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L'enquête porte sur 2.400 patients ayant conclu une convention avec un pharmacien de référence (247 à Bruxelles, 1.395 en Flandre et 758 en Wallonie). 645 questionnaires ont été validés. Les questions portent sur les expériences du patient concernant la conclusion de conventions, le schéma de médication, la situation de la polymédication, la communication avec le pharmacien de référence, la relation avec d'autres dispensateurs de soins, l'effet de la mesure et enfin la fourniture de médication. Notons d'emblée que les réponses ne diffèrent pas fondamentalement entre groupe linguistique ou entre catégorie d'âge. Par rapport au concept même du pharmacien de référence, si la majorité des patients semblent au courant de la possibilité de s'en adjoindre, ils sont encore plus nombreux à se plaindre de n'avoir eu aucune explication du pharmacien. L'Observatoire préconise que celui-ci donne des explications lors de la signature du document de consentement à bénéficier d'un pharmacien de référence. Concernant le schéma de médication, la majorité des sondés dit non seulement l'avoir reçu mais aussi l'avoir trouvé "clair" ou "très clair". Ainsi, plus de 90% de tous les répondants qui indiquent avoir reçu un schéma de médication y ont retrouvé tous leurs médicaments. 87% déclarent l'avoir parcouru avec le pharmacien. Cependant - et c'est un point d'attention -, certains indiquent avoir reçu un schéma de médication incomplet ou ne pas en disposer. L'Observatoire recommande donc "de remettre le schéma de médication au patient au moins deux fois par an, que la situation médicamenteuse du patient ait changé ou non, et en tout état de cause à chaque changement de médication". Moins de 10% des patients n'ont pas pu poser de questions ou pas reçu de réponse aux questions posées au pharmacien. C'est peu mais encore trop, estime l'Observatoire. Autre préoccupation: "Seuls 68% des répondants déclarent avoir signé un formulaire de consentement. 18% ont déclaré ne pas l'avoir fait. Et un groupe important a indiqué qu'ils ne savaient pas s'ils l'avaient signé: 13,50% au total." L'Observatoire préconise que chaque patient ait bien donné son consentement lorsqu'ils décident de bénéficier d'un pharmacien de référence, copie du document signé et accès à une liste de tous les médicaments délivrés dans ce cadre. Comment les sondés se retrouvent-ils en matière de médicaments remboursés? Hélas, un sur cinq déclare que les non remboursés ne figurent pas dans le schéma de médication et un sur trois ignore si la médication mentionnée a été remboursée ou pas. A cet égard, l'Observatoire propose "d'inclure une distinction claire entre les médicaments remboursés et non remboursés dans le schéma de médication", avec une indication précise du montant remboursé et de la part du patient. Il faut, en second lieu, clarifier les rôles et la communication entre le médecin et le pharmacien. Le patient devrait à la fois pouvoir rajouter des médicaments au schéma (par exemple les médicaments achetés dans une autre pharmacie que celle de référence et dire pourquoi - il peut s'agir par exemple de cannabis médicinal, médicament "touchy" que le patient ne souhaite pas acheter chez son pharmacien de référence ou encore des médicaments moins chers). Concernant le respect de la vie privée, huit personnes interrogées sur dix affirment que la pharmacie ne dispose pas d'un endroit à part et que les autres "clients" risquent d'entendre la discussion sur le schéma de médication. Le patient est-il véritablement l'acteur de son schéma de médication en collaboration avec le pharmacien référent? Pas forcément lorsqu'on apprend que "bien que 42% des répondants indiquent que le pharmacien adapte toujours le schéma de médication aux changements de médication et 22% que cela se produit dans la plupart des cas, 13% indiquent que ce n'est pas toujours le cas et 23% ne savent pas si le schéma de médication est actualisé ou non." Ce qui signifie qu'un peu moins d'un tiers des sondés ne savent pas si le schéma a été adapté. C'est problématique. Mais il y a plus grave: dans 65% des cas, le pharmacien référent, aux dires des personnes interrogées, ne suivrait pas le délicat problème des polymédications (alors que le suivi de celles-ci est explicitement renseigné comme la valeur ajouté du pharmacien référent! ). Autre point qui laisse songeur: les trois-quarts des patients interrogés ne voient pas très bien la valeur ajoutée du pharmacien référent déclarant ne voir aucune différence avant et après. L'Observatoire, loin de forcément s'en inquiéter, précise que la raison peut être que les relations patient-pharmacien étaient déjà au beau fixe... Ceci ne doit pas forcément enterrer le principe. De même lorsqu'on s'aperçoit que le rapport à un référent n'a pas beaucoup modifié les habitudes de consommation des clients.