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Fin 2018, l'Ares (Académie de recherche et d'enseignement supérieur) avait remis un avis favorable aux demandes d'habilitation pour organiser un programme de master en Sciences pharmaceutiques déposées par les deux universités et, en mai 2019, elles ont été approuvées par le Parlement de la Fédération Wallonie Bruxelles. Rendez-vous avait alors été pris pour la rentrée académique 2020-2021. Aujourd'hui, malgré le confinement, les premiers bacheliers ont été accueillis à l'UMons et à l'UNamur pour entamer leur master en pharmacie. Dans les deux villes, les étudiants étaient très impatients de pouvoir poursuivre leurs études là où ils les avaient commencées, 80 à 100% déclarant vouloir rester fidèles à leur université. Combien sont-ils aujourd'hui ? " Début octobre, entre 66 et 70 bacheliers étaient inscrits en master, le nombre maximum tournera autour de 75, apprend le Pr Jean-Michel Dogné, directeur du département de Pharmacie de l'Université de Namur. Nous souhaitions avoir une cinquantaine d'étudiants en master, on est donc au-dessus de nos prévisions. Mais il est difficile de donner des pourcentages des bacheliers qui restent chez nous parce qu'aujourd'hui, peu d'étudiants ont un parcours vertical ". En effet, il y a ceux à qui il reste moins de 15 crédits sur les 180 des 3 bacs qui peuvent déjà s'inscrire en master et qui, cette année, peuvent donc rester à Namur. Cela concerne une vingtaine d'étudiants. Ensuite, il y a ceux qui doivent encore passer 30 crédits sur ces 180 qui s'inscrivent en bachelier mais qui peuvent déjà suivre des cours en master. On pourrait ainsi considérer qu'au total 90 à 95 étudiants suivront le master dans la capitale wallonne. A Namur, 435 étudiants sont globalement inscrits en sciences pharmaceutiques (pour les 3 bacs). " Ce chiffre qui a été en augmentation avec l'instauration de l'examen d'entrée en médecine s'est aujourd'hui stabilisé. D'habitude, on tourne autour de 350-400, on atteindra peut-être 450 cette année ", note-t-il. L'UNamur organise ce master en codiplômation avec l'UCLouvain où se donne le cours à option sur la délivrance et qui prend aussi en charge l'organisation des stages en officine. " Les étudiants en master 1 se disent enchantés tant des enseignants, des cours que des horaires proposés, avoir 70 étudiants en master permet d'assurer les cours en présentiel à temps plein. On a adapté les horaires pour avoir un système d'enseignement un peu différent avec travaux pratiques ou dirigés le matin et cours l'après-midi ". Les enseignants engagés viennent du privé, de l'industrie, du système régulatoire (AFMPS, EMA) ou de l'hôpital, presque tous avec une expérience dans l'enseignement. L'enseignement sera connecté avec l'actualité, explique le Pr Dogné : " L'idée est d'organiser des séminaires sur des sujets particulièrement informatifs sur la pharmacie d'aujourd'hui et de demain : la gestion du stress, la pharmacie verte, ou encore la gestion des malades en période de pandémie, une question qu'on ne se posait pas avant ". " 25 bacheliers sont inscrits en master, dont un cinquième vient de l'extérieur : ce nouveau master a attiré des étudiants intra- et extra-européens. Il faut le temps que la machine se mette en route mais je pense que tout le monde est satisfait par ce chiffre ", commente le Pr Bertrand Blankert, responsable de la section Sciences pharmaceutiques de la Faculté de médecine et de pharmacie de l'UMons. " Maintenant, il est difficile de dire précisément qui se trouve en quelle année mais, pour l'ensemble des trois bacheliers en pharmacie, on a une augmentation du nombre d'étudiants (presque 15%), soit 370 au total en pharmacie (bac et master). C'est positif parce que cela veut dire qu'ils alimenteront facilement le master ". Mons compte aussi une dizaine d'étudiants qui ont encore 30 crédits pour terminer leur bachelier et qui peuvent donc suivre quelques cours en master. Les débuts se passent bien, avec l'engagement de 3 nouveaux enseignants : 2 par l'UMons et 1 par l'ULB, plus trois assistants, soit au total 6 personnes pour organiser ce master. " Ils ont tous un passé académique. L'enseignant de galénique a passé plus de 20 ans dans l'industrie et un autre revient d'un postdoc au MIT aux États-Unis. La troisième qui donne cours de pharmacie clinique a été très impliquée dans la formation continuée des pharmaciens. L'étudiant ne devra pas voyager, tout est localisé à Mons et, pour l'instant, nous sommes en code jaune donc comodal (présentiel et distanciel) et les TP sont en présentiel ", indique-t-il. Pour accueillir ce nouveau master, l'université de Mons a fait d'importants investissements dans l'infrastructure. " Comme nous sommes en Faculté de médecine et pharmacie, il y a une officine pédagogique pour les pharmaciens et un cabinet médical pour les médecins et les deux sections peuvent faire des jeux de rôle dans ces deux espaces de simulation connectés qui permettent des interactions avec les étudiants et les enseignants ". " Grâce à l'officine pédagogique, on pourra répondre aux nouvelles missions qui sont attribuées aux pharmaciens. Vaccination, pharmacie verte... sont des choses qu'on implémentera directement dans l'enseignement grâce à la présence de l'enseignante en pharmacie clinique. En même temps, on ne peut pas anticiper les modifications légales relatives à ce qu'un pharmacien peut ou pas faire à l'officine (vaccination) ". Bertrand Blankert donne encore l'exemple du " masque 19 " : " Pendant la crise du Covid, on a demandé aux pharmaciens d'être le premier point de contact pour les victimes de violences conjugales. Ils ont été tout à coup mis à contribution, sans formation préalable. Ils devront être formés pour réagir face à cette situation totalement nouvelle pour eux. Il sera intéressant de l'intégrer dans le cursus. De nouveau, ici, l'outil officine pédagogique va permettre une mise en situation concrète et pourquoi pas collaborer avec la Faculté de psychologie pour cette formation ? ".