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Un document du groupe de travail vaccination expose comment sera déployée dans la pratique la stratégie d'immunisation - qui reste elle-même un chantier en cours, où subsistent encore nombre d'inconnues. Il est déjà établi que la campagne s'articulera en plusieurs étapes, mais des points importants pourraient encore être adaptés en fonction de l'arrivée de nouveaux stocks ou de nouvelles informations. L'EMA devrait remettre son avis le 29 décembre pour le vaccin développé par Pfizer, qui serait alors le premier à arriver sur le marché au mois de janvier. Ceci permettrait d'entamer la vaccination début 2021 dans les maisons de repos et de soins. De par les caractéristiques spécifiques du vaccin Pfizer, le fournir directement aux maisons de repos s'annonce toutefois difficile. Selon toute vraisemblance, le producteur se chargera donc lui-même de livrer les vaccins aux hôpitaux, qui disposent de l'infrastructure nécessaire pour les conserver à -75°C. Les établissements de soins qui possèdent une capacité de stockage d'au moins 1.000 flacons feront office d' entrepôts décentralisés. Les officines hospitalières peuvent se charger de préparer les vaccins suivant la marche à suivre du fabricant et de les répartir en doses individuelles - d'après le plan, l'AFMPS allait, début décembre, affiner cette procédure en concertation avec les pharmaciens hospitaliers, en s'appuyant sur les informations du fabricant. C'est là que les accords de collaboration existants entre les hôpitaux et les maisons de repos et de soins vont une nouvelle fois devoir démontrer leur utilité. La livraison du matériel de vaccination (p.ex. seringues) sera coordonnée par l'AFMPS. Elle sera assurée par une firme spécialisée unique (Medista) au cours des premiers mois. Dans un second temps, la Belgique se dotera également de structures de stockage centralisées. Les résidents et le personnel des maisons de repos et de soins seront vaccinés en priorité. Ces personnes figurent en tête de la phase 1a, au cours de laquelle seront également immunisés tous les professionnels des soins, y compris en première ligne - et les pharmaciens en font partie. Les stagiaires en formation bénéficieront du même niveau de priorité. Les services de médecine du travail auront leur rôle à jouer à ce stade, mais les centres de tri et de test installés à proximités des hôpitaux aussi pourraient être rapidement mobilisés. On pourra aussi s'appuyer dans les MRS, dans les hôpitaux et en première ligne sur les scénarios qui existent déjà pour la vaccination contre la grippe. Dans l'état actuel des choses, l'AFMPS pense qu'environ 340.000 personnes pourraient être vaccinées en janvier, 210.000 en février et 620.000 en mars, compte tenu du fait qu'une vaccination complète nécessite deux doses. La phase 1b pourrait débuter fin février-début mars, estime encore la task force. Elle s'adressera en premier lieu aux plus de 65 ans (2 millions de personnes), en commençant éventuellement par les groupes les plus âgés. Suivront les 45-65 ans porteurs d'une maladie chronique sous-jacente (1,3 million de personnes), puis les métiers " essentiels ". Au cours de cette phase 1b, un rôle de premier plan pourrait être dévolu aux centres de vaccination - il peut s'agir des centres de test et de tri existants, qui ont évidemment une longueur d'avance pour s'acquitter de cette mission, mais aussi de nouveaux centres de grande envergure. On estime qu'au total, le groupe concerné par les phases 1a et 1b représente environ 4 millions de personnes. À ce stade, le but est qu'elles soient toutes vaccinées d'ici juin. La possibilité de livrer les vaccins directement aux centres de vaccination dans le futur doit toutefois encore être explorée de façon plus précise. Dans une optique de prévention des infections, il semble en effet préférable de ne pas maintenir de contacts trop intensifs entre les officines hospitalières et les centres de vaccination, mais cela suppose évidemment de former du personnel au niveau de ces derniers. Quant à savoir si les différents groupes seront vaccinés de façon séquentielle ou si les phases peuvent se chevaucher, cela dépendra du nombre de doses disponibles à un point donné dans le temps, mais aussi de l'utilisation optimale de la capacité de vaccination. Le plan reste très vague sur le moment où pourrait débuter la phase 2 (vaccination du reste de la population) et sur ses modalités exactes. On peut espérer disposer d'ici mi-2021 de plusieurs vaccins, qui ne devront pas tous être stockés à très basse température et dont certains seront peut-être disponibles en doses individuelles. Enfin, plusieurs programmes de recherche seront lancés pour suivre le taux de vaccination, dresser le tableau des effets secondaires, etc. La Belgique participera également aux programmes d'évaluation européens. Dans un souci de transparence, les résultats seront rendus publics.