" L'industrie pharmaceutique est la seule à allier systématiquement valeur ajoutée, croissance, emploi et une grande productivité. Dès lors, notre message est: valorisons ces qualités au profit du patient. Ne tuons pas la poule aux oeufs d'or. "
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Caroline Ven, CEO de pharma.be, l'Association générale de l'industrie du médicament, indique qu'en 2022, la Belgique a encore renforcé sa position de leadership pharmaceutique. Un succès vraisemblablement attribuable aux actions passées, mais l'avenir s'annonce menaçant à plus d'un titre. Caroline Ven: " Il y a 25 ans, l'Europe assurait la moitié de la production mondiale de médicaments innovants, pour seulement un cinquième aujourd'hui. Les USA et l'Asie - en particulier la Chine - ont gagné du terrain. La délocalisation des investissements restent un problème général. La Belgique s'en sort bien à ce jeu, mais notre pays valorise mal ses médicaments innovants. Seule une petite moitié des nouveaux médicaments approuvés par l'Agence européenne des médicaments (EMA) au cours des quatre dernières années se voient remboursés dans notre pays, pour 60% à 70% chez nos voisins, voire près de 90% en Allemagne. " Ce qui n'empêche pas la Belgique d'occuper la plus haute marche du podium en termes de R&D, avec plus de 500 études cliniques par an. " Quel cynisme que cette position ne bénéficie qu'à une minorité de patients! D'autant que les entreprises investissent évidemment plus facilement dans des pays où ces nouveaux médicaments atteignent le patient ", déplore Caroline Ven. L'Inami a établi une feuille de route comprenant des mesures permettant l'amélioration des médicaments, ainsi que leur remboursement. Caroline Ven y voit un signal positif, mais souligne toutefois les nombreux manqu ements inhérents aux propositions. " Mener cette mission à son terme risque de réduire encore l'accessibilité à la médication en bousculant certains équilibres. Sans marcher de concert avec l'industrie vers un pacte global, on risque le 'picorage' "! Le bât blesse notamment dans les limites imposées quant au prolongement des conventions permettant d'accélérer, pendant un temps donné, la commercialisation des médicaments innovants, dans le but de s'assurer de leur réelle plus-value, comparés aux traitements existants. " Le système fonctionne grâce à cette abondante innovation. Les plafonds de volume impliquent aussi une compression du prix. L'entreprise accepte ces réductions et plafonds tant que règnent encore des incertitudes cliniques et budgétaires, notamment quant aux nombres de patients concernés. Pour les autorités, ces remboursements venus de l'industrie font du bien au budget. Les entreprises remboursent en effet 1,3 milliard d'euros à l'Inami chaque année, mais du fait de ce mécanisme, le coût d'un médicament conventionné ne reflète plus sa valeur. Une fois cette convention arrivée à son terme, le coût conventionné risque bien de devenir le prix final. Dans de telles conditions, les entreprises rechignent à signer des accords. À l'international, la Belgique constitue une référence en matière de tarification et cette situation peut donc mener à une vraie guerre des prix ailleurs, guerre à laquelle ne veulent plus participer les entreprises, qui préfèrent ne pas monter dans le train. Si celles-ci ne parviennent pas à un accord avec l'Inami et que l'on n'est pas prêt à indemniser correctement n'est immédiatement le médicament, nous prenons le risque que ce petit pays doive sans arrêt attendre avant la commercialisation d'un produit. Il y a là un réel danger. Il faudrait tout simplement accepter l'indemnisation dès lors que le produit profite à plus de patients. Dans le cas contraire, une prescription plus adaptée s'impose. " Sur l'échiquier international, notre pays se bat pour une accessibilité toujours plus grande des médicaments. C'est une bonne chose, assure l'intéressée, " car les obstacles structurels et le manque de formes alternatives posent un réel problème. Partager les médicaments en temps de crise, voilà une solution pertinente. Au cours de celle du covid-19, on a ainsi été plus vite confrontés au manque de médicaments de base. L'industrie est alors venue à la rescousse pour les amener à nous. Nous n'avons laissé tomber aucun patient! " La production massive de médicaments en Europe se heurte toutefois aux coûts élevés de l'énergie et des salaires. " Le prix que nous payons, dans une perspective d'autosuffisance, peut atteindre des niveaux inattendus. Cela n'est pas toujours possible. Il faut surtout mettre la priorité sur des systèmes logistiques efficaces, un marché ouvert, une vue claire sur les flux et le maintien des activités innovantes. Dans la présente réforme fiscale, nous demandons dès lors de ne pas toucher aux activités innovantes de notre industrie. La remise en question de la propriété intellectuelle, comme dans la discussion sur les licences obligatoires, nuit aux investissements en R&D, d'autant plus en cas de prix élevé et de mauvais remboursement. " Selon pharma.be, limiter toutefois l'exportation des médicaments essentiels en cas de pénurie en Belgique fait sens, à condition que la décision reste administrativement fluide, que l'on évite les automatismes et que l'on ne dresse pas cette liste de médicaments essentiels à la légère.