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Pas que ce nouvel album ait l'allure d'une Ferrari, bien au contraire : débarrassé (enfin?) de son versant parfois grandiloquent ( Human Touch ou Born in the USA, devenu à ses dépens une ode à l'Amérique conquérante), le Boss prend à nouveau le parti d'une mise à nu des mélodies, comme à l'époque de Nebraska ou The Ghost of Tom Joad (notamment sur Somewhere north of Nashville).L'occasion d'admirer son travail d'orfèvre, et dans la mélodie et les paroles : Hitch Hikin' et son inclination country qui ouvre l'album narre l'histoire, intemporelle hélas aux États-Unis, des hobos et des laissés-pour-compte. Parfois, Bruce s'accompagne de cordes, voire d'une discrète trompette, afin de donner de l'amplitude et de la variété (The Wayfarer) à cet album prolixe de treize titres, son épouse, Patti Scialfa, le rejoignant dans les choeurs (c'est son métier). Parfois, un crescendo (Western stars, Drive fast) vient panser les blessures morales du Boss, sublimées dans le somptueux Stones ou le Chasin' wild horses, slidé par une guitare ô combien mélancolique. Sleepy Joe's café, Sundown et There goes my miracles (le seul morceau, heureusement, avec écho et clochettes) évoquent le magnifique album Tunnel of love ; Hello Sunshine par contre, rappelle le Everybody's talkin d'Harry Nilsson, tiré de Midnight cowboy. Un surnom qui va comme un gant à ce génie musical caBOSSé, qui conclut d'ailleurs sur un dépouillé et émouvant... Midnight motel.