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Le Pr Didier Pittet (Hôpital universitaire de Genève), l'instigateur et le promoteur de l'hygiène des mains pour le Programme de contrôle des infections de l'OMS, s'attache toujours à répondre aux attaques par la science et la logique. Ainsi, dans une lettre envoyée au Lancet Infectious Diseases, parue en octobre 2018, il fustigeait les mauvaises interprétations pouvant conduire les professionnels de santé à baisser la garde et dès lors, exposer les patients au risque infectieux.L'étude en question (S. Pidot et al) a comparé la tolérance d'isolats d'Enterococcus faecium, récoltés entre 1997 et 2015, à une SHA à 23%, et a trouvé que certaines souches récentes étaient plus tolérantes à l'alcool. Or, précise le Dr Pittet, " les SHA utilisées en hôpital contiennent 60 à 90% d'alcool. Il n'y a pas de preuve de résistance à cette concentration, donc une tolérance à une SHA à 23% n'est cliniquement pas pertinente. (...) Les hôpitaux doivent choisir des formulations de SHA de grande qualité et validées et encourager des taux élevés de compliance à l'hygiène des mains parmi leurs personnels de santé afin de diminuer les taux d'infections liées aux soins et la dissémination de la résistance aux antimicrobiens. "" Une bonne recherche est souvent victime d'une mauvaise interprétation ou de distorsion ; si ces dernières génèrent de l'attention, elles peuvent faire plus de mal que de bien ", poursuit-il. " (...) Ainsi, la version en ligne de l'article du Science Translational Medicine a été sous-titré 'l'alcool perd son éclat'... Par ailleurs, le communiqué de presse de l'American Association for the Advancement of Science a été titré 'Les superbactéries hospitalières deviennent résistantes aux désinfectants alcooliques'. Il s'agit de fausses affirmations, compte tenu que la solution hydro-alcoolique fait partie de la liste des médicaments essentiels de l'OMS et qu'elle sauve des millions de vies dans le monde chaque année. "" Mal interpréter la pertinence des résultats des études de laboratoire peut avoir des conséquences négatives majeures. La route entre un peu de sensationnalisme et une distorsion totale est aussi dangereuse que courte ", concluent le Dr Pittet et ses collègues. Moralité : on continue comme avant et on rassure tout le monde quant à l'intérêt de la SHA.