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Etienne Maeriën a présenté à cette occasion le concept du Virtual Integrated Drug Information System (Vidis) de l'Inami. Le projet s'inscrit dans le cadre du nouveau plan e-santé (la troisième version de la feuille de route), qui s'appuie sur les applications informatiques existantes - Recip-e, le schéma de médication, la base de données de MyCareNet avec les accords du chapitre IV, la source authentique des autorités pour les médicaments disponibles (SAM), le Dossier Pharmaceutique Partagé des pharmaciens où sont enregistrées les données relatives aux médicaments délivrés, etc. S'y ajoute un " journal " où le patient, le médecin et le pharmacien peuvent partager des notes.L'objectif de Vidis est ambitieux : le médecin pourrait, au départ du schéma de médication, modifier ou prolonger un traitement pharmacologique, mais aussi supprimer un produit donné ou en prescrire un nouveau (= ajouter un médicament au schéma). Autant dire qu'il s'agit d'un projet extrêmement complexe, qui ne pourra être déployé que pas à pas, souligne Etienne Maeriën. La première étape est donc le développement de l'application en ligne destinée aux prestataires de soins et aux patients, qui devrait être incorporée aux systèmes des médecins, pharmaciens et infirmiers d'ici mi-2020 et sera également testée dans les maisons de repos et de soins.Pour les médecins, Etienne Maeriën insiste beaucoup sur l'importance des systèmes d'aide à la prise de décision, qui analysent les traitements médicamenteux et peuvent attirer l'attention sur certains risques ou contre-indications. " L'intégration d'une aide à la prise de décision exige aussi une bonne gouvernance ", ajoute-t-il. Elle ne peut en effet pas devenir une sorte de " boîte noire " : son fonctionnement doit rester parfaitement transparent pour les utilisateurs, qui doivent également savoir comment sont élaborées les règles gérées par le système. La réflexion sur un système pour les prescriptions non médicamenteuses - qui constitue d'ailleurs un point spécifique du programme de la nouvelle feuille de route - est actuellement en cours. Un cahier des charges européen est également en préparation pour l'aide à la prise de décision lors de la prescription d'examens d'imagerie.Les patients aussi pourraient être concernés par les systèmes d'aide à la prise de décision, qui représenteraient pour eux une version numérique du " second avis ", souligne encore Etienne Maeriën. Plus largement, les systèmes électroniques offrent de très nombreuses possibilités pour développer la participation des patients à leur prise en charge.Le patient doit occuper une position centrale dans les soins de santé. À présent que nombre de services électroniques sont opérationnels, il pourrait toutefois aussi devenir le moteur d'une transformation numérique des soins assortie d'un recours croissant auxdits services, souligne Etienne Maeriën. C'est aussi pour cette raison qu'il insiste beaucoup sur le rôle du Personal Health Viewer dans la nouvelle feuille de route. " Nous déployons tous les trois mois une mise à jour dont nous profitons pour mieux faire connaître le PHV. " Nombre de personnes ont déjà eu l'occasion de découvrir MaSanté.be, mais l'objectif des autorités est encore loin d'être atteint. Elles ont donc bien l'intention de mettre les bouchées doubles, et une campagne autour du Health Viewer va être lancée par le biais des communes.Les questions que reçoit le contact center à propos de MaSanté donnent clairement à penser que les patients pourraient contribuer à activer le recours aux services d'e-health. Nombre d'entre elles concernent les SumEHR ou autres documents cliniques que le patient a la possibilité de consulter ; certains se demandent par exemple pourquoi leur SumEHR est tellement... sommaire. Si les prestataires aussi s'entendent de plus en plus souvent poser ce genre de question, il est possible que cela les incite à accorder plus d'attention à la qualité du partage de données électroniques.À partir du 1er janvier, la prescription de médicaments s'affranchira complètement du papier et le PHV deviendra pour le patient la source par excellence pour consulter ses ordonnances en attente. Il pourra également spécifier chez quel pharmacien il souhaite aller chercher son médicament, ce qui peut présenter des avantages pour toutes les parties. Si le pharmacien (ou son système informatique) remarque que le produit concerné n'est plus en stock, il pourra immédiatement avertir le patient afin de lui éviter de faire le déplacement pour rien. Le pharmacien pourrait également lui proposer un rendez-vous pour lui exposer l'utilisation d'un nouveau traitement ou préparer sa commande à l'avance s'il s'agit d'une prescription de routine. On pourrait même imaginer que le patient vienne chercher ses médicaments à un distributeur automatique en-dehors des heures d'ouverture ! " L'informatisation peut donner une foule de nouvelles idées aux entrepreneurs. Nous payons bien Uber pour nous livrer des repas à domicile : ne pourrions-nous pas, un jour, nous faire apporter à la maison les médicaments qui nous ont été prescrits ? "