Si les pharmaciens qui cherchent à céder leur officine peinent rarement à trouver des candidats, ces derniers doivent au contraire souvent s'armer de patience, d'autant que la procédure n'est pas de celles qui se règlent en deux coups de cuiller à pot. Le candidat repreneur devra aussi tenir compte d'une foule d'éléments. Voici la marche à suivre.
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Comme vous le savez certainement, il n'est pas possible, dans notre pays, d'ouvrir une nouvelle officine sans autre forme de procès . Les officines ouvertes au public sont en effet soumises depuis 1974 à une loi de répartition, qui a été adaptée et actualisée au début de cette année par un arrêté royal daté du 16 janvier 2022. Le texte stipule qu'une nouvelle entité ne peut être créée que sur la base de critères démographiques et géographiques - une mesure qui a permis à l'époque de freiner sensiblement l'évolution du nombre de pharmacies, mais qui n'a pas suffi à éviter la survenue d'une pléthore. C'est pour cette raison qu'a été introduit en 1999 un moratoire sur le nombre d'officines qui est ainsi passé de 5.277 en 1999 à 4.656 en 2022. "Entre-temps, le moratoire a été prolongé jusqu'au 7 décembre 2024. Jusqu'à cette date, la loi n'autorise donc plus la création d'aucune nouvelle pharmacie", résume Koen Straetmans, président de l'APB. Pour les pharmaciens qui souhaitent s'installer, la seule possibilité est donc actuellement de reprendre une officine existante. Les modalités qui président à cette opération et à son autorisation sont fixées par l'AR du 13 avril 1977 AR fixant les règles permettant de déterminer la valeur de transmission des officines pharmaceutiques et de surveiller cette transmission. Pour pouvoir ouvrir une pharmacie, il est nécessaire de disposer d'une autorisation. Une question importante est ici de savoir qui en est le propriétaire. Il peut en effet s'agir du pharmacien lui-même, mais aussi par exemple d'une société, qui devra alors désigner un pharmacien titulaire. L'exploitation de l'officine n'est pas possible tant que cette formalité n'a pas été réglée. Pour savoir qui sont les pharmaciens qui souhaitent céder leur officine, vous pouvez consulter les annonces publiées sur le site de l'APB, mais aussi par exemple les sites de bureaux spécialisés dans la reprise d'entreprises ou les plateformes de reprise en ligne. Ces bureaux et plateformes publient des listes d'officines disponibles, mais se chargent aussi de guider les vendeurs et repreneurs tout au long de la procédure. Le coût de la vente et de l'accompagnement dépendra de la pharmacie et du dossier ; la localisation, la taille et le chiffre d'affaires sont à cet égard des facteurs déterminants. Le site plateformedetransmission.be repose sur l'expertise de l'union des entrepreneurs indépendants Unizo et publie notamment des annonces pour la reprise d'officines. L'outil s'adresse aussi bien aux candidats acheteurs qu'aux vendeurs, qui y trouveront une foule d'informations générales, de conseils pour la reprise d'entreprises et de témoignages. Dans la mesure où la valeur attendue d'une pharmacie dépasse souvent le demi-million d'euros, il est relativement fréquent que les deux parties choisissent de faire appel à l'accompagnement d'un bureau spécialisé. Une fois dénichée l'officine de vos rêves, une feuille de route détaillée vous aidera à traverser sans encombre toutes les étapes de la procédure. Tout d'abord, le bureau de reprise va se charger d'évaluer la valeur de l'entreprise, ce qui est évidemment indispensable pour en fixer le prix. L'étape suivante sera la rédaction d'un mémorandum d'information dont, en tant que candidat acheteur, vous pourrez prendre connaissance moyennant la signature d'un engagement de confidentialité. Ce document comporte une description détaillée de la pharmacie, avec notamment des informations sur le bien immobilier, le propriétaire, le titulaire d'autorisation, le chiffre d'affaires... Par ailleurs, l'activité d'une pharmacie ne se borne pas à la vente de médicaments: elle proposera souvent aussi des dispositifs médicaux, des produits de soins, de santé ou de régime et même parfois des prestations extramuros. Ce sont évidemment des données qui intéressent au plus haut point les candidats repreneurs, puisque ces activités contribuent à déterminer les marges. La localisation de l'officine aussi a toute son importance et le mémorandum d'information comportera donc aussi des renseignements concernant la population des environs immédiats et l'éventuel potentiel de croissance - des données qui sont, là encore, essentielles pour l'acheteur. Il existe deux possibilités pour reprendre une pharmacie, et ce choix aura un impact déterminant sur le prix. En cas de rachat des parts de la société, celle-ci continue à exister et ses parts sont simplement transférées au repreneur en échange d'un prix convenu. En cas de reprise du fonds de commerce, au contraire, celui-ci est transféré dans son intégralité au nouveau propriétaire dans le cadre d'une nouvelle société. "Une fois la transmission concrète finalisée, vous avez l'obligation de communiquer cette modification à l'Agence Fédérale des Médicaments et des Produits de Santé (AFMPS)", précise Koen Straetmans. À partir du moment où vous avez repris l'officine, vous êtes largement libre d'y apporter vos propres accents. Vous pouvez ainsi décider vous-même de la manière dont vous l'aménagez mais aussi de ce que vous y proposez, à condition évidemment de vous tenir aux règles qui s'appliquent à la vente de certains produits. Vous avez aussi le droit de changer le nom de la pharmacie en concertation avec l'ancien propriétaire. Dans les faits, c'est toutefois assez rare, puisqu'il serait bien dommage de se priver de la notoriété que l'adresse a déjà auprès des clients. "En tout état de cause, toute modification administrative devra obligatoirement être communiquée à l'AFMPS", souligne Koen Straetmans en guise de conclusion.