...

L'attitude à adopter est d'abord de se remettre dans le contexte d'apparition des symptômes et de vérifier si, derrière cette affection banale, ne se cache pas un problème plus sérieux nécessitant une consultation.Le pharmacien connaît bien les raisons qui poussent les jeunes gens à vouloir acheter un collyre décongestionnant et antiseptique, indiqué dans l'irritation conjonctivale. Il pourrait s'agir d'une consommation de cannabis. Le cannabis a des effets oculaires visibles dont les plus fréquents sont une mydriase, une irritation et une hyperhémie conjonctivales par vasodilation.Ce type de collyre décongestionnant utilisé trop souvent peut, au contraire, provoquer des rougeurs de la conjonctive.L'alternative homéopathique est de conseiller l'utilisation d'un collyre en récipient unidose sans conservateur, associée à des granules ou comprimés en dilutions homéopathiques à base d'Euphrasia officinalis.L'Euphraise contient le stigmastérol, un stérol à tropisme oculaire qui diminue l'irritation et les rougeurs de la conjonctive.Lorsqu'un patient demande un collyre parce qu'il a une sensation de corps étranger dans l'oeil, plusieurs questions doivent être posées afin d'éliminer toute urgence ophtalmique :Ressentez-vous une douleur oculaire ?Avez-vous une baisse de l'acuité visuelle ?Supportez-vous la lumière (photophobie) ?Portez-vous des lentilles ?Si le patient porte des lentilles, la stratégie thérapeutique sera différente parce que les porteurs de lentilles sont beaucoup plus sujets aux irritations oculaires que la population générale. Plusieurs raisons l'expliquent :intolérance aux produits de contactologiecontamination de la lentille par des germesmauvaise hygiène des mainssécheresse oculaire secondaire à une durée trop longue de port des lentillesutilisation de collyres contenant des conservateurs (ammoniums quaternaires) qui s'adsorbent sur les lentilles hydrophylesirritation lors du placement ou du retrait des lentillesintolérance par diminution lacrymale induite par les bêtabloquants.La prise en charge symptomatique consiste à lubrifier et hydrater les yeux avec des substituts lacrymaux en récipients unidoses, sans conservateurs et sans antiseptiques qui risquent de colorer en rouge vif la lentille, à placer une nouvelle paire de lentilles stériles, à changer l'étui de conservation et remplacer les cosmétiques (mascara, brosse...)L'homéopathie dispose de collyres hydratants en récipients unidoses à appliquer 15 minutes avant le port des lentilles.On peut associer Magnesia carbonica 5CH (carbonate de magnésium), cinq granules plusieurs fois par jours afin de diminuer le syndrome sec lié au port des lentilles.Les patients âgés se plaignent souvent de sécheresse oculaire. Au-delà du déficit quantitatif lié à l'âge, on constate dans leur schéma de médication, l'instillation quotidienne de collyres qui induisent une sécheresse oculaire:Les bêtabloquants : timolol, bétaxolol...Les sympathomimétiques : brimonidineLes ammoniums quaternaires (chlorure de benzalkonium) présents comme conservateurs dans de nombreux collyres flaconsDes onguents ophtalmiques qui détériorent la stabilité du film lacrymal et dessèchent encore plus les yeux.De plus en plus de présentations unidoses dénuées de conservateurs sont privilégiées.Les collyres homéopathiques hydratants en unidoses sont à conseiller en association avec les collyres responsables de sécheresse oculaire en alternance avec un délai minimum de 15 minutes pour éviter de modifier la résorption de principe actif.Une branche d'arbre dans l'oeil, un coup de poing ou une balle de tennis ou de foot reçus dans l'oeil, un effort visuel soutenu, une photophobie (insolation solaire) sont des pathologies couramment rencontrées au comptoir.L'attitude à adopter est d'inviter le patient à consulter pour soigner le traumatisme oculaire.L'homéopathie dispose de médicaments sous forme de granules ou de comprimés à sucer qui seront conseillés en attendant la consultation ophtalmique afin de diminuer le traumatisme oculaire. Quelques exemples courants :Traumatisme périorbitaire avec ecchymose(oeil au beurre noir)Ledum palustre 5CH (Lédon des marais) et Arnica 5CH, cinq granules de chaque, toutes les heures, à espacer progressivement pendant quatre jours.Traumatisme du globe oculaire sans ecchymose (balle de tennis sur l'oeil)Symphytum 5CH (Consoude), cinq granules toutes les heures, à espacer progressivement jusqu'à amélioration.Photophobie (insolation solaire) : le patient ne supporte plus la lumière, son oeil est secBelladona 5CH, cinq granules toutes les 2 heures jusqu'à amélioration. A éviter chez les patients qui souffrent de glaucome car la belladone contient de l'atropine.Fatigue oculaire douloureuse par surmenage après des travaux fins (couture,modélisme, travaux devant une loupe, jeux sur ordinateur...)Ruta graveolens 5CH (rue fétide), cinq granules trois fois par jour, pendant 15 jours.Hémorragie conjonctivale :après un effort physique, après l'expulsion difficile des sellesArnica 200Kune dose globuleaprès une intervention oculaire (cataracte, injection intra-vitréenne...)Arnica et Staphysagria(Dauphinelle)9CH, cinq granules de chaque, trois par jour pendant trois jours.Gonflement des paupières, un oedème palpébrale est toujours impressionnant au réveil après une piqûre d'insecte, une allergie à un collyre (néomycine) ou suite à une allergie de contact aux cosmétiques. L'homéopathie dispose d'un médicament salutaire en cas d'oedème soulagé par le froid, c'est Apis 9CH, cinq granules jusqu'à disparition de l'oedème.La contre-indication à l'utilisation d'un collyre ou d'un gel ophtalmique pendant la grossesse est le passage systémique. Les seuls principesactifs contre-indiqués en instillation oculaire par les centres de références des agents tératogènes (Cybèle et CRAT)1 sont les AINS ( diclofénac, indométacine, kétorolac après la 24ème semaine de grossesse).Afin d'éviter le passage systémique, il est bon de rappeler à la patiente de comprimer le cul-de-sac conjonctival avec un doigt au moment de l'instillation de la goutte pendant une minute.L'homéopathie est une thérapeutique largement utilisée pendant la grossesse et l'allaitement sans aucun danger pour la mère et l'enfant. Les souches décrites plus haut sont aussi indiquées chez la femme enceinte.