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Forcément ancré dans le mouvement abstrait, ce musée est en effet consacré à l'origine à Félix De Boeck, peintre fermier brabançon, auteur d'une abstraction géométrique intéressante qui virera hélas ensuite à une version beaucoup plus psychédélique et circulaire, que l'on croirait exécutée au compas. Tout le panorama de son oeuvre est à découvrir au sous-sol du musée qui montre les travaux exposés lors d'une rétrospective que lui consacra en 1965... le Musée d'Ixelles. La boucle est donc bouclée... ou le cercle s'agissant de De Boeck. Lequel figure également dans l'exposition du rez-de-chaussée avec quelques oeuvres heureusement de l'époque géométrique, et un " Pigeon " de la période plutôt losange, qui sert d'emblème à l'expo. Répartie sur cinq salles dans un accrochage didactique et d'un choix lumineux, L'art abstrait à vol d'oiseau se penche d'abord sur les prémices du mouvement en Belgique, à rechercher dans des oeuvres notamment des fauvistes brabançons, trop méconnus : les aquarelles de Fernand Schirren qui possèdent la légèreté d'un Chagall, la palette lumineuse d'un Jos Albert évoquant Bonnard, celle cézannienne de Roger Parent, ou le style inimitable d'un Rik Wouters aux côtés d'un Strebelle postimpressionniste ou d'un Louis Thévenet à ranger parmi les peintres du silence. Ce côté encore figuratif que l'on trouve chez Brusselmans déjà plus géométrique ou chez le tachisme de Schlobach ( La meule, évoquant celle de Monet) disparaît dans la deuxième salle. Schmalzigaug encore descriptif dans sa dépiction du pont Rialto, plonge ensuite dans le futurisme italien qu'il rejoint d'ailleurs à Venise. C'est le temps de l'expérimentation : en sculpture avec " La cape ", superbe oeuvre cubiste Art déco signée Oscar Jespers, au travers du rapprochement avec l'avant-garde russe d'une Marthe Donas ( Nature morte, 1917) ou des défenseurs de la plastique pure qui regroupe De Boeck, Kiemeneij, Servranckx ou Pierre-Louis Flouquet, présent notamment avec une Construction I. Panorama pas forcément chronologique, l'expo montre ensuite, dans la partie consacrée à l'abstraction géométrique, aussi bien des torsions immaculées de Walter Leblanc le bien-nommé, des Dunes aux coloris atténués de Gaston Bertrand, ou un Rumeurs plus pétulant de Jo Delahaut. Une épure en contraste avec l'abstraction lyrique d'une Mig Quinnet ou d'Anne Bonnet, plus organique dans le cas de La chambre des époux d'Antoine Mortier, voire émotionnel trahissant le sentiment immédiat (Maurice Wyckaert : paysage aux empreintes) influencé parfois par la liberté prônée par le mouvement Cobra (notamment chez Louis Van Lint) Dans le dernier espace est évoquée l'abstraction d'aujourd'hui ; d'abord sous la forme d'un minimalisme dans les années 70 et 80 chez Dan Van Severen ou Françis Dusépulchre, avant de virer au conceptuel : illustration notamment avec le disque de métal d'Ann Veronica Janssens, la sculpture volume de Xavier Mary, les monochromes peints chez Michel Mouffe, tissé dans le cas du provocant tapis d'un bleu de Prusse de Marie-Jo Lafontaine ou d'une belle évidence dans le cas de Marthe Wéry. Peintures, sculptures, vidéo (d'Edith Dekyndt) ou oeuvres textiles offrent un panorama, certes réduit mais éloquent, d'un mouvement artistique qui, dès lors, n'est plus une simple... abstraction.