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Quelle opportunité pour une pharmacie d'hôpital de partir d'une page blanche et de pouvoir totalement se réinventer ! C'est à cette aventure rare qu'ont participé les 16 pharmaciens et 34 assistants de la pharmacie flambant neuve du CHC MontLégia qui, sur les hauteurs de Liège, regroupe les pharmacies des trois sites hospitaliers désormais réunis, à savoir les Cliniques Saint-Joseph, de l'Espérance et Saint-Vincent. Si quatre exigences, lumière naturelle, ergonomie, confort et bien-être, ont guidé la conception de l'hôpital, l'informatisation et l'automatisation ont plus particulièrement guidé celle de la pharmacie. Des méthodes de travail aujourd'hui indispensables à l'amélioration de la sécurisation du circuit du médicament à l'hôpital et, au MontLégia, cette automatisation est assez impressionnante. Il faut dire qu'avec 700 lits et 120 places en hôpital de jour, répartis dans deux longues ailes d'hospitalisation entourant un bâtiment médicotechnique, 16 salles d'opération et 12 salles d'accouchement, la pharmacie se devait d'optimiser son fonctionnement. A l'occasion du déménagement, le CHC a opté pour la DJIN (Dispensation Journalière Individuelle Nominative des médicaments) centralisée à la pharmacie, l'automatisation permettant de composer quotidiennement plusieurs centaines de traitements. Pour ce faire, différents robots et automates sont nécessaires : un robot prépare les doses unitaires composées des formes sèches (gélules et comprimés) ; un autre s'occupe des doses unitaires à base d'ampoules, suppositoires et comprimés effervescents ou lyophilisés ; et six automates préparent tous les jours les traitements nominatifs pour chaque patient. Un énorme robot-boîte long de 12 m et haut de 3,5 m stocke l'essentiel des médicaments provenant directement des fournisseurs. Après validation des prescriptions par les pharmaciens, les différents automates préparent les médicaments et les anneaux des traitements individuels placés dans des bacs dédiés aux différentes unités de soins. Enfin, un poste de réconciliation permet la dernière étape de vérification. Cette préparation des traitements directement à la pharmacie centrale est l'un des éléments qui doit assurer la qualité du circuit du médicament. Elle permet aussi d'être plus en adéquation avec les besoins que lorsqu'ils sont composés manuellement 2 à 3 fois par semaine. Cependant, quand on essuie les plâtres, on sait qu'un certain nombre de choses devront être ajustées. Ainsi, la DJIN n'a pas encore pu être implémentée faute de logiciels prêts à temps pour gérer les différentes interfaces entre les robots ou la gestion des stocks. " Heureusement, on avait élaboré un plan B, explique Christine Monjoie, pharmacienne qualiticienne. On travaille donc un peu comme avant, en assurant une distribution pour 3-4 jours de façon manuelle ". Pour transporter les traitements de la pharmacie vers les unités de soins, le MontLégia s'est doté d'AGV (Automatic Guided Vehicule), des véhicules auto-guidés qui récupèrent les traitements disposés dans de grandes armoires sécurisées et les montent dans les services. " Ils circulent au -1 uniquement jusqu'à l'ascenseur qui leur est réservé et puis ils vont vers l'étage voulu où ils déposent leurs colis. Ils ne rencontrent aucun patients ni lits ". Ici aussi, il y a un peu de retard, indique-t-elle : " Pour l'instant, ce sont toujours les assistants qui amènent les traitements dans les services. Les AGV devraient être opérationnels en juin ". Signalons encore qu'un système de télétubes permet d'envoyer les traitements d'urgence dans les services et qu'à chaque niveau de l'hôpital, une pharmacie satellite (une armoire automatisée réapprovisionnée chaque semaine) dessert quatre services. Autre innovation : la gestion des implants et disposables a été rationalisée. " Il n'y a plus qu'un seul stock pour la pharmacie et l'équipe logistique qui prépare le matériel pour les interventions. Ce qui change au MontLégia c'est qu'il y a des picking listes : pour chaque intervention, on connaît le matériel minimum nécessaire et il est préparé la veille sur des chariots identifiés par patient, mentionnant le nom du chirurgien, l'heure de l'intervention et la salle. Grâce à cette organisation par case carts, la place du matériel est bien déterminée, ce qui permet de ne pas se tromper dans le choix du matériel. Pour l'équipe logistique, tout ce paramétrage a été assez lourd à préparer. Grâce à la crise du coronavirus, cette équipe a eu un peu plus de temps pour préparer tous ces chariots mobiles spécifiques à chaque spécialité... ", précise-t-elle. Le déménagement en plein contexte de crise du coronavirus a obligé les équipes à faire preuve d'une sérieuse capacité d'adaptation : " Au début, c'était stressant parce que c'est une autre façon de travailler. En tant que cadres, nous avons eu des formations au changement et comme on s'était lancé dans le processus de l'accréditation, les équipes ont appris à se connaître avant de se retrouver toutes ensemble. Nous nous sommes également vus régulièrement pour la mise en place du projet au MontLégia ". Quel bilan peut-on faire après deux mois de fonctionnement ? " Nous sommes dans un bel environnement et on aura un bel outil quand il fonctionnera totalement ! La qualité de notre travail va s'améliorer, c'est pour ça que l'institution a investi, pour accroître la qualité et la sécurité pour le patient. On va réaliser un fameux bond en avant ! ", se réjouit Christine Monjoie. En attendant d'atteindre son rythme de croisière, la nouvelle pharmacie fourmille déjà de projets comme l'amélioration des passerelles informatiques avec la PMI pour diminuer le travail d'encodage non valorisant, ou encore comme le bedside scanning.www.chc.be