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La sudation, essentielle à la thermorégulation, au maintien de l'hydratation cutanée et à l'équilibre hydro-électrolytique corporel, est dépendante de glandes sudorales. Les glandes eccrines - les plus fréquentes et localisées principalement au niveau plantaire, axillaire, palmaire, des joues et du front - sont très importantes dans la thermorégulation et sont innervées par des fibres cholinergiques du système nerveux sympathique. Les glandes apocrines - moins nombreuses et essentiellement localisées au niveau axillaire et à la région génitale - conduisent à une sueur visqueuse et malodorante suite à l'interaction avec des bactéries et à leur développement androgéno-dépendant.La thermorégulation est contrôlée par des structures corticales, l'hypothalamus antérieur et le système nerveux sympathique. La réponse sudorale est sous l'influence de facteurs thermiques, psychiques, gustatifs.Une hyperhidrose primaire est liée à une hyperstimulation des glandes eccrines, suite à un dysfonctionnement ou à une hyperactivation du système nerveux autonome ainsi qu'à une hypersensibilité de l'hypothalamus à des stimuli dont les émotions. Cette hyperhidrose peut être héréditaire.Critères cliniques d'hyperhidrose primaireSudation excessive depuis plus de 6 mois associée à au moins 2 autres critères :Localisation : aisselles (principalement), paumes, plantes, région craniofacialeBilatérale et relativement symétriqueAbsence de sudation la nuitEpisodes au minimum hebdomadairesAge de début inférieur à 25 ansPerturbation des activités quotidiennesAntécédents familiauxUne hyperhidrose secondaire peut être généralisée ou locorégionale, suite à des traumatismes au niveau de la moelle, des atteintes au niveau cortical, après l'amputation d'un membre... Une anamnèse accompagnée d'examens biologiques peut permettre d'en déterminer l'origine.Causes d'hyperhidrose secondaire généralisée (liste non exhaustive)MédicamentsHormonales (grossesse, ménopause)Toxiques (éthylisme chronique, sevrage opiacés...)Manifestations neurovégétatives (malaise vagal)Pathologies endocriniennes (hyperthyroïdie, diabète, acromégalie...)Atteintes cancéreuses (lymphome, carcinome pulmonaire...)Atteintes infectieuses (tuberculose, endocardite...)Atteintes neurologiques (neuropathies périphériques, AVC, Parkinson...)Psychiatrique (troubles anxieux)Des questionnaires et des scores permettent d'évaluer la sévérité et l'impact sur la qualité de vie du patient afin de proposer un algorithme de prise en charge. Le Test de Minor est utile pour évaluer et localiser l'hyperhidrose par coloration noire sur les zones hidrotiques, consécutive à l'application d'une solution iodée suivie d'amidon de maïs. Surtout utilisée en recherche, la gravimétrie évalue la quantité de sueur produite sur une période donnée.Les antiperspirants topiques à bases de sels (chlorure) d'aluminium ont une efficacité sur l'excrétion de la sueur mais peuvent se révéler irritants. Une application sur peau sèche au moment du coucher ainsi qu'un intervalle augmentant (24 h, 48 h, 1-3 semaines) entre chaque application permet de diminuer l'irritation. Le recours aux dermocorticoïdes pourra être envisagé en cas de persistance de gêne cutanée. Des tests avec des topiques à base de glycopyrrolate, agent anticholinergique, se sont révélés bénéfiques.Cette méthode qui consiste à exposer les mains et/ou les pieds à un courant électrique continu transmis par immersion dans l'eau, pourrait engendrer une obstruction mécanique des glandes sudoripares ou un dysfonctionnement dans le couplage stimulus-sécrétion. Plusieurs séances sont nécessaires pour atteindre un résultat visible et des séances d'entretien, en général mensuelles, sont à prévoir. Cette technique est à contre-indiquer en cas de grossesse, chez les porteurs de pacemaker, prothèse ou dispositif intra-utérin métallique. Une sécheresse cutanée, un érythème ou des éruptions cutanées (rares) peuvent être rapportés.L'injection de cette toxine diminue l'émission de sueur en inhibant le relargage de l'acétylcholine au niveau des terminaisons innervant les glandes sudorales eccrines. Les zones hyperhidrotiques sont repérées par le test de Minor et une anesthésie peut être envisagée afin de diminuer la douleur en cas d'injection palmaire. La durée de la réduction de la transpiration est de l'ordre de 6 à 12 mois et améliore la qualité de vie. On peut observer des hématomes aux sites d'injection, une diminution de la force ou des paresthésies transitoires.Des médicaments anticholinergiques peuvent être proposés car les glandes eccrines sont innervées par des fibres cholinergiques. L'oxybutinine - utilisée en doses progressives jusqu'à obtention de l'efficacité - peut se montrer utile (à la posologie de maximum 2,5mg, 3x/jour), malgré une utilisation off label. Ce traitement sera contre-indiqué en cas de patients présentant un glaucome, des troubles neuromusculaires, des maladies inflammatoires de l'intestin, une tachyaryhtmie ou des antécédents ou des facteurs prédisposant une rétention urinaire. Les effets secondaires (xérostomie, troubles visuels, constipation, rétention urinaire...) peuvent compliquer son utilisation. La clonidine a également été testée mais peut être responsable d'hypotension artérielle.La sympathectomie thoracique provoque un arrêt complet de la sudation de la partie supérieure du corps. Cette méthode consistant à sectionner les ganglions de la chaîne sympathique par un clip ou par électrocoagulation sous anesthésie générale est à réserver à des formes sévères et a peu d'action sur la sudation plantaire. L'anhidrose causée par l'intervention peut entraîner une importante sécheresse cutanée et une hypersudation compensatrice de la partie inférieure du corps peut influencer la qualité de vie. Une sudation faciale suite à la prise de certains aliments est rare. Un pneumothorax ou des dysesthésies transitoires des membres inférieurs figurent parmi les complications.Des techniques chirurgicales locales sous forme entre autres de curetage constituent une alternative mais à efficacité transitoire en cas d'hyperhidrose axillaire.