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"Le changement climatique et les efforts pour limiter l'impact environnemental des opérations sont l'une des priorités de l'industrie pharmaceutique qui a entrepris des initiatives pour atteindre des objectifs clairs de développement durable en matière de réduction des émissions de CO2 et de l'empreinte carbone de ses activités en Belgique et dans le monde. (...) Sept des 100 entreprises les plus engagées en faveur du développement durable dans le monde sont des entreprises biopharmaceutiques ", a indiqué Catherine Rutten, CEO pharma.be.1Répondre aux objectifs de développement durable tels que fixés par les Nations Unies peut se faire à tous les échelons de la chaîne, depuis l'approvisionnement, en passant par la fabrication, l'optimisation du recyclage des eaux des usines, l'acheminement plus efficace des produits, les bureaux et parcs automobiles plus verts, la gestion responsable des déchets... Ainsi, le gouvernement wallon s'est-il engagé à réduire les émissions de CO2 de 55% d'ici 2030 et à avoir une industrie neutre en carbone en 2050.En introduction, Tom van Wesemael (Deloitte Belgium) a donné quelques chiffres pour illustrer l'ambition verte des sociétés du secteur pharma : " 20% du fret pharma global se fait par mer ; en Belgique, le pharma est responsable de moins de 1% des émissions de CO2 total et 10% des subventions sont liés aux investissements dans la durabilité ; la production d'un vaccin produit 19 fois moins de CO2 que celle d'1 kg de boeuf... "Dans notre pays, les médicaments sont collectés de manière distincte depuis 2005. Cette initiative découle de la décision de la Commission européenne (6 septembre 2000, L226/3) selon laquelle les médicaments périmés ou non utilisés collectés de manière sélective auprès des ménages sont classés comme déchets non dangereux. En Belgique, elle a été suivie par des décrets et ordonnances des gouvernements wallon, bruxellois et flamand qui ont exigé la reprise de certains déchets et, in fine, par l'initiative où pharmaciens, producteurs de médicaments et grossistes unissent leurs forces pour collecter ces médicaments.Du côté de l'industrie pharmaceutique, AstraZeneca a annoncé son ambition d'atteindre la neutralité carbone dans ses opérations en 2025 et d'être carbone négative en 2030. " Nous misons sur trois principaux projets pour 2025 : le passage à une flotte entièrement électrique, dont la filiale belge, combiné au passage à 100% d'énergie renouvelable ; le lancement d'une nouvelle génération d'inhalateurs et la reforestation de 50 millions d'arbres, les efforts commençant notamment en Australie, Indonésie et France dès février 2020 ", a expliqué Anne-Laure Dreno, présidente d'AstraZeneca Belgique/Luxembourg. Ces nouveaux inhalateurs utiliseront un gaz neutre pour l'environnement qui devrait permettre de réduire de 90 à 99% l'impact environnemental, comparés aux inhalateurs actuels utilisés par plus de 300 millions de patients atteints d'asthme et de BPCO.Devenir neutre en carbone d'ici 2030 en réduisant de 35% ses émissions de CO2, en diminuant de 20% sa consommation en eau et en baissant de 25% sa production de déchets, sont les objectifs poursuivis par UCB." Il faut réécrire des procédures, renégocier les contrats, reformer le personnel et embarquer tout le monde autour de ces nouveaux objectifs. (...) Le challenge se situe davantage au niveau de la gestion du changement. Gérer l'impact de ces changements sur les opérations, former les collaborateurs à travailler différemment et accepter l'impact financier dans certains cas. Ce n'est pas infaisable, mais cela prend du temps et demande de la détermination. Il s'agit de responsabilités collective et individuelle pour réellement changer notre comportement ", a expliqué Isabelle Béraud, en charge de la chaîne de distribution globale pour UCB. L'un des projets vise par exemple à privilégier le transport par bateau et donc à gérer un stock sur mer.Hans Van Hees, responsable des usines qui fabriquent les matières premières pour Janssen, a présenté les objectifs de son entreprise : puiser 100% de sa consommation mondiale dans des sources renouvelables d'ici 2050, réduire d'un tiers son rejet de CO2 ou encore recycler 80% des déchets non dangereux pour fin 2020... " Le passage à une distillation sur site, à de l'énergie géothermique, aux éoliennes ou encore le projet 'plant on a truck' (épuration d'eau)... nous aident à être plus efficaces, plus verts et à appliquer plus de types de chimie verte "." Aujourd'hui, nous sommes fiers de l'approche proactive qui intègre l'impact environnemental dans le développement de nouveaux produits, a expliqué Philippe Dehottay de GSK Vaccines. Pour intensifier nos procédés de production, nous avons miniaturisé une étape grâce à la technologie microfluidique qui consiste à utiliser des nanotubes très fins permettant de réaliser les mélanges de substances de nos vaccins. Cette technologie permet de réduire notre empreinte carbone, ainsi que l'énergie et l'eau utilisées. Nous passons ainsi de grandes cuves en inox à de petites pièces de quelques centimètres carrés. Autre exemple : nous digitalisons désormais nos procédés. Une fois que ces modèles mathématiques sont validés, nous pouvons simuler certaines expérimentations au lieu de les réaliser réellement. Or, la meilleure opération pour éviter l'impact environnemental est celle qui n'est pas faite "." L'industrie aujourd'hui doit intégrer la dimension environnementale et plus encore doit anticiper l'impact environnemental que ses procédés de production vont avoir sur l'environnement demain. C'est pourquoi notre objectif pour 2030 est de réduire notre impact environnemental de 25% en réduisant l'émission de gaz à effet de serre, l'eau et les déchets ", conclut-il.