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L'art de Keith Haring était joyeux, espiègle même mais engagé contre le sida, l'apartheid et j'en passe....L'ami de Jean-Michel Basquiat (disparu avant lui et dans la même jeunesse) qui fut fort influencé par son travail a commencé par faire du Disney et de la bédé à l'école graphique de Pittsburgh avant de découvrir Alechinsky et Dubuffet, la spontanéité de l'Art brut ou de Cobra (l'une de ses premières oeuvres ressemble à un tableau de Christian Dotremont).Joyeux même dans la tragédie (le sida que ce joyeux noceur homosexuel va hélas trop tôt découvrir), comment s'étonner de le voir s'inspirer de l'art africain, utilisant des couleurs vives dans une sorte de danse que ses bonshommes exécutent, semblant en transes. L'auteur de lignes interconnectées (voir la vidéo " Painting myself into a corner "), est en effet connecté au monde, celui de la rue de New York des graffeurs comme LA II avec qui il collabore.Peignant sur bâches, des fresques (à Anvers notamment), initiant des espaces artistiques alternatifs dans une Big Apple, alors sale mais vibrante (tout le contraire d'aujourd'hui), il prône le do-it-yourself, imagine des pochettes pour Malcolm McLaren (manager des Sex Pistols), se veut abordable en ouvrant un pop shop qui met son art à la portée de tous. Passé de la contre-culture à la culture populaire, travaillant notamment sur Grace Jones, et pas à son corps défendant. Fin 89, son corps, celui de Haring, le lâche et il est pris d'une frénésie créatrice : luttant jusqu'au bout avec vitalité, profitant de la vie, la sienne fut à ce titre exemplaire, il laisse une oeuvre engagée et engageante dans sa simplicité.Cette rétrospective plonge également dans les années disco (Haring créa notamment une pochette pour Sylvester), et l'on vient à se demander si Keith Haring disparu à seulement 31 ans, n'avait pas déjà, au travers de son art juvénile, tout dit...et bien dit.Avec l'âge, serait-il devenu à son tour un vieux disque rayé ?