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Après auditions des professionnels de santé et du médicament, des consommateurs, des patients et des représentants institutionnels, la députée européenne, Nathalie Colin-Oesterlé, a remis ses conclusions et propositions le 29 avril dernier. Elles seront mises au vote en session plénière au Parlement européen probablement au mois de juillet. "La question de la pénurie de médicaments et de matériel médical en Europe n'est pas nouvelle. Il aura cependant fallu attendre la crise sanitaire actuelle pour comprendre que la santé est une arme géostratégique qui peut mettre un continent à genoux, explique-t-elle. Les pénuries se sont multipliées par 20 entre 2000 et 2018 et par 12 depuis 2008, entraînant des risques considérables pour la sécurité des patients et fragilisant le système sanitaire des États membres". Il est donc temps de sécuriser l'approvisionnement et d'accompagner, par des mesures incitatives, la relocalisation de la production de substances actives et de médicaments finis, estime Nathalie Colin- Oesterlé qui préconise la création d'un ou de plusieurs établissements pharmaceutiques européens à but non lucratif, "capables de produire certains médicaments d'intérêt sanitaire et stratégique en situation de criticité ou n'étant plus rentables pour les firmes pharmaceutiques". Ceci permettrait également de pallier les pénuries au-delà des situations de crise". Ensuite, sur le modèle du mécanisme rescUE mis en place par la Commission européenne, elle propose également "de développer une réserve commune de médicaments de type anti-cancéreux et anti-infectieux aux prix harmonisés, une sorte de 'pharmacie européenne d'urgence' afin de répondre aux besoins des États membres confrontés à ces pénuries récurrentes et garantir aux patients l'accès au traitement". Ce mécanisme rescUE existait déjà en matière de protection civile, il a été étendu aux médicaments et matériel médical : "Il s'agit d'une sorte de réserve européenne pour les pays qui, confrontés à un problème de pénurie, sont en situation d'urgence. Je propose de pérenniser ce mécanisme pour les médicaments d'intérêt sanitaire et stratégique, ceux pour lesquels il n'existe pas d'alternative. L'objectif est de développer des stratégies de santé avec un panier commun de médicaments et de vaccins prioritaires. C'est la pharmacie européenne qui, à très court terme, peut être mise en place. Je préconise aussi, à très court terme, de faire de la sécurité de l'approvisionnement un critère au même titre que le prix. Il est en effet nécessaire d'instaurer une plus grande transparence dans la chaîne de distribution et une coopération renforcée entre États membres, afin d'avoir une cartographie claire des situations de tensions et des besoins dans chaque pays et éviter les pratiques de 'surstockage' qui ne font qu'aggraver ces pénuries".territoires.org