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Stéfanie Quennery, pharmacienne hospitalière à Saint-Luc, a brossé quelques initiatives mises en place par les pharmaciens hospitaliers dans le contexte des soins ambulatoires : " Il y a une dizaine d'années, il n'y avait pas vraiment de place pour un guichet. Aujourd'hui, d'année en année, de plus en plus de médicaments sont délivrés par la pharmacie hospitalière, ce qui nécessite une adaptation et un espace de confidentialité ".Une adaptation qui passe aussi par la façon de conseiller les patients. " Par exemple pour la PMA, les médicaments sont délivrés par les officines hospitalières mais, comme elle suscite beaucoup de questions, on a fait des fascicules informatifs pour appuyer le conseil. Pour les thérapies orales anticancéreuses, nous avons des brochures (mode d'emploi, effets indésirables...) que le pharmacien donne lors de la délivrance ".Aux Cliniques Saint-Luc, on trouve également un pharmacien à la consultation mucoviscidose (mise au point d'un jeux éducatif pour améliorer l'adhérence au traitement) ou encore au Centre de la douleur chronique (anamnèse médicamenteuse, vérification de la compréhension du mode de prise des médicaments, explication des concepts de tolérance et de dépendance aux opiacés, analyse du rapport du patient à ses médicaments pour comprendre les comportements compulsifs...).Devant la multiplication des situations nécessitant des conseils spécifiques, un groupe de travail de pharmaciens hospitaliers s'est constitué pour mutualiser les fiches informatives, afin que chacun ne passe pas son temps à refaire les différents documents.Ensuite, on trouve des pharmaciens dans plusieurs unités de soins où ils travaillent avec les équipes multidisciplinaires : " Pour un certain nombre de patients, on fait une information pour la sortie et une note pharmaceutique dans la lettre de sortie adressée au médecin traitant. Depuis 2012, le pharmacien fait le tableau de sortie des patients en gériatrie, ce qui permet de faire le lien avec les officines ouvertes au public. Nous devons prioriser les patients (fragiles, maladies orphelines, mode d'administration spécifique...) parce qu'il n'est pas possible de donner de l'information individualisée à chacun et parce que les ressources ne sont pas suffisantes "." Pour l'instant, conclut Stéfanie Quennery, la communication avec la première ligne reste difficile. Aujourd'hui, il y a les fiches médicales que les patients utilisent et montrent à leur pharmacien d'offi cine, il y a les tableaux de sortie et de médicaments qui peuvent être un lien avec la première ligne mais la digitalisation sera très importante pour gagner en effi cacité ".Deux pharmaciennes de l'hôpital Erasme sont venues parler de la nutrition parentérale en ambulatoire et de l'éducation du patients VHC (voir en Une).Les patients sous alimentation parentérale à domicile sont de plus en plus nombreux : " À l'hôpital Érasme, en 10 ans, leur nombre a doublé, passant de 34 en 2007 à 71 en 2017 ", précise Viviane Liévin.En Belgique, chaque année, il y a 10 nouveaux patients pédiatriques et 60 nouveaux adultes. À quoi est due cette augmentation ? " A l'effet cumulatif des patients au fil du temps, aux nouvelles indications (complications bariatriques...) et au contexte économique (en milieu hospitalier, la nutrition parentérale entre dans le forfait de remboursement des médicaments et garder un patient hospitalisé uniquement pour recevoir cette nutrition coûte très cher) ".Quel est le rôle du pharmacien hospitalier dans ce cadre ? " Il aide à la prescription en fonction de la faisabilité du mélange nutritionnel, à l'optimalisation du traitement, à la production en condi tions d'asepsie, au stockage, à la délivrance hebdomadaire des poches et des désinfectants, à la logistique (hospitalisation, vacances...), à la gestion des autorisations de remboursement et de la facturation et, récemment, à la mise en place d'un accompagnement pharmaceutique "." On s'est en effet rendu compte que le pharmacien avait un rôle très important dans l'éducation du patient et nous avons implémenté une éducation thérapeutique complémentaire à celle déjà en place ", indique la pharmacienne.Une étude comparative a évalué les connaissances d'un groupe de nouveaux patients à celles d'un groupe de patients en traitement depuis plus de 20 ans Plusieurs connaissances ont été améliorées après l'éducation thérapeutique (1 heure) donnée par le pharmacien. Et ceci, même dans le groupe des nouveaux patients, montrant que l'éducation thérapeutique pharmaceutique permet d'acquérir plus rapidement les connaissances. Cependant, le taux de connaissances des 'anciens' patients montre qu'il faut refaire cette éducation régulièrement"."Le pharmacien hospitalier a un rôle indispensable au sein de l'équipe multidisciplinaire, conclut-elle: il a un impact sur la prise en charge, il donne des informations complémentaires, c'est un interlocuteur privilégié pour le patient et l'infirmière à domicile".