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Commercialisé depuis les années 50 pour traiter la dépendance alcoolique, le disulfiram est également connu pour son effet anticancéreux. Raphaël Frédérick, chercheur au Louvain Drug Research Institute de l'UCLouvain, en collaboration avec les équipes des Prs Olivier Feron (Institut de recherche expérimentale et clinique, UCLouvain) et Johan Wouters (UNamur), viennent d'identifier ce mécanisme qui n'avait pas encore été élucidé. Leurs travaux ont paru dans Scientific Reports (2019;9:4737). Ces dernières années, diverses études ont en effet mis en évidence ce potentiel qui se traduit notamment par le blocage de l'activité des enzymes nécessaires à la prolifération des cellules cancéreuses. Les chercheurs se sont intéressés à l'une d'entre elles, la phosphoglycérate déshydrogénase (PHGDH), qui intervient dans la production de la sérine, l'acide aminé nécessaire à la prolifération des cellules cancéreuses.En passant au crible plusieurs centaines de molécules, ils se sont rendus compte que c'est le disulfiram qui bloque le plus efficacement la PHGDH et donc la production de sérine, empêchant les cellules tumorales de se multiplier. En 2017, un autre effet antitumoral du disulfiram avait été découvert: activé en présence de cuivre, il inhibe le processus de dégradation des protéines et prévient la prolifération tumorale. À l'heure actuelle, plusieurs études cliniques sont en cours avec le disulfiram. Elles devraient permettre de mieux en comprendre son mode d'action et de créer de nouveaux médicaments anticancéreux.