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Accolé à l'Italie, le Queyras est situé sur le versant sud du département des Hautes-Alpes, une région tellement enfouie et haut perchée que les protestants pourchassés vinrent s'y réfugier après la révocation de l'Édit de Nantes par Louis XIV, notamment à Saint-Véran. Ce village, qui est la plus haute commune d'Europe, culmine à 2040 mètres, et son côté caché lui a permis de conserver intact et cohérent le bâti traditionnel de chalets ainsi que le temple protestant situé en bas du village, l'église 17e la toisant depuis son surplomb (c'est l'inverse à Arvieux) : elle est d'ailleurs la première à sonner l'heure. Comme quoi, la tolérance a des limites....Jaloux longtemps de son indépendance (jusqu'à la Révolution française), une mentalité que les habitants ont gardée, l'escarton du Queyras (on en trouvait aussi côté italien et dans le Briançonnais : ils formaient une sorte de république montagnarde jusqu'au 18e siècle) qui ne fit pas partie du royaume de Savoie, a su se prémunir contre les nouveaux envahisseurs... Comprenez le tourisme de masse et les promoteurs qui les précèdent. D'ailleurs, dans cette région à la nature encore sauvage, bénie " des familles et des urbains saturés " (sic ! ) pour sa quiétude et son art de vivre qui prend le temps, ne s'atteint l'hiver que par une seule route sinueuse et escarpée, le long des majestueuses gorges du Guil.C'est l'une des quatre vallées formées par les cours d'eau (Izoard, Aigue, Cristillan et Haut-Guil) qui donne au Queyras vu du ciel cet aspect d'herbe de montagne couchée par un vent d'Ouest, et qui explique sa farouche résistance à tout envahisseur au cours des siècles.Saint-Véran et ses petites rues rendues cotonneuses par l'épais manteau de neige, ses chalets en bois traditionnels, est déposé au milieu d'une sorte de cirque naturel, village ravissant rendu féerique le soir venu, et que l'on peut traverser tranquille, sans croiser des hordes de vikings avinés ou des troupeaux d'Anglais venus s'abreuver dans de faux pubs traditionnels.Perché sur un promontoire entre deux cours d'eau, l'aiguë Blanche et l'aiguë Agnelle, il est bâti dans une architecture traditionnelle datant de 1550, après le feu qui ravagea toutes les maisons de bois de mélèze du village.Les habitations sont typiques de Saint-Véran, avec leur étage à fuste où l'on faisait anciennement sécher l'orge et le blé.Le Queyras compte au total quatre vallées : celles de Ceillac, d'Arvieux et de Molines-Saint-Véran, et d'Abries, le Guil constituant la moelle épinière du Queyras dans lequel se jettent les autres cours d'eau qui ont creusé la roche au cours des millénaires.Chacune de ces vallées possède son architecture différente et typique : à arcades et en pierre à Arvieux, de fermes, de maisons bourgeoises dans la vallée du Haut-Guil au pied du Mont Viso, situé côté italien - que l'on crut longtemps le sommet des alpes avec 3843 mètres -, et de fermes carrées à Ceillac. A Saint-Véran notamment, l'on sent l'influence transalpine proche (les liens avec la Péninsule ont toujours été solides au cours des siècles) et dans tout le Queyras, lequel compte plus de cent cadrans solaires et des chalets aux couleurs chaudes, comme sur le versant italien.Il est situé dans le parc naturel régional et compte de surcroît des zones Natura 2000, dont la réserve naturelle du Mont Viso.La région compte une biodiversité saisissante, avec 2500 fleurs différentes et une faune qui va du grand coq de bruyère ou Grand Tétras au loup en passant par le bouquetin, mouflon ou chamois. Des animaux qu'il n'est pas rare de croiser, vu la quiétude de ses montagnes préservées.Si le circuit court n'est pas une invention des Queyrassins, ils le pratiquent depuis des siècles : la preuve avec les fours banaux où chaque famille venait jusque dans les années cinquante cuire son pain avant l'hiver.Saint-Véran est bercé dans sa quiétude par le glouglou des fontaines qui la rythment, fontaines en mélèze traditionnelle pour l'approvisionnement de l'eau, ou servant de lavoirs pour les plus imposantes ; ce conifère qui perd ses aiguilles, au bois imputrescible dont les massifs cernent le village, est utilisé comme matériau de construction traditionnel, y compris sur les toits (qu'il se partage avec la lauze venue d'Italie) et se retrouve même sous forme de liqueur, bien plus douce que le génépi.Une sorte de slow tourisme triomphe certes ici, ce qui ne veut pas dire qu'au niveau glisse le Queyras n'offre que des pentes douces.C'est le cas à Saint-Véran, même si l'on y skie à 3.000 mètres, la commune partageant son domaine skiable de 30 km avec la commune voisine de Molines. Au total, le Queyras propose 120 km de ski nordique, 90 km de ski alpin répartis sur quatre stations, toutes villages : outre Saint-Véran - Molines-en-Queyras, la plus panoramique qui embrasse toute la chaîne des Alpes (et culmine à 3.000 mètres), Ceillac se veut plus dans la veine des hautes montagnes et des Dolomites (peu de télésièges, beaucoup de tire-fesses parfois pentus, partout), Arvieux cultive l'esprit famille et plaît aux débutants (17 km de piste), Abries dans la vallée du Haut-Guil se destinant plutôt au free-ride, avec notamment une piste nature qui s'enfonce dans la forêt de mélèzes.Un seul forfait donne droit à l'entièreté des quatre petits domaines, reliés par une navette quotidienne (comptez une demi-heure entre chaque station.)Reste que le Queyras, c'est tout de même l'hiver en pente douce....