Si les problèmes uro-génitaux sont devenus moins 'honteux' ces dernières années, de nombreux patients éprouvent encore du mal à en parler, laissant la voie libre aux idées reçues sur l'hygiène intime. Après avoir abordé les zones féminines, ce dossier refait le point sur les soins masculins et le traitement de plusieurs IST.
...
Chez les hommes, l'hygiène concerne principalement le pénis. Il est conseillé de le nettoyer une à deux fois par jour, en accordant une attention particulière au gland. A sa base se trouvent les glandes prépuciales, responsables entre autres de la production du smegma. Ce dernier peut s'accumuler entre le prépuce et le gland, accompagné souvent de squames. Si ces substances ne sont pas retirées à temps, elles peuvent provoquer des irritations et des infections. Les spécialistes conseillent d'éliminer ce smegma quotidiennement en rinçant le prépuce et le gland avec de l'eau. Utilisés avec modération, gels douche et savons peuvent également être utilisés. Chez certains hommes, la muqueuse peut en effet être irritée au contact de produits trop agressifs ou parfumés. Ces hommes allergiques ou sensibles doivent être orientés vers des produits de rinçage adaptés pour les zones intimes, par exemple à base d'extraits de bardane. Balanite et couronne perlée Les inflammations du gland et/ou du prépuce sont fréquentes. En cause : une irritation de la muqueuse provoquée par une accumulation d'urine, de smegma et de squames, mais aussi un manque d'hygiène, une infection bactérienne (trichomonas) ou fongique (candida). Ces balanites s'accompagnent de symptômes tels des démangeaisons, une peau rouge et squameuse, des irritations et des douleurs. Le traitement sera fonction du type d'infection. En cas de trichomonas, il reposera sur un antibiotique ; en cas d'infection fongique sur un antimycosique. Ce traitement doit toujours être associé à une hygiène approfondie délogeant le smegma et les autres substances. Hausse des IST Selon des chiffres récents, le nombre d'IST (infections sexuellement transmissibles) seraient à nouveau en augmentation dans notre pays, en particulier les cas de gonorrhées, de chlamydia et de syphilis. Les femmes semblent être plus sensibles aux chlamydia (60,3 %) et aux verrues génitales (15,5 %). Du côté des hommes aussi, les chlamydia arrivent en tête (28,1 %), suivies des syphilis, des verrues génitales et des gonorrhées (17 %). Quelles sont les recommandations respectives au niveau de leur traitement ? Gonorrhée En marge de la hausse de son incidence, la résistance de la neisseria gonorrhoeae aux antibiotiques augmente elle aussi. Les résultats du laboratoire de référence en Belgique indiquent une augmentation de cette résistance entre 2006 et 2009 pour la pénicilline (de 33 % à 47 %), la tétracycline (51 %- 62 %) et la ciprofloxacine (61 % - 63 %). Cette résistance renforcée met évidemment en péril le contrôle de cette infection, avec très peu de moyens alternatifs à disposition. Les directives actuelles recommandent de traiter les gonorrhées avec de la ceftriaxone (1 g) ou de la spectinomycine (2 g, pas pour la gonorrhée orale). L'azithromycine est déconseillée à cause d'une forte résistance doublée d'une mauvaise tolérance. L'examen de contrôle après le traitement standard n'est en principe pas nécessaire et ne sera pratiqué que dans certains cas particuliers (plaintes persistantes, présomption de résistance, mauvais suivi thérapeutique,...). Enfin, il est également souhaitable d'avertir son partenaire sexuel. Condyloma acuminata Les verrues génitales restent l'une des IST les plus courantes et la plus fréquente de nature virale. Les HPV de faible risque (comme par exemple les types 6 et 11) sont les principales sources d'infection. Ces verrues se présentent sous différentes formes morphologiques : les condolymata acuminata (très fréquentes) à la structure typique en chou-fleur ; les verrues papuleuses, kératosiques et maculo-papuleuse plates. La couleur varie du gris-blanc au rouge rosâtre. La contamination se fait principalement par voie sexuelle, mais le virus peut également être transmis par les doigts ou les essuies de patients contaminés. Une donnée particulièrement importante à communiquer : quand un enfant est contaminé, il ne s'agit pas automatiquement d'un possible abus sexuel comme on le pensait à l'époque. Le traitement repose sur l'application de la podophyllotoxine ou imiquimod crème 5 %. Cette dernière pourrait réduire le risque de récidive. Chlamydia Environ 70 à 90 % des infections à chlamydia trachomatis (CT) se déroulent sans la moindre plainte. Les infections CT du col de l'utérus ou de l'urètre sont de préférence traitées au moyen d'une dose unique d'azithromycine (2x500 mg par voie orale en une fois). Une cure de doxycycline (2 x 100 mg/jour pendant 7 jours) est également proposée comme alternative et dans les cas d'infections anales.