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Une des pharmaciennes les plus suivies en Espagne est Marián Garcia @boticariagarcia avec 130k abonnés sur Instagram. Un chiffre qui peut paraître infime comparé aux macroinfluenceuses lifestyle-beauté et leurs millions d'abonnés, " mais, explique Cel Areny Navès, Marián Garcia présente une force, son background : elle est Docteur en pharmacie, diplômée en nutrition humaine et en optique. Elle a abandonné le comptoir pour se consacrer à l'enseignement à l'Université Isabel I de Burgos et à la vulgarisation dans les médias espagnols (Radio National Española, La 2, 20 minutos) et les réseaux sociaux. Son blog est devenu une institution avec plus de 2 millions de visites par mois ". Elle entend ainsi informer, conseiller et démentir les fakenews dans le domaine de la santé avec une touche humoristique.1D'autres choisissent une communication plus visuelle à l'instar de Paula Fernández @farmaadicta avec 15k abonnés Instagram qui fait appel à l'infographie. " Ce qui a commencé comme un hobby est devenu une façon d'informer le patient et mes équipes dans la pharmacie, en priorité au comptoir et par la suite sur les réseaux sociaux ", affirme-t-elle.Le troisième exemple donné par Cel Areny Navès est celui d'une pharmacienne à Murcia, Irene González @boticonsejos 18k sur Instagram, qui informe également sur la composition des médicaments et leur utilisation : " Quand je parle des médicaments sur mes réseaux sociaux, mon objectif est l'amélioration de l'observance du traitement pris par mes followers. Ce qui m'a motivée, c'est d'aider les gens à disposer d'une source fiable et de référence pour la recherche d'information sur la santé. Moi-même, cela m'aide à approfondir mes connaissances et à améliorer mon travail lors de la délivrance des médicaments ". Pour ce faire, elle utilise aussi l'infographie, les GIF et tient un blog. Une autre façon d'envisager son rôle de conseiller...Ceci étant dit, l'aspect business n'est pas toujours très éloigné. " II faut savoir que l'Espagne est le pays comptant le plus de pharmacies/habitant des pays de l'OCDE et que 40% des pharmaciens tiennent leur propre pharmacie, précise Cel Areny Navès. Pour acquérir des compétences business, une plate-forme de formation en ligne pour les pharmaciens (FarmaSchool) est apparue ". A côté des cours classiques, on peut y suivre des sessions sur le marketing digital sur les réseaux sociaux, la publicité sur Facebook & Instagram, la meilleure utilisation des stories Instagram..." Mais, met en garde l'étudiante, cet aspect business peut se faire au détriment de la bonne volonté de certains influenceurs et même de leur crédibilité. La question se pose : ces pharmaciens vont-ils tomber dans la tentation de l'argent facile et perdre leur crédibilité ou vont-ils garder leur responsabilité éthique dans l'information, le conseil et l'écoute de leurs patients ? ".En France, une association de défense de la pharmacie, Pigeons Pharmaciens, née en 2012 dans le mouvement des Pigeons regroupant des dizaines de milliers d'entrepreneurs contestant l'augmentation des cotisations et taxations, dispose de relais sur les réseaux sociaux, Facebook (30k), Twitter (1,6k), Instagram et YouTube. Le ton est ici résolument à l'humour et à la lutte contre les fakenews (par exemple, contre les antivax).De l'autre côté de l'Atlantique, au Canada, le fameux " pharmachien ", aka Olivier Bernard, est très présent en ligne sur son site lepharmachien.com, Twitter (15,9k), Facebook (222k), Instagram (14,3k), YouTube mais aussi à la télé (série documentaire) et dans l'édition (livres). Sa devise, " Le pharmacien impertinent qui simplifie la science et anéantit la pseudoscience ", est assez claire quant à ses intentions de vulgarisateur tous azimuts. Succès et Canada obligent, il a à présent son homologue en anglais, The Pharmafist.Le Pharmachien est l'oeuvre d'un homme qui allie les qualités de pharmacien, à celles d'acteur, dessinateur, scénariste et producteur. Le but est aussi de pourfendre les fakenews, les contrevérités et autres croyances infondées. Comme il le dit, il est surtout là pour " aider les gens à développer leur esprit critique et à faire de meilleurs choix en matière de santé ". Par exemple, sur les vaccins, le gluten, le sucre, les remèdes inutile contre le rhume ou encore l'injection de vitamine C chez les patients cancéreux. En mars, ce dernier sujet lui a d'ailleurs valu une campagne d'intimidation de la part des tenants de cette pratique. Si les réseaux sociaux sont le terrain de jeu des influenceurs, il est aussi celui des 'intimidateurs' et autres 'haters'...