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La peau est un organe qui a la particularité de se renouveler rapidement, il lui faut donc des apports suffisants pour assurer ses fonctions.Un apport en protéines correct permettra le renouvellement cellulaire, plus particulièrement lors d'un processus de cicatrisation. Les glucides jouent également un rôle structurel important en participant à la synthèse des glycolipides et des glycosaminoglycanes. Enfin, les lipides sont des constituants essentiels des membranes cellulaires et sont particulièrement impliqués au niveau de l'épiderme dans leur rôle structurel, dans la fonction de barrière, dans la régulation de la kératinisation et dans le maintien de la fluidité membranaire. La peau est riche en stérols, triglycérides, acides gras libres, phospho- et sphingolipides qui participent à la constitution du ciment intercellulaire et surtout à celle des membranes cellulaires. Les lipides de la peau sont synthétisés dans les cellules de l'épiderme à partir de produits intermédiaires du métabolisme ou à partir d'acides gras essentiels, ces derniers devant être fournis par l'alimentation ou par des compléments.Certaines vitamines sont essentielles. On pense par exemple à la vitamine B9 qui intervient dans la multiplication cellulaire et donc le renouvellement cutané. Et de façon générale, les vitamines B sont des cofacteurs dans les réactions de transformation des lipides, glucides et protides et leur carence amènera des manifestations cutanées : dermite, chéilite, perlèche, dépigmentation.Les vitamines C et E sont également recommandées pour leurs propriétés antioxydantes. On les trouve principalement dans l'alimentation, d'où l'importance d'une nutrition équilibrée riche en fruits et légumes qui sont également sources d'autres substances antioxydantes (polyphénols...) aux propriétés antiradicalaires.Certains minéraux jouent un rôle crucial pour la peau comme le magnésium qui protège du stress oxydatif, grand producteur de radicaux libres responsables de nombre de pathologies dermatologiques inflammatoires.De même, le zinc intervient dans la synthèse des protéines. A ce titre, il favorise la cicatrisation et limiterait également la réaction inflammatoire. Il est donc utile face à certains problèmes cutanés comme l'acné, le psoriasis, les infections de la peau...Si la malnutrition sévère est rare dans nos contrées, il existe des formes modérées de carence nutritionnelle ou vitaminique chez des adultes au régime alimentaire fortement déséquilibré (alcooliques, marginaux,...) avec un impact au niveau dermatologique.Vu l'engouement actuel pour le véganisme, les carences en vitamine B12 ne sont pas rares en ce moment et les symptômes suivant peuvent y faire penser : glossite, aphtes, pigmentation de la pulpe des doigts et fourmillements dans les doigts et les orteils.Il est dans l'air du temps de consommer des compléments nutritionnels afin de garder une peau jeune. C'est surtout le vieillissement cutané photo-induit qui a été étudié. On a montré que la prise de certaines vitamines (A, D et E) et de sélénium permet de diminuer les effets nocifs des UV.D'autre part, chez les sujets gros consommateurs de bêta-carotène ou de dérivés de vitamine A, on observe une moindre fréquence des carcinomes cutanés. La prise de bêta-carotène à raison de 30mg/j diminuerait modérément l'incidence des coups de soleil, même s'il ne remplace en aucun cas la protection par les vêtements et les crèmes solaires. A l'inverse, chez les faibles consommateurs, on observe davantage de psoriasis.On peut observer de la caroténodermie ou coloration orange de la peau en cas de consommation abusive de bêta-carotène provoquée soit par la prise de compléments ou par un régime trop riche en fruits et légumes qui en contiennent (carottes, oranges, papayes...).Cela doit conduire au dépistage d'une éventuelle hypervitaminose A qui impose un bilan hépatique vu la toxicité de cette vitamine (hépatite cytolytique). La prudence sera également de mise chez les femmes en âge de procréer à cause de la tératogénicité de la vitamine A.Les signes cutanés de l'hypervitaminose A sont une sécheresse, une fine desquamation et des fissures des oreilles et de la région péribuccale et des plaques d'alopécie.Le rôle des Acides Gras oméga 3 et 6 a été étudié dans les dermatites atopiques et le psoriasis.On a mis en évidence un taux plus élevé d'acide linoléique (oméga 6) avec un déficit en acide g-linolénique (GLA, oméga 3) chez les patients atopiques. Cela signifierait qu'ils sont déficitaires en l'enzyme (6-désaturase) qui transforme l'acide linoléique en GLA. Le traitement logique consisterait donc à fournir à ces patients le GLA qui leur manque puisqu'il contribue à la plasticité de la peau et à l'intégrité de la barrière épidermique. Cependant, il semblerait qu'il apporterait juste une amélioration au niveau du prurit.En ce qui concerne le psoriasis, on constate une prévalence moindre chez les esquimaux, gros consommateurs d'oméga 3. Ceux-ci étant métabolisés par les mêmes enzymes que l'acide arachidonique pro-inflammatoire, il existerait donc une compétition entre ces deux molécules. Seuls quelques cas isolés ont confirmé cette explication. On utilise donc parfois les omega 3 comme adjuvants du traitement du psoriasis. Cela ne présente aucun désavantage vu leur action bénéfique sur la cicatrisation et l'inflammation.Par contre, en cas de psoriasis, certains aliments réputés pro-inflammatoires qui augmentent la perméabilité intestinale seraient à éviter. Il s'agit par exemple de l'alcool, de graisses saturées et du gluten. On observe d'ailleurs une incidence accrue du psoriasis parmi les alcooliques.Il existe une corrélation entre la peau sèche et une insuffisance d'apport en AG polyinsaturés. Outre une alimentation riche en poissons gras et l'utilisation d'huiles végétales riches en ces AG, des suppléments d'huile de bourrache et d'huile d'onagre seront efficaces.Chez l'alcoolique, on constate fréquemment une carence en acide linoléique liée à l'insuffisance d'apports et à un déficit de l'enzyme responsable de la transformation de l'acide linoléique (delta 6 desaturase) dû à de l'insuffisance hépatique.Au niveau cutané, cela se traduit par une peau sèche, une desquamation fine et exagérée, une diminution de la souplesse et de l'élasticité de la peau, une dermite séborrhéique importante, un retard de cicatrisation, une blépharoconjonctivite bilatérale et une susceptibilité accrue aux infections.