Dilatation veineuse progressive dans la région du canal anal, la pathologie hémorroïdaire est une cause fréquente de consultation... qui passe souvent d'abord par l'officine.
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Structures anatomiques normalement présentes chez l'individu sain, les hémorroïdes font plus souvent parler d'elles en cas de poussée hémorroïdaire dont l'intensité n'est pas forcément proportionnelle à l'importance de la dilatation. Bien que souvent bénigne, la maladie hémorroïdaire ne doit pas être négligée car elle peut cacher une autre affection comme un cancer recto-sigmoïdien rencontré principalement après 45 ans. Expression symptomatique Sensation de chaleur ou de pesanteur périnéale accentuée lors du passage de la selle ou d'exercice physique, la crise hémorroïdaire peut être consécutive à un épisode diarrhéique ou de constipation ou à un excès de table. Beaucoup plus douloureuse et associée à une réaction inflammatoire, la thrombose hémorroïdaire (externe ou interne) se définit par la formation de caillots par rupture d'une veine dans un plexus hémorroïdaire de survenue brutale ou pouvant être déclenchée suite à un exercice physique, un accouchement. Généralement, la douleur sera régressive et laissera après plusieurs jours une cicatrice (marisque) rendant la toilette plus difficile. L'hémorragie hémorroïdaire se caractérise par l'émission de sang rouge lors d'un épisode défécatoire, mais peut se rencontrer dans des affections tumorales. Le prolapsus hémorroïdaire dû à la laxité du tissu conjonctif sous-muqueux hémorroïdaire peut être responsable d'une gêne mécanique, de suintements ainsi que de brûlures anales. Traitement médical Le respect de mesures hygiéno-diététiques contribue à la disparition des hémorroïdes. Certains aliments (piments, condiments, épices, alcool, café fort,...) doivent être évités. L'augmentation de la prise quotidienne en fibres est conseillée car cet apport permet de diminuer douleur, saignement et prolapsus. La station debout doit être privilégiée et certaines activités (cyclisme, équitation, moto) sont à déconseiller. Traitement oral Pour régulariser le transit, la prise de laxatifs non irritants (mucilage, PEG,...) peut être envisagée, tout en tenant compte de leurs effets secondaires (sensation de ballonnement, météorisme) et du risque de troubles du transit (diarrhée) rencontrés dans la maladie hémorroïdaire interne ou externe. Les médicaments veinotoniques et vasculoprotecteurs plaident en faveur d'une amélioration du tonus pariétal veineux, d'une diminution de la perméabilité capillaire et ont des propriétés anti-oedémateuses et anti-inflammatoires. La diosmine à forte dose (3 puis 2g par jour) en cure courte abrège les symptômes aigus (rectorragies, douleur anale, suintement), mais son prix est à considérer. Prise à plus long terme (2 mois minimum, 3 mois maximum) et à dose plus faible (1g/24h), la diosmine diminue la récidive desdits symptômes aigus. D'autres phlébotropes (troxérutine, hydroxyéthylrutosides,...) sont également utilisés dans la maladie hémorroïdaire. Le coût de ces molécules doit toutefois être considéré ainsi que le risque - très limité toutefois - de colites lymphocytaires. Les antalgiques (paracétamol) et anti-inflammatoires non stéroïdiens - à l'exception de l'aspirine vu le risque hémorragique - sont efficaces pour la prise en charge de la douleur. Traitement local Les topiques locaux sont disponibles sous forme de suppositoires, crèmes ou pommades et peuvent contenir des agents favorisant la cicatrisation (oxyde de zinc, de titane), des anti-inflammatoires (glucocorticoïdes) ou des anesthésiques locaux. Ces préparations peuvent contenir des substances responsables de réactions d'hypersensibilité (baume du Pérou, lidocaïne,...) et celles à base de corticoïdes peuvent provoquer une atrophie cutanée en cas d'usage prolongé et une résorption ne peut être exclue. Traitement instrumental (endoscopique) Il a pour principe de provoquer au sommet des plexus hémorroïdaires internes une fibrose cicatricielle. Les techniques utilisées permettent une dévascularisation de la sous muqueuse anale ainsi qu'une réduction du volume hémorroïdaire. Mais leur effet s'épuise avec le temps. Les méthodes (injections sclérosantes, ligature élastique, photo-coagulation infrarouge, cryothérapie, électrocoagulation) sont réservées aux patients souffrant régulièrement d'une procidence ou de saignements avec des hémorroïdes de taille moyenne. Ces techniques ne sont pas sans effets secondaires, dont certains (fièvre, douleurs importantes, saignements, rétention urinaire) demandent une consultation d'urgence. Traitement chirurgical Ce traitement est proposé après échec des traitements endoscopiques ou en cas de maladie anatomique trop importante. Le délai de cicatrisation est long et les douleurs post-opératoires sont importantes. Malgré son efficacité, la chirurgie des hémorroïdes ne permet pas encore un traitement radical. Ses complications (rétention urinaire, saignements, constipation d'évacuation) ainsi que des séquelles fonctionnelles (prurit, troubles de la discrimination des gaz,...) sont à considérer avant de l'envisager.