Dans " Des plantes OGM qui vous veulent du bien! ", Marc Boutry invite, données scientifiques à l'appui, à dépasser les préjugés et les dogmatismes qu'engendre invariablement ce sujet.
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L'auteur de "Des plantes OGM qui vous veulent du bien!", Marc Boutry, bioingénieur, a été chercheur au FNRS et professeur à l'UCLouvain. Ses recherches ont notamment porté sur les mécanismes de transport de métabolites dans la plante ainsi que sur la production de protéines pharmaceutiques dans des cellules végétales. Il est aussi membre de la Classe des Sciences de l'Académie royale de Belgique qui édite son ouvrage dans lequel il essaye de répondre de manière éclairée aux inquiétudes que font naître les OGM: Est-ce des poisons? Sont-ils une réponse aux défis liés au réchauffement climatique, à la sécurité alimentaire? Quelles plantes OGM se retrouvent dans nos assiettes? Sont-ils incompatibles avec l'agriculture biologique? Pourquoi certains pays y sont-ils plus favorables? Au terme " OGM ", source de confusion, Marc Boutry préfère celui de " plante transgénique ", utilisé dans la littérature scientifique pour désigner une plante modifiée par l'introduction directe d'un gène dans son génome, puisque d'autres organismes sont également ainsi modifiés comme des bactéries, des levures et des animaux. Il compare les plantes transgéniques à celles obtenues traditionnellement par croisement et décrit celles qui sont aujourd'hui dans les champs (surtout soja, maïs, coton, colza, dans 29 pays) et celles à venir. Il rappelle que la sélection de nouvelles variétés à partir du phénotype se fait depuis longtemps par croisements naturels ou faits par l'homme et, que dans ces croisements, les gènes d'intérêt sont accompagnés de dizaines d'autres parfois délétères. Alors que la transgenèse requiert une étape préliminaire consistant à identifier et caractériser le ou les gènes d'intérêt avant d'être introduits dans le génome. L'auteur explique encore la technique récente de l'édition génomique qui bouleverse actuellement l'amélioration végétale et la thérapie génique. Il s'agit de modifier un gène pour l'inactiver ou pour qu'il ressemble à un allèle plus performant. La technique de CRISP/Cas9 (Clustered Regularly Interspaced Short Palindromic Repeats), mise au point par Emmanuelle Charpentier et Jennifer Doudna (Prix Nobel de chimie 2020), est la plus utilisée. Avant de s'attaquer aux applications du génie génétique dans le domaine végétale (surtout tolérance à des herbicides et résistance aux insectes), il en détaille quelques-unes du domaine microbien et animal (insuline, vaccins, antibiotiques, vitamines, enzymes pour l'agroalimentaire, la lessive, le papier...) qui font partie de notre quotidien sans avoir suscité d'oppositions. En décrivant ainsi la situation par le menu, Marc Boutry en appelle à un changement de mentalité: " Les arguments scientifiques à l'encontre des plantes transgéniques se sont épuisés les uns après les autres devant les avancées accumulées depuis 30 ans. Et de nombreux exemples d'applications intéressant l'agriculture ou le consommateur foisonnent dans les laboratoires. Un certain nombre sont dans les champs, sous forme d'essai ou déjà en production. Cependant, tout cela se fait essentiellement hors de l'Europe ". Il pointe néanmoins des signes positifs comme le GIEC qui cite l'édition génomique comme outil de l'amélioration végétale ou comme les Verts allemands qui demandent de prendre en considération les techniques du génie génétique en agriculture comme c'est déjà le cas dans le domaine médical. " La transgenèse et l'édition génomique ont leur place, à côté d'autres approches établies depuis longtemps, afin de poursuivre l'amélioration des plantes commencée il y a quelque dix mille ans. Mais il faudra remettre en question les réglementations lourdes et onéreuses qui empêchent, en Europe, les instituts de recherche et les petites sociétés semencières de participer à l'essor des plantes transgéniques. Alors oui, des plantes transgéniques nous voudront du bien! ", conclut-il.