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Actuellement, on estime qu'un adulte inhale ou ingère en moyenne entre 39.000 et 52.000 particules de plastique par an, soit 5g par semaine ou l'équivalent d'une carte de crédit. Or, des études in vitro ont montré que les micro- et nanoplastiques ont des effets toxiques, ils favorisent le stress oxydatif, l'inflammation et l'apoptose des cellules endothéliales et d'autres cellules vasculaires.Des études précliniques suggèrent également des effets délétères sur le système cardiovasculaire (altération du rythme et de la fonction cardiaque, fibrose myocardique, dysfonctionnement endothélial). Mais on manquait de données cliniques, c'est aujourd'hui chose faite. Une équipe italienne a en effet mené une étude prospective, multicentrique et observationnelle auprès de patients ayant subi une intervention chirurgicale programmée de la carotide interne (endartériectomie) pour retirer une plaque d'athérome obstructive à risque.Les échantillons de plaque carotidienne excisée ont été analysés pour détecter la présence de microplastiques et les nanoplastiques (MNP) par pyrolyse-chromatographie en phase gazeuse-spectrométrie de masse, analyse des isotopes stables et microscopie électronique. Les biomarqueurs inflammatoires ont été évalués par dosage immunoenzymatique et immunohistochimique. Le critère d'évaluation principal était un composite d'infarctus du myocarde, d'accident vasculaire cérébral ou de décès toutes causes confondues chez les patients qui présentaient des signes de présence de MNP dans la plaque par rapport aux patients dont la plaque n'en contenait pas.Résultats?Au total, 304 patients ont été inclus dans l'étude, et 257 ont effectué un suivi moyen de 34 mois. Le polyéthylène (PE), plastique le plus utilisé dans le monde, a été détecté dans les plaques d'athérome carotidien de 60% de ces patients. Du polychlorure de vinyle (PVC) a également été retrouvé chez 12,1% des patients. La microscopie électronique a révélé des particules étrangères visibles, à bords déchiquetés, parmi les macrophages de la plaque et dispersées dans les débris externes. L'examen radiographique a montré que certaines de ces particules contenaient du chlore. "Dans cette étude, les patients présentant une plaque d'artère carotide dans laquelle des microplastiques et des nanoplastiques ont été détectés présentaient un risque plus élevé d'évènements cardiovasculaires (infarctus du myocarde, AVC, risque multiplié par 4,5) ou de décès toutes causes confondues après 34 mois de suivi que ceux chez qui les MNP n'avaient pas été détectées", concluent les auteurs de cette étude parue dans le NEJM.