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Des chercheurs canadiens[1] ont réalisé une revue de la littérature sur le rôle et l'impact de la prise en charge de l'insomnie par le pharmacien. Leur analyse a montré que, depuis son comptoir, il peut avoir un impact favorable sur les habitudes de vie relatives au sommeil, les connaissances des patients, la déprescription de certains médicaments mal utilisés ou non nécessaires, la réduction de certains symptômes associés à l'insomnie, et pour référer à un médecin en vue d'une évaluation spécifique. De fait, début 2023, la Belgique s'est lancée dans un projet de déprescription des somnifères en mobilisant le trio patient, médecin et pharmacien. Vu son succès, le programme de sevrage aux benzodiazépines a été prolongé jusque fin 2024. Ce programme multidisciplinaire permet un arrêt progressif en 50 à 360 jours, ou une stabilisation jusqu'à la dose la plus faible possible. Depuis plus de cinq ans, l'AFMPS incite médecins et pharmaciens à mieux prendre en charge les patients qui se plaignent de troubles du sommeil. Un manuel d'aide en ligne a été développé à leur intention dans le cadre de la campagne "Somnifères & calmants, pensez d'abord aux autres solutions"[2]. Ainsi, la première étape de la prise en charge des insomnies consiste à traiter les maladies qui peuvent perturber le sommeil, corriger les mauvaises habitudes et adopter un comportement qui favorise l'endormissement et le maintien du sommeil, et ceci en journée (activité physique, exposition à la lumière) et le soir ("couvre-feu digital"). Dans certains cas, des approches douces (relaxation, phytothérapie, sophrologie...) seront salutaires. Si une prise en charge médicale s'avère nécessaire, l'approche non médicamenteuse est le premier choix, en commençant par réaliser un agenda du sommeil, bien renseigner le patient sur les caractéristiques du sommeil et lui donner des conseils d'hygiène de vie[3]. Si ce n'est pas suffisant, les thérapies cognitivo-comportementales doivent être privilégiées. Lorsque les troubles du sommeil dépendent d'une dérégulation du rythme circadien (décalage horaire, trouble du rythme...), la mélatonine à courte durée d'action peut être utilisée comme synchroniseur de l'horloge biologique. Selon le RCP, seules les préparations à base de mélatonine à action prolongée sont indiquées dans la prise en charge de l'insomnie et ce uniquement chez les plus de 55 ans[4]. Cependant, sa place dans les troubles du sommeil n'est pas suffisamment étayée par des études randomisées, note le CBIP, qui souligne le manque de données sur le profil d'efficacité et d'innocuité à long terme de la mélatonine, d'autant qu'elle est parfois utilisée off-label chez l'enfant et qu'elle est présente dans de nombreux compléments alimentaires.