Tout le monde a déjà souffert un jour ou l'autre d'un mal de tête. Mais un mal de tête n'est pas l'autre et chaque type nécessite un traitement adapté. Luc Herroelen, neurologue spécialisé dans le traitement des maux de tête (UZ Leuven), fait le point sur les traitements actuels en matière de céphalées de tension, d'algies vasculaires et de névralgies du trijumeau.
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A côté de la migraine (voir le Pharmacien 112 du 7 mai), on distingue trois autres formes fréquentes de maux de tête, dont la plus connue reste la céphalée de tension, répondant à cinq critères : intensité légère à modérée ; douleur bilatérale ; douleur non pulsatile ; douleur non aggravée par le mouvement ; aucun autre symptôme de type nausées (hormis parfois une photo/phonophobie). Plusieurs facteurs peuvent déclencher des tiraillements douloureux. " Par exemple une grasse matinée ou une trop forte consommation d'alcool ", explique le Dr Herroelen. " Mais les causes exactes de ces céphalées de tension sont beaucoup moins étudiées que celles de la migraine. Au niveau des traitements, nous disposons d'une gamme assez limitée de médicaments. Je recommande aux patient atteints de céphalées de tension chronique - soit 15 jours ou plus de maux de tête par mois - de ne pas prendre de traitement de crise, car il peut mener à une surconsommation médicamenteuse qui ne fait qu'aggraver les maux de tête ". Traitement préventif " En cas de céphalées épisodiques (une fois par semaine), un traitement de crise est recommandé, comme le paracétamol. Conjointement, le patient doit également prêter attention au triangle hygiène de vie/exercice physique/ relaxation. La kiné figure également parmi les traitements de première ligne en cas de céphalées de tension. Si ces mesures demeurent inefficaces, nous utilisons alors de l'amitriptyline, un antidépresseur ancienne génération qui, à faible dose, soulage les céphalées de tension. Il est par contre moins adapté aux personnes âgées car il augmente la pression intraoculaire et a donc un effet néfaste sur le glaucome. Il peut aussi augmenter les problèmes de prostate et générer un risque de confusion chez les personnes déjà atteintes d'un déficit cognitif. Ce médicament doit donc être pris de préférence sous surveillance médicale et par les patients de moins de 65 ans. La seule alternative avérée est la mirtazapine ". L'algie vasculaire de la face Les algies vasculaires de la face peuvent être épisodiques ou chroniques. " Pour les algies épisodique, les maux de tête surviennent par exemple du 1er mars au 15 avril. Durant cette période, qui peut durer de 2 à 12 semaines, le patient peut en souffrir tous les jours. Ensuite, la douleur peut disparaitre pendant des mois. En revanche, pour les algies vasculaires chroniques, il ne s'écoule pas un mois sans crise. On ne peut donc pas établir un réel calendrier ". Les algies vasculaires épisodiques apparaissent souvent à la même saison. " Une vieille hypothèse l'explique par l'augmentation de lumière au printemps et sa diminution entre l'automne et l'hiver, mais cette théorie n'est pas confirmée. En outre, les patients souffrant de ces maux de tête nous consultent toute l'année. "Thérapie au lithium L'algie vasculaire de la face peut se déclencher de 1 à 8 fois par 24 heures. Le traitement préventif doit rester la priorité absolue pour soigner ce type de maux de tête. La thérapie de première intention est prophylactique : le vérapamil chlorhydrate ou le méthysergide, également utilisé pour la migraine. Autre alternative : le lithium, même si nous restons plus réticents à l'utiliser car il est également utilisé pour les troubles bipolaires. Mais il peut s'avérer utile pour certains patients atteints d'algies vasculaires de la face qui ne réagissent pas bien aux autres traitements. Il comporte cependant une série d'inconvénients comme une prise de sang trimestrielle, et d'effets secondaires (hypothermie et frissons) ". Neuralgie du trijumeau Cette douleur faciale se manifeste uniquement sur le visage du patient et dure maximum 125 secondes. " Une douleur très brève, mais particulièrement forte qui se produit toujours dans une zone nerveuse spécifique, comme la mâchoire inférieure ou supérieure, ou le nez. La douleur peut être déclenchée par un simple toucher de la peau, notamment en se lavant. Le traitement de référence standard est la carbamazépine. A très faible dose, cet antiépileptique peut soulager la douleur. Si le patient répond bien au traitement, je lui conseille de le poursuivre. Car les patients qui cessent de le prendre et subissent à nouveau des crises ne réagissent plus à ces mêmes doses. A côté de ce produit, trois autres antiépileptiques modernes sont efficaces. Il existe aussi d'autres alternatives plus invasives comme la thermo- coagulation ou l'opération de décompression micro-vasculaire ".