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Tenir une pharmacie ne semble plus faire rêver. Comme les autres professions de santé, les pharmaciens accusent un manque d'attractivité. Le groupe de l'APB qui réfléchit à cette problématique vient d'être divisé en 4 sous-groupes qui s'intéressent spécifiquement aux jeunes avant l'université, aux étudiants en pharmacie, aux jeunes diplômés, et enfin, aux pharmaciens qui exercent depuis quelques années. " Le premier groupe s'intéresse aux jeunes avant qu'ils n'entrent à l'université, explique Nicolas Echement, secrétaire général de l'APB. Comment les sensibiliser au métier de pharmacien, comment faire pour qu'il les attire? On vise les 5 et 6e années du secondaire, mais les pistes de réflexion vont aussi vers ce qui pourrait être fait en primaire. Il s'agirait alors de sensibiliser les enfants aux professions du soin en général, leur expliquer un peu les métiers de la santé qui sont en train d'évoluer et les sortir des a priori. L'idée serait de proposer du matériel aux instituteurs pour faire via un jeu, pendant une heure ou une après-midi, une sensibilisation aux métiers de la santé: infirmiers, médecins, pharmaciens, etc. " Le deuxième vise les étudiants en faculté de Pharmacie, il travaille sur l'attractivité du métier et plus particulièrement sur celui de pharmacien d'officine, en collaboration avec les universités. Le troisième est consacré aux jeunes diplômés en pharmacie. " Ici, on a identifié un problème qui concerne les étudiants en stage: il y aurait un décalage entre l'image qu'ils se font du métier de pharmacien à l'université et la réalité des faits rencontrée pendant les stages. Ce problème me paraît important à investiguer. Pour ce groupe, on a un bon retour de toutes les universités qui sont bien conscientes du problème. C'est d'ailleurs elles qui nous ont permis de mettre le doigt sur ce décalage entre la vision à l'université et la vision pratique en stage. " " Il est clair qu'on va devoir travailler en partenariat avec les universités. On doit maintenant identifier d'où vient ce décalage: est-ce que c'est l'image que donne l'université, ou est-ce que c'est lié au métier actuel de pharmacien qui est quand même devenu très prenant, qui est en train de se transformer avec les nouveaux services qu'on propose? Tout cela demande une forme d'adaptation que nos membres n'ont peut-être pas encore réussi à mettre en place... ", souligne-t-il. Dans cette optique, l'idée serait de calmer le jeu pour le moment. " On ne souhaite pas développer de nouveaux services dans l'année à venir, mais plutôt d'ancrer, de stabiliser ce qui a déjà été développé, de refaire la promotion du pharmacien de référence et d'identifier les besoins par rapport à ce service précis, de ne pas en faire juste une formalité mais vraiment un acte de soin pharmaceutique en soi qui apporte quelque chose au patient. " Notons toutefois que l'arrivée du BUM BPCO est toujours prévue pour le 4e trimestre 2023. Enfin, le quatrième groupe se penche sur les premières années d'exercice professionnel. " C'est intéressant parce que c'est une vision globale: nous avons constaté qu'après 5-6 ans, certains quittaient la pharmacie et changeaient d'orientation. Il s'agit donc de faire en sorte que le métier de pharmacien reste attractif pour les personnes qui ont déjà exercé. C'est un travail sur le long terme. " Les groupes commencent à se réunir et ils mettront en commun leurs premières réflexions en ce mois de mai. " Il y a beaucoup de pistes envisagées, nous allons essayer de mettre en place une stratégie la plus large possible, précise Nicolas Echement. C'est pour ça qu'on a fait 4 groupes, pour avoir un maximum d'idées pour rendre les métiers du soin plus attractifs parce que les pénuries de personnel ne concernent pas que les pharmaciens mais tous les professionnels de santé. " L'idée est d'inviter ensuite des experts qui auront été identifiés dans les différents groupes de travail. " Par exemple, dans le groupe primaire et secondaire, des représentants de l'enseignement et des gens qui ont l'habitude de mettre en place des animations ou de créer des jeux de sociétés pour les enfants. Ce n'est pas notre public, on donne des idées et on doit trouver des partenaires pour les développer. " Quant au timing, il n'est pas à proprement parler bien défini: " En fait, au départ, on avait du mal à identifier les problèmes, constate-t-il. On sait qu'il y a de moins en moins de pharmaciens disponibles sur le marché mais on ne sait pas exactement d'où ça vient. Au niveau des universités, il semble toujours y avoir autant de pharmaciens qualifiés d'officine qui sortent. " Une situation bien différente de celle de la France qui connaît une pénurie de candidats pharmaciens depuis quelques années déjà. Et la situation ne fait qu'empirer: à la rentrée universitaire 2022, 1.100 places sont restées vides en faculté de Pharmacie, soit 27% sur l'ensemble du territoire français. Ces chiffres n'ont pas manqué d'alerter les professionnels du secteur. Ainsi depuis décembre, l'Ordre national des pharmaciens travaille activement sur le sujet, notamment sur l'amélioration de l'accès aux études de santé et en particulier de pharmacie, et aussi sur une campagne de communication pour faire connaître les missions de santé publique des pharmaciens, sur l'identification d'outils pour faire des pharmaciens des ambassadeurs de leur profession, sur l'évolution de la démographie (vieillissement de la population, recrudescence des maladies chroniques...) et sur les conditions d'exercice des pharmaciens hors UE. Trouver des solutions à cette problématique s'avère complexe et il convient de s'y atteler sans attendre si l'on veut continuer à garantir un accès large aux produits de santé pour tous.