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Aucune trace de Saint-Nicolas dans la cité malouine où nous débarquons ce 6 décembre. Là où sont déposées nos valises, la préposée à l'accueil ressemble à s'y méprendre à Camille Claudel.L'hôtel Beaufort est situé dans une ancienne demeure bourgeoise de la chaussée du Sillon. Passé l'accueil, un couloir conduit à un espace vitré. La lumière y est surprenante. Nulle part ailleurs, un ciel tapissé de nuages ne perd si superbement sa bataille face au soleil.La ville, détruite à 80 % en 1944, a conservé ses fortifications de jadis. C'est devant la porte Saint-Vincent où siège l'office du tourisme, que nous commençons la visite. Des remparts de la ville, la vue est propice aux histoires. Sur les îles noires de la baie de Saint-Malo se dressent des forteresses dues à Vauban. Longtemps convoité par les Anglais ou les Hollandais, ce passage maritime est un espace de jeu idéal pour les amateurs de plongée archéologique. Les fonds sont en effet tapissés d'épaves de tous âges. Au large du promontoire où fut enterré Chateaubriand, se pâme l'île de Cézembre. Partiellement ouverte au public depuis peu, elle fut le lieu le plus bombardé au m2 durant la seconde guerre. Particularité de l'île, elle est la seule à bénéficier d'une exposition sud mais n'est, par définition, accessible qu'en bateau.En descendant des remparts, on déambule dans une cité rebâtie au lendemain de la guerre. La construction de grandes tours d'habitations en grès épuisa benoîtement les subsides du plan Marshall. Au détour d'un chemin, le miracle opère cependant lorsque nous empruntons la rue de l'Orme. On y retrouve des boutiques étonnantes. L'artère fait penser au chemin de traverse : la ruelle commerçante dans les films d'Harry Potter.La première officine est la Maison du Sarrasin. À l'intérieur, on rencontre Frédérique, la vendeuse. On y retrouve à peu près tout ce qui se fait à base de blé noir, " qui est une plante et non pas une céréale " nous fait-elle remarquer. Elle est intarissable sur l'histoire de la graine et son introduction en Bretagne où le sol peu fertile du département est idéal à sa culture. Un peu plus loin, c'est le Bar à babas. Sous l'oeil averti du chef Luc Mobihan, la tradition française impulsée par Stanislaw Ier se perpétue. Le délicieux dessert est toujours décliné au rhum mais aussi au whisky, au limoncello et bien entendu au calvados. En descendant la ruelle vers la porte donnant sur la marina, on longera la boutique des Epices Roellinger. Ici on retrouvera la passion de cet ancien chef qui remit ses étoiles en 2008. Autour du monde des épices qu'il décline en fonction des entrées, des plats et des desserts, vous ferez le tour du monde sur base de saveurs mélangées. Le tout est proposé à la vente dans des contenants issus du monde médical.Au moment de quitter la ville, il serait dommage de ne pas visiter l'atelier boutique Vent de Voyage. Les voiles abîmées y sont transformées en sacs à main. Une récupération chic et réussie qui fêtera bientôt ses 20 ans d'exercice. Sarrasin, rhum, épices et voiles recousues... le Saint-Malo contemporain conserve sa réputation de cité corsaire !Cancale n'est située qu'à dix kilomètres de Saint-Malo. Pour se rendre au port huîtrier, deux chemins sont possibles. Nous vous conseillons vivement le chemin maritime. Quelques rares maisons semblent s'y coucher face au vent. Il en va de mêmes des cyprès de Lambert qui épuisent leurs troncs noueux en embrassant le sol. L'arrivée sur Cancale est théâtrale. Un chemin serpentant dans un maquis s'écarte soudainement pour nous emmener dans la lumière de la crique. Ici, l'eau a la couleur des yeux d'un vieux loup de mer. Au bout du port de la Houle, nous retrouvons Laurence Querrien, ostréicultrice. Elle nous raconte l'histoire de l'huître plate qui fut longtemps draguée et non pas élevée. Avec l'arrivée des parcs à huîtres, les essaims de creuses (originaires du Japon) ou de plates sont pouponnées les premiers mois vers Guérande ou dans le bordelais. Ces agriculteurs de la mer vont travailler durant trois années ces " bébés " et les mener à maturité dans la baie armoricaine. Il en résulte une huître iodée, salée et peu charnue.Longtemps, la destination était classée en deux zones distinctes. La zone A, pure, permettait de récolter l'huître et de la vendre directement. La zone B demandait une décantation de 24 heures afin de nettoyer le mollusque de ses impuretés. Depuis qu'un pertuis collectionne les eaux usées de la cité pour qu'elles n'aillent pas à la mer, la qualité des huîtres s'est améliorée. À tel point que toutes sont désormais commercialisables d'emblée. La pied de cheval de Cancale est placée dans le top 5 des meilleures huîtres de France.Depuis le 15 décembre, une ligne TGV relie la capitale européenne à celle de Bretagne en quatre heures et sans escale. Une destination idéale pour bien commencer l'année. Réservés à l'avance, des billets de train A/R sont disponibles pour moins de 60 euros.