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Début septembre, nous avons déjà évoqué certaines opinions sur le partage de l'information et des tâches, notamment entre pharmaciens et médecins.À tout seigneur, tout honneur : la fonction 'pharmacien de référence' est largement plébiscitée par nos répondants, 87% se déclarent en effet tout à fait d'accord ou plutôt d'accord avec l'affirmation " Je trouve que le pharmacien de référence est un bon concept ". Ce qui tend à correspondre aux derniers chiffres signant le succès de cette nouvelle mission puisqu'après deux ans d'existence, 800.000 personnes ont conclu une telle convention." Quand on voit ce chiffre (87%), on comprend pourquoi ce service a autant de succès auprès de la population et c'est un bon signal que les pharmaciens donnent : ils se rendent compte que l'évolution de la profession va de plus en plus vers la prestation de services à valeur ajoutée. Dans ce contexte, le pharmacien de référence est une étape très importante. Nous sommes déjà en train de réfléchir à d'autres services (revue de médication...). La SSPF (Société scientifique des pharmaciens francophones) et l'IPSA (Instituut voor permanente studie voor apothekers) ont organisé des formations sur la revue de médication. Cela veut dire qu'on a anticipé et qu'on a une bonne coordination entre francophones et néerlandophones, avec les instituts de formation, pour mettre à disposition des pharmaciens des formations adéquates ", commente Alain Chaspierre, président de l'APB.66% des répondants se déclarent d'accord ou plutôt d'accord avec cette affirmation. Mais 10% la réfutent totalement." Il y a eu beaucoup d'études parues sur le manque de preuve d'efficacité de l'homéopathie ", estime-t-il. " On voit aussi que les universités n'enseignent pas trop cette branche. Pour moi, à partir du moment où les gens souhaitent avoir recours à l'homéopathie et que le pharmacien met les balises, c'est-à-dire vérifie les raisons de la demande et voit s'il ne faut pas autre chose ou référer vers un médecin, c'est une question de choix. On est un peu dans une période mitigée par rapport à l'homéopathie et je comprends que des pharmaciens s'en inspirent. "57% sont d'accord avec cette affirmation." On sait à quel point la garde est parfois vécue difficilement par les pharmaciens et on peut le comprendre avec le phénomène du night shopping. Le nouveau système va se mettre en place, l'honoraire de disponibilité est entré en vigueur ce 1er novembre ", constate Alain Chaspierre. " La grande majorité des pharmaciens se disent satisfaits, je m'attendais à ce que ce soit plus négatif, mais il ne faut pas nier les 40% qui ne sont pas contents. Pour moi, c'est un service essentiel à la population et spécifique des pharmaciens. Aujourd'hui, on réfléchit sur le devenir, notamment avec les postes de médecine générale de garde. "65% sont d'accord avec cette affirmation." On ne peut nier le sentiment d'insécurité grandissant dans les officines, admet-il. Je ne suis donc pas étonné quand je vois ce chiffre. Il y a eu beaucoup de démarches pour la sécurité dans les pharmacies, notamment de l'APB auprès du ministère de l'intérieur, mais elles sont un peu en stand-by vu la situation politique. L'APB a réalisé une Tool box pour donner aux pharmaciens une série de conseils, entre autres pour aménager la pharmacie".57% sont d'accord avec cette affirmation." Il y a tout un débat sur le nombre d'officines. Certains pharmaciens estiment que l'APB ne soutient plus les petites pharmacies, ce qui est une contrevérité dans le sens où nous veillons justement à ce qu'il y ait des systèmes qui permettent d'assurer leur pérennité ", s'insurge Alain Chaspierre. " Beaucoup de pharmaciens ont compris qu'on doit faire face à une réalité économique. Par exemple, quand les banques affirment que si une officine a un chiffre d'affaires inférieur à 500.000 euros, il leur est difficile de proposer un financement pour un jeune repreneur. "" Dans le contexte de la pharmacie 3.0, notre message c'est de trouver le modèle de collaboration voire d'intégration permettant d'avoir une pharmacie de taille un peu plus grande, pour offrir des services et avoir en stock plus réactif. Je ne dis pas que c'est le modèle qu'il faut pousser à tout prix, il faut garder un équilibre entre ce qui est une des forces du secteur c'est-à-dire l'accessibilité et la taille économique suffisante pour faire face au futur. Il faut reconnaître que, dans certaines villes, il y a parfois une surconcentration d'officines et que des regroupements pourraient être plus efficients, c'est un message qui n'est pas toujours facile à entendre. Si on ne fait rien, on va se retrouver en fin de carrière avec un outil de travail qui ne sera pas valorisé. C'est peut-être cela le défi aujourd'hui. "48% sont plutôt d'accord avec cette affirmation." Je ne m'attendais pas à ce chiffre ", reconnaîtil. " La pharmacie vit dans un monde en pleine mouvance où il faut se réinventer. L'APB y travaille énormément, la législature a été très difficile par rapport à certaines législations et libéralisations, parfois c'est beaucoup de travail pour peu de résultats visibles, nous ne communiquons pas sur tout. On doit prendre aujourd'hui les bonnes initiatives pour le futur qui sera beaucoup plus axé sur les compétences du pharmacien, souvent encore sous-exploitées. Il y a une forme d'incertitude et je comprends que certains ne s'estiment pas assez défendus par rapport à certaines évolutions sociétales qui dépassent souvent le cadre de la Belgique. "" Je veux lancer un message d'optimisme en disant que beaucoup d'étapes sont franchies et que beaucoup vont l'être progressivement, qu'il y a un travail de fond, que la fonction pharmacien de référence est appréciée, même à l'international, mais que d'autres arrivent (prévention...). L'image du pharmacien seul dans sa pharmacie fait un peu partie du passé : l'APB développe un guide pour aider à mieux collaborer et à être plus efficient. Nous devons prouver nos capacités à faire évoluer les choses, c'est pour ça qu'on fait tant de projets pilotes, notamment dans le contexte de la pharmacie 3.0 ", conclut Alain Chaspierre.