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Comment le paysage des officines a-t-il évolué au cours des dernières années et plus précisément depuis la première édition de ce magazine, parue en 2008? Sirius Insight, spécialiste du géomarketing, conserve soigneusement toutes les données à ce sujet. Le point avec la gestionnaire de dossiers Karolien Sottiaux et l'analyste Arno Lemaire. Quelque 200 pharmacies ont disparu dans notre pays depuis 2008 - 6% du contingent à Bruxelles, 5% en Wallonie et 3% en Flandre. La baisse la plus marquée a été observée en province d'Anvers (-8%) et en province de Liège (-7%), tandis que le Brabant wallon, le Brabant flamand et le Limbourg ont vu leur offre gonfler de 3, 2 et 1% respectivement. "Nous n'avons pas immédiatement une hypothèse à avancer pour expliquer cette augmentation", commente Karolien Sottiaux. "La baisse en province d'Anvers peut être attribuée à une évolution naturelle sous l'effet de la disparition d'un certain nombre d'officines et d'un nombre plus important de transferts. La province de Liège, elle, compte encore et toujours un nombre extrêmement élevé de pharmacies en regard des besoins de sa population, ce qui explique qu'un certain nombre d'établissements aient fini par fermer leurs portes." Une officine sur cinq a déménagé entre 2008 et 2021 - une proportion conséquente, même s'il s'agit dans bien des cas de "petits" transferts à faible distance de l'adresse originale. C'est la Flandre qui occupe le haut du classement dans ce domaine, suivie par la Wallonie et la capitale. "Là aussi, on observe toutefois des différences considérables d'une province à l'autre", poursuit Karolien Sottiaux. "Il y a par exemple eu 30% de déménagements en province de Luxembourg, 29% dans le Brabant wallon, 23% dans le Limbourg et en Flandre-Orientale. C'est dans les provinces de Liège et du Hainaut que les transferts ont été les moins nombreux, peut-être parce que la situation y est assez complexe, avec des marges plus limitées et un faible potentiel clients, mais on observe tout de même ces dernières années une augmentation des demandes dans ces deux provinces." Globalement, ces déménagements ont débouché sur une déconcentration des officines, dans l'esprit de la loi de répartition. Karolien Sottiaux souligne toutefois que, dans les faits, celle-ci pouvait parfois être contournée. "La volonté de faire disparaître les concentrations d'officines n'était pas toujours servie par l'interprétation de la législation... mais avec les nouvelles règles qui viennent d'entrer en vigueur (voir page 10), il sera vraisemblablement plus compliqué pour les pharmaciens de trouver la bonne aubaine." Le nombre d'officines appartenant à une chaîne a plus que doublé entre 2008 et 2021, passant de 430 à un peu moins de 900. Ces pharmacies sont aujourd'hui réparties sur 24 chaînes, contre 16 en 2008. En termes de volume, cette progression est la plus marquée dans les provinces de Liège, du Hainaut, de Flandre-Orientale et d'Anvers. "Si les pharmaciens sautent le pas et rejoignent une chaîne, c'est surtout pour pouvoir se concentrer davantage sur leur métier et pour accroître leur marge bénéficiaire", note Karolien Sottiaux. "Il n'est donc pas tout à fait étonnant que les provinces de Liège et du Hainaut soient particulièrement concernées." Les chaînes gagnent toutefois du terrain dans tout le pays. En Wallonie, elles représentent 31% de l'ensemble des officines, contre 14% en Flandre et 23% à Bruxelles. À l'échelon du pays, 21% des pharmacies appartiennent désormais à une chaîne, contre 8% seulement en 2008.