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C'est ce qu'il ressort de la dernière analyse de marché de Sirius Insight, un bureau spécialisé dans le domaine du géomarketing qui dresse chaque année depuis 2017 un bilan du marché belge des officines. Il se base pour cela sur les chiffres de l'AFMPS, croisés avec des jeux de données internes. " Un premier constat important que nous avons pu poser depuis que nous avons débuté ces analyses, c'est que la Belgique compte un très grand nombre de pharmacies ", commente Karolien Sottiaux, account manager chez Sirius. " Sur ce plan, notre pays se classe dans le top 10 européen. " La situation a pourtant bien changé ces quatre dernières années. " Le nombre total d'officines a beaucoup diminué, passant de 5.113 en 2017 à 5.030 en 2021. Le nombre de pharmacies actives, lui, est passé de 4.943 à 4.737 (-4,%) sous l'effet d'une combinaison de fermetures temporaires et définitives. " " On observe aussi que les pharmaciens sont de plus en plus nombreux - 170 en 2017 et pas moins de 293 en 2021 - à faire le choix d'une fermeture temporaire. Les raisons sous-jacentes sont très diverses: fins de carrière, transfert d'établissements déficitaires, pharmaciens qui suspendent leurs activités mais conservent leur numéro d'autorisation en vue d'une éventuelle fusion, etc. Avec le changement de législation qui se profile, ces numéros sont en effet intéressants pour redessiner le secteur. " La grande majorité des pharmacies fermées temporairement se trouvent en Wallonie (59%, contre 22% en Flandre et 19% à Bruxelles). Charleroi, Liège et Bruxelles sont les entités les plus concernées. Sirius Insight a aussi calculé pour chaque pharmacie belge un potentiel clients, sur la base d'un modèle de sélection. " Nous déterminons ainsi au sein de la population quelles sont les personnes qui fréquentent une officine donnée ", explique Karolien Sottiaux. " Ce choix n'est pas purement rationnel: la proximité est importante, mais ce n'est pas le seul aspect qui entre en jeu. " Sur cette base, les pharmacies sont réparties en trois groupes selon qu'elles présentent un potentiel clients faible, moyen ou élevé. " En Belgique, 41% des officines ont un faible potentiel clients (42% à Bruxelles, 51% en Wallonie et 36% en Flandre). Malgré les glissements des dernières années, les pharmacies wallonnes restent donc trop proches les unes des autres, en particulier dans les villes ; dans les campagnes, elles s'en sortent généralement mieux. En Flandre, on observe un tableau beaucoup plus logique. Il reste bien quelques pharmacies à faible potentiel dans les villes, mais le phénomène est beaucoup moins extrême que par exemple à Charleroi, Liège, Namur ou Mons. " Ces officines sont-elles pour autant vouées à disparaître? " Tant qu'elles sont rentables, rien ne les empêche évidemment de poursuivre leurs activités... mais il y a de grandes chances qu'elles puissent faire mieux à un autre endroit ", observe Karolien Sottiaux. " Cela dépend d'une combinaison de facteurs: le potentiel clients, les commerces voisins, la présence de médecins dans les environs, les axes de transit... s'il n'y a rien de tout cela, il peut être opportun de se demander s'il n'est pas plus intéressant d'aller s'installer ailleurs, même si cela demande un investissement. " Un nombre croissant de pharmaciens comprennent l'importance de cette réflexion commerciale, observe Karolien Sottiaux. " Ils font de plus en plus souvent appel à un expert pour les accompagner dans le choix d'un emplacement à la fois légalement défendable et intéressant d'un point de vue commercial. L'image, la taille, le service, l'offre et la fidélité des clients sont autant d'aspects auxquels les pharmaciens sont aujourd'hui plus attentifs. " Les fluctuations de marché observées par Sirius au cours des quatre années écoulées tendent peu à peu à équilibrer le secteur. " Sous l'effet concomitant de plusieurs forces parallèles (baisse du nombre de pharmacies, doublement du nombre de fermetures temporaires, nombreuses relocalisations), le paysage des officines est devenu beaucoup plus homogène qu'en 2017. Cela crée une situation plus saine aussi pour les pharmaciens déficitaires ", conclut Karolien Sottiaux.