fabriquées pour les hôpitaux et les maisons de repos. "La qualité de ces blouses est telle que l'on teste la possibilité de les nettoyer afin d'éviter de les jeter après chaque usage. On en est actuellement au troisième lavage tout en conservant les propriétés. Ainsi, en comptant sur trois à cinq lavages, on pourra tenir jusqu'à la prochaine livraison fin août", ajoutait fin avril le CHU de Liège. La même initiative a été prise à Namur, où les " blouseuses ", couturières bénévoles également, ont travaillé pendant un mois pour constituer un stock de matériel de protection pour le personnel soignant du site Sambre (Auvelais) du CHR Sambre et Meuse. Au total, plus de 2.700 blouses et 200 masques ont été cousus par 17 bénévoles. À Bruxelles, La plateforme bruxelloise pour la mode et le design MAD, Home of Creators, l'entreprise de travail adapté Travie et le laboratoire d'innovations durables EcoRes ont constitué un consortium pour pallier la pénurie de masques de protection dans la capitale. Jouant la solidarité, ce consortium a créé, en moins de dix jours, une ligne de production solidaire de confection de masques, soutenue par la Région. On s'éloigne de la couture, mais pas de Bruxelles, où Médecins du monde a assuré la continuité de ses services aux publics fragilisés grâce à son Médibus. Avec à son bord un médecin, celui-ci s'est rendu sur des lieux où d'autres services habituels furent à l'arrêt. Les équipes mobiles de Médecins du monde ont également renforcé leurs maraudes dans les gares, les parcs et les rues, afin d'aller à la rencontre des publics fragilisés et de les sensibiliser au coronavirus. À Namur, le Relais social urbain (RSU) s'est quant à lui vite retrouvé surchargé face à la crise. Au sein de l'abri de nuit, les personnes malades et non malades se mélangeaient au sein des mêmes locaux, ce qui est contraire à toutes les recommandations en la matière. La province a mis à disposition un espace de confinement destiné aux sans-abri malades : l'école hôtelière provinciale. Dès le début de la pandémie, soit le 26 mars, jusqu'à la reprise des cours le 18 mai, bénévoles et professionnels, parfois sortis de la retraite pour l'occasion, se sont succédé au chevet de patients " oubliés " du système. Comme Rome, cela ne s'est pas fait en un jour. Au début, c'était même la débrouille. Quelques masques, quelques paires de gants et de l'ID212 pour désinfecter. Mais au fur et à mesure, sous la houlette de Marina Van Espen, infirmière à la retraite, l'espace de confinement s'est équipé du matériel nécessaire mais aussi de procédures pour guider des bénévoles souvent novices dans la prise en charge des sans-abri. Au 18 mai, le bilan tiré est positif. Certes, les cas n'ont pas afflué par centaine à l'espace de confinement - fort heureusement - mais l'action a été utile. " Cela peut paraître une goutte d'eau, mais l'investissement des bénévoles a permis de mettre en place cet espace, d'éviter la diffusion du virus à d'autres personnes, et d'offrir à ces personnes malades des conditions favorables à leur guérison ", explique Valéry Zuinen, directeur général de la province. Des propos corroborés par Noëlle Darimont, coordinatrice générale du RSU. " Si cette crise est difficile pour nous tous, des aspects positifs s'en dégagent indéniablement. Et de notre côté, nous garderons à l'esprit cette belle collaboration entre nos services. "On ne quitte pas Namur, dont l'université, par le biais du Pr Benoît Muylkens, a mis au point une alternative aux tests dont les réactifs étaient en pénurie en plein coeur de la crise. Quinze jours après son lancement (le 17 mars, déjà), le test, fiable à 99%, qui repose sur une technique d'extraction d'ARN, est utilisé dans le monde entier : France, Angleterre, USA, Bolivie, Colombie, ... Le matériel de protection n'a pas été oublié et les " fab labs " des universités ont rivalisé d'innovation pour développer et produire des solutions pour lutter contre le Covid-19 et aider les professionnels de la santé. D'innombrables projets ont été mis sur pied, passant des masques respiratoires aux pousses seringues sans oublier les respirateurs. L'UMons a par exemple fabriqué des visières de protection pour le corps médical (hôpitaux, maisons de retraite, infirmières à domiciles, pharmaciens...), les agents de laboratoires, les pompiers, les policiers,... À Mons, la collaboration a également permis de mieux comprendre maladie : l'étude coordonnée par l'UMons et Epicura a montré, début mai, que les patients présentant une anosmie initiale associée à des symptômes légers de rhume sont bien infectés par le Covid-19. Le secteur de la recherche s'est mobilisé au-delà de Mons, évidemment, à la fois dans les établissements d'enseignement supérieur, dans les hôpitaux universitaires et dans les entreprises pour combattre la propagation du virus et ses impacts sur les malades mais aussi sur la société dans sa globalité. L'inventaire de toutes les initiatives a été mis en ligne par le FNRS, qui s'est chargé de la collecte, à l'initiative de l'Académie royale de médecine et de l'Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts. Résultat : pas moins de 248 contributions sont reprises sur le site www.covid19-wb.be. Les entreprises ne sont pas en reste. Pas forcément les grandes entreprises, mais bien les entreprises locales, les start-up et autres PME qui ont souffert du confinement. Le Wallonia eHealth Living Lab, notamment, a eu l'excellente idée de mettre en place une plateforme pour recenser les besoins des professionnels de la santé face à la crise, et mettre en lumière les solutions apportées par les entreprises, essentiellement wallonnes, actives en eSanté. On dénombre plus de 40 solutions sur la plateforme rejointe par le Lifetech.brussels et soutenue par Agoria, entre autres.