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En Belgique, toute délivrance ou réception de stupéfiants et de psychotropes doit être signalée à l'AFMPS (Agence fédérale des médicaments et des produits de santé). L'AFMPS est l'autorité fédérale compétente en la matière. C'est elle qui délivre une autorisation aux personnes exerçant des activités légales impliquant des stupéfiants ou des psychotropes et qui rend des comptes en la matière aux Nations unies. Avant le 1er septembre 2023, la livraison et la réception de stupéfiants et de psychotropes s'effectuait avec des bons de stupéfiants en papier. Un bon de stupéfiant est en fait un bon de commande. Le pharmacien devait le remplir, le dater et le signer avant de l'envoyer au grossiste/distributeur. Celui-ci indiquait la date de livraison sur le bon, le signait et l'envoyait avec la commande. Il s'agissait d'une procédure administrative lourde, commente Philippe De Buck, chef de division Autorisations de l'AFMPS. Il arrivait que le grossiste oublie de remplir le bon. "En plus, retirer des informations pertinentes de ces bons représentait pour nous un travail considérable. Pour vous donner une idée de l'ampleur de la tâche, on remplissait 600.000 bons par an dans notre pays, jusqu'il y a peu." La numérisation de la procédure s'imposait, d'autant plus que l'ancienne méthode impliquait aussi l'achat et l'utilisation de papier carbone. "Nous avons simplifié la procédure administrative et avons même franchi un pas supplémentaire", précise Philippe De Buck. "Un système numérique allait requérir des signatures digitales, un processus complexe, qui aurait été moins facile à utiliser.""Nous avons donc remplacé le bon de commande tout court par un devoir de notification à l'AFMPS, pour chaque achat ou vente de stupéfiants et de psychotropes. Le pharmacien et le grossiste/distributeur indiquent la nature de la substance et sa quantité, la date et l'identité du destinataire via l'application narcoreg.be. L'AFMPS conserve donc une vue d'ensemble sur les commandes de stupéfiants et de psychotropes, tout en étant délivrée du poids que représentaient les bons en papier."Par ailleurs, la quantité habituelle de stupéfiants et de psychotropes anormaux commercialisés en Belgique est minime, précise Philippe De Buck. "Il peut s'agir d'une problématique d'assuétude. Le système nous permet alors de détecter cette situation et de vérifier s'il y a réellement un problème ou s'il y a une explication logique à cet écart."On peut utiliser le nouveau système à trois vitesses, poursuit Philippe De Buck. "La première est une interface digitale sur lequel le pharmacien ou le distributeur s'enregistre avec son eID avant d'indiquer ce qu'il a acheté ou vendu. C'est une bonne solution pour ceux qui ont un volume restreint.""La deuxième vitesse utilise également une interface digitale mais au lieu d'encoder chaque transaction séparément, on peut télécharger un fichier CSV généré par le logiciel du pharmacien ou du grossiste. Cette solution pourrait par exemple être utilisée par les pharmacies hospitalières."Enfin, la troisième implique une intégration complète. Les logiciels des parties concernées savent comment et quand ils doivent entrer en communication. "Un grossiste ou un pharmacien qui enregistre un achat dans son propre logiciel n'est plus contraint d'effectuer d'autres démarches", détaille Philippe De Buck. "Les personnes qui effectuent de nombreuses transactions, comme les distributeurs, comprendront rapidement qu'ils ont intérêt à adapter leur ensemble de logiciels. Ces prologiciels traitent automatiquement les commandes des officines. Il est donc logique qu'une intégration complète de Narcoreg dans ces systèmes soit beaucoup plus efficace que le maintien d'étapes manuelles."Philippe De Buck pense que la majorité des pharmaciens va d'abord opter pour la première ou la deuxième vitesse, la communication automatique (la troisième vitesse) requérant une adaptation des logiciels. "Nous espérons que les fournisseurs de logiciels pharmaceutiques recevront suffisamment de demandes pour placer cet aspect en tête de liste de leurs priorités."