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Des études modélisées par logarithmes (in silico) ont permis de sélectionner des plantes potentielles qui ont un intérêt dans le cadre de la prévention et du traitement des infections respiratoires. Certaines ont fait l'objet de nombreuses études in vitro, puis en phase clinique sur des cohortes de patients souffrant d'infections respiratoires aiguës. Une méta analyse1 s'est intéressée aux plantes et champignons qui montrent un effet bénéfique significatif et à leur innocuité: 1. Phytoth Res, 29 décembre 2020, Th. Brendler et al. Originaire d'Afrique de sud, le rhizome du Géranium du Cap a été introduit en Europe en 1997, sous la forme d'un alcoolat glycériné portant le nom déposé "Umckaloabo", un terme zoulou voulant dire "toux sévère". Deux composants intéressent les chercheurs: ? Les tannins (pro anthocyanidines) qui ont la capacité d'interférer sur l'adhésion virale et bactérienne des cellules épithéliales hôtes en stimulant la fréquence des battements ciliaires permettant l'interruption du cycle de l'infection. ? Les coumarines ( umckaline) qui augmentent la production et la libération du TNF ( tumor necrosis factor) induisent la production d'interféron, l'induction du NO microbicide, et activent les cytokines et les macrophages. Ces propriétés confèrent au Pelargonium une activité antigrippale (influenza H1N1, H3N2), une activité antivirale vis-à-vis des Coxsackie A9, du coronavirus humain (Hco-229E) et du virus respiratoire syncytial (VRS). En pédiatrie, les propriétés antivirales du Pelargonium permettent de prévenir une exacerbation asthmatique provoqué par le virus syncytial. Très bien toléré, son excellent profil lui donne toutes ses chances pour une investigation clinique future. Ce sont les longues racines (bois de réglisse) de cette fabacée qui intéressent les chercheurs. Elles contiennent principalement des sucres (amidon, glucose, saccharose) mais également des coumarines, des saponosides triterpéniques, des stérols, du calcium et du potassium. Dans le cadre de l'étude du SRAS-CoV-2, c'est l'acide glycyrrhizique et son aglycone l'acide glycyrrhétinique, principaux métabolites de la glycyrrhizine de l'écorce, qui ont été étudiés. On sait que la protéine S du SRAS-CoV-2 se lie au récepteur de l'ACE2. Des études d'amarrage (l'affinité de liaison calculée par ordinateur entre deux molécules après leur liaison) montrent que l'acide glycyrrhizique peut cibler le récepteur ACE2 et prévenir l'entrée du SRAS-CoV-2 dans les cellules hôtes (Chen et DU, 2020) Mais des recherches sont nécessaires pour investiguer l'entrée du SRAS-CoV-2 dans les cellules in vivo. D'autre part, l'acide glycyrrhizique et son aglycone l'acide glycyrrhétinique sont des inhibiteurs de la 11 ß-hydroxy-stéroïde déshydrogénase, une enzyme de métabolisation de la cortisone et de l'aldostérone, ainsi l'élimination des corticostéroïdes est ralentie et l'effet anti-inflammatoire prolongé. Il a été démontré qu'il renforce l'action de l'hydrocortisone. Ce qui suggère une co-administration de l'acide glycyrrhizique et de l'hydrocortisone afin de diminuer plus rapidement l'inflammation pulmonaire. A doses élevées, il existe des effets secondaires (hypokaliémie, hyponatrémie, oedème, hypertension artérielle). Des études sont nécessaires pour évaluer la balance bénéfice-risque de la réglisse. De la famille des Acanthacées, cette herbacée annuelle est originaire d'Asie tropicale et d'Inde. Les substances phyto-actives, les andrographolides appartenant au groupe des lactones, intéressent les chercheurs pour leurs propriétés antivirales à large spectre dans diverses pathologies: Influenza, hépatite B, hépatite C, Herpès simplex, Epstein-Barr, HIV, et contre le Chikungunya. Le mécanisme d'action est exceptionnellement large: inhibition de l'entrée du virus dans la cellule, inhibition de la synthèse des protéines essentielles du virus, réduction de la signalisation des récepteurs dans la cellule hôte, augmentation des lymphocytes T CD4, et inhibition de la réplication virale. Des études in silico indiquent une inhibition potentielle par l'andrographolide de la principale protéase du SRAS-CoV-2, la M-PRO qui joue un rôle clé dans la réplication et la transcription virale. Une étude d'amarrage décrit un score d'affinité prononcé pour la région inhibitrice de la M-PRO. Des études in vitro et cliniques permettront de confirmer cet effet bénéfique. Parmi les autres plantes qui attirent l'attention des chercheurs dans le cadre du SRAS-CoV-2, citons les plantes bien connues du pharmacien: ? Le Curcuma longa ? Le Boswellia serrata ? Les champignons: Pleurotus ostreatus, Ganoderma, Inonotus, Ophiocordyceps, Grifola frondosa riches en ß 1,3/1,6 glucanes.