Les noms de Bezy de Louvain, Reinette Baumann, Philippe Double ou Beurré Diel vous disent-ils quelque chose? Si vous avez quelques notions de pomologie, vous savez sans doute qu'il s'agit de variétés de fruits obtenues par le scientifique Jean-Baptiste Van Mons (1765-1842).
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Diplômé en pharmacie, médecine et chimie et professeur à l'Université d'État de Louvain, le Bruxellois Jean-Baptiste Van Mons était un scientifique polyvalent et étonnamment méconnu dans nos contrées. Ce dernier point est d'autant plus surprenant que son héritage a laissé des traces bien au-delà de nos frontières... grâce avant tout à sa passion pour la création de nouvelles variétés fruitières. C'est toutefois à l'officine que notre homme a débuté sa carrière. " On peut supposer qu'il a été plongé dans ce monde dès sa plus tendre enfance, puisque son grand-père maternel était lui-même pharmacien à Anvers ", précise Thomas Matei de Bûûmplanters in Brussel, une association qui s'est fixé pour objectif d'apporter un souffle nouveau à l'héritage pomologique du scientifique. Quelques recherches dans les archives nous apprennent que Jean-Baptiste Van Mons a été durant de longues années le titulaire d'une pharmacie installée sur le coin de la rue du Fossé aux Loups et de la place de la Monnaie à Bruxelles, mais aussi que ses champs d'intérêt scientifiques l'ont amené à plaider très tôt en faveur d'une pharmacopée " européenne ". En attribuant à chaque médicament un nom scientifique associé à un mode de préparation uniforme, il a été à l'origine d'une véritable révolution dans le domaine des préparations médicinales. D'après la revue Nature, il aurait également été le premier à introduire la vaccination dans notre pays. " Sur l'exemple d'Edward Jenner, qui avait inoculé la vaccine à ses propres enfants, Jean-Baptiste Van Mons l'a administrée à son fils aîné pour prouver aux sceptiques que les vaccins étaient un moyen sûr et efficace de lutter contre les épidémies ", précise Thomas Matei. Si le travail de pomologue de Jean-Baptiste Van Mons a été quelque peu remis en question a posteriori, il est certain que ses méthodes de sélection et d'amélioration des arbres fruitiers ont retenu l'attention d'un certain Charles Darwin. " Il avait certes quelques doutes quant à sa méthode de pollinisation, mais le fait qu'il mentionne Van Mons dans son Origine des Espèces est déjà, en soi, assez remarquable. Ce sont ni plus ni moins que les premiers balbutiements de la génétique qui se reflètent dans son travail. " La renommée pomologique de Jean-Baptiste Van Mons doit beaucoup au verger qu'il a exploité à Bruxelles entre 1798 et 1819. " Il louait entre les chaussées d'Anderlecht et de Ninove un terrain de plus de trois hectares accessible via l'actuelle place du Jardin aux Fleurs, où il cultivait, collectionnait et améliorait pas moins de 80.000 pommiers, cerisiers, pruniers et surtout poiriers en provenance de Belgique et d'ailleurs. Il semble qu'il ait parfois rebaptisé des variétés existantes (à une époque où le droit des brevets n'existait pas...), mais il n'en a pas moins aussi créé plusieurs centaines de nouvelles variétés qu'il a envoyées à ses collègues étrangers. C'est ce qui explique par exemple la popularité de la Beurré d'Anjou aux États-Unis et en Argentine ou de la Thompson en Grande-Bretagne, alors qu'elles sont toutes deux issues de la Pépinière de la Fidélité du pharmacien bruxellois. " En 1819, Jean-Baptise Van Mons apprend que son verger bruxellois doit céder la place à de nouveaux logements. C'est donc contraint et forcé qu'il déménage sa Pépinière à Louvain, où il a entre-temps été nommé professeur à l'Université d'État et endosse la responsabilité des cours de chimie, d'agronomie et de médecine. Il parvient à redonner vie à son verger (ou à ce qu'il en reste) sur un nouveau terrain situé Kardinaalstraat, à proximité du Vaartkom... mais malheureusement, le scénario bruxellois se répète. Dans les années 1830, il doit céder la place au progrès - qui prend, en l'occurrence, la forme d'une boulangerie et d'une usine de gaz qui alimente l'éclairage public de la ville. Il déménage donc une seconde fois ses collections pour les installer au Mont-César et au Grand Béguinage. Tout au long de sa carrière d'enseignant, Jean-Baptiste Van Mons a aussi été un auteur prolifique et touche-à-tout. Dans le domaine de la pomologie, on lui doit ainsi un De la culture des arbres fruitiers ou Pomonomie belge. Après sa mort, ses héritiers ont continué un temps à exploiter la Société Van Mons, quoique nombre de ses variétés n'aient rencontré qu'un succès commercial mitigé. " Il est parfois surnommé le prince de la pomologie belge. On ne peut donc que s'étonner que le personnage et les nombreuses variétés que nous lui devons soient largement tombés dans l'oubli ", commente Thomas Matei. " C'est ce patrimoine que nous espérons ressusciter en replantant des fruitiers dans la capitale. " La ville de Louvain n'a pas complètement oublié Jean-Baptiste Van Mons, on y trouve une rue baptisée en son honneur non loin de la Kardinaalstraat et une plaque commémorative dans le jardin botanique, où on peut encore voir plusieurs de ses fruitiers.